Qu'on se le dise : la sorcellerie africaine a débarqué à Alger. Ses animateurs ne sont pas des vieillards ou de vieilles femmes rompus aux rites ésotériques faisant intervenir le vaudou ou d'autres pratiques que le cinéma et la rumeur ont rendus célèbres. Elle est, plutôt, l'œuvre de jeunes Africains espiègles pour qui la prestidigitation et l'illusion n'ont pas de secrets. Leurs tours de passe-passe, cependant, ne peuvent réussir que s'ils ont en face d'eux des sujets crédules ou aveuglés par la cupidité. Un commerçant d'El Harrach a eu affaire à eux et il s'en souviendra certainement toute sa vie. Qu'on se le dise : la sorcellerie africaine a débarqué à Alger. Ses animateurs ne sont pas des vieillards ou de vieilles femmes rompus aux rites ésotériques faisant intervenir le vaudou ou d'autres pratiques que le cinéma et la rumeur ont rendus célèbres. Elle est, plutôt, l'œuvre de jeunes Africains espiègles pour qui la prestidigitation et l'illusion n'ont pas de secrets. Leurs tours de passe-passe, cependant, ne peuvent réussir que s'ils ont en face d'eux des sujets crédules ou aveuglés par la cupidité. Un commerçant d'El Harrach a eu affaire à eux et il s'en souviendra certainement toute sa vie. Rachid, la quarantaine à peine entamée, était, en ce début du mois d'octobre, chez lui, dans sa villa de Beaulieu, à El Harrach, quand deux de ses amis, Ahmed et Youcef étaient venus l'appeler. Il sortit et se rendit compte qu'ils étaient venus en compagnie d'un Malien. Ahmed expliqua à Rachid qu'ils avaient ramené leur ami «africain» parce qu'il avait quelque chose de très important à lui proposer. Rachid s'énerva : - Ahmed, Youcef, vous êtes de sacrés numéros ! Je vous ai demandé de me trouver un acheteur pour ma voiture et vous me ramenez un Africain. Je n'ai pas de temps à perdre. Qu'est-ce qu'il va me proposer ? - Pas de jugement hâtif…Ecoute-le d'abord - Ah ! vraiment ! Alors, je l'écoute. Le malien parla : - Je viens en ami. Dès que j'ai entendu mes deux amis dire à des gens qu'ils connaissaient quelqu'un qui voulait vendre une voiture, je n'ai pu m'empêcher de leur en demander la raison et ils m'ont répondu que c'était parce qu'il avait besoin d'argent. Alors, j'ai eu mal au cœur parce que je me suis dit : «Voilà quelqu'un qui a une voiture et qui en a certainement besoin mais qui est obligé de s'en débarrasser. Je ne te connais pas mon frère mais j'ai eu pitié de toi ! Alors j'ai dit à mes amis qu'il fallait t'aider ? - Mais qui vous a dit que je voulais vendre ma voiture parce que j'avais besoin d'argent ? Je voulais la vendre pour acheter une autre qui consomme moins d'essence, c'est tout. - Ah ! J'ai mal compris alors… De toutes les manières, moi, je voulais vous proposer quelque chose qui vous permettra de garder votre voiture tout en ayant la possibilité de gagner beaucoup d'argent. Rachid qui n'avait pas le cœur à plaisanter, adressa à ses deux amis un regard lourd de reproche et le Malien ajouta : - Je crois que votre ami est du genre à ne croire que ce qu'il voit. - Oui, firent Ahmed et Youcef en même temps. Le Malien se tourna vers Ahmed et Youcef : - Alors, les gars qu'est-ce qu'on fait ? On lui en parle ou on lui montre ? - Il faut lui montrer, répondit Youcef. Rachid c'est quelqu'un qui ne croit que ce qu'il voit ; tu viens toi-même de le dire ! - D'accord…mais on ne va pas faire ça, ici. Pas dans la rue … C'est dangereux - Tu as raison… Ahmed demanda alors à Rachid : - Il n'y a pas un endroit tranquille où l'on peut te montrer quelque chose de très important ? - Oh ! Ahmed, Youcef, c'est quoi encore cette plaisanterie ? - Ce n'est pas une plaisanterie, Rachid. Je te prie de nous croire, répondit Youcef. C'est quelque chose qui va bouleverser ta vie de manière incroyable si tu acceptes de voir ce que notre ami malien veut te montrer. - Très bien, entrons … - Oh ! Non…il est inutile qu'on monte chez vous, intervint le Malien. La cour de la villa fera l'affaire si personne ne peut nous voir à partir d'un des balcons des immeubles environnants. - Mais c'est quoi tous ces mystères ?, s'exclama Rachid. Qu'allez-vous me montrer de si grave au point de prendre toutes ces précautions ? - On ne va rien te dire, lui répondit Ahmed. Il faut que tu voies de tes propres yeux. - D'accord. Les quatre hommes entrèrent dans la cour de la villa. Le Malien leva la tête et vit des balcons. - Hum…Je pense que nous ne risquons rien dans ce coin loin bas…Je veux dire que nous ne risquons pas d'être vus…Nous y serons bien. Et en plus, il y a une table de jardin et quatre chaises ! Incroyable. C'est comme si elles nous attendaient. Ah !, monsieur Rachid, j'aurai besoin d'une assiette plate… - Une assiette plate ? D'accord…Je vais en ramener une. Une fois l'assiette ramenée et posée sur la table, le Malien sortit dus cabas qu'il portait en bandoulière deux bouteilles en verre contenant un liquide dont la couleur avait l'air de changer selon l'angle d'où on le regarde. Il était tantôt bleu, tantôt vert et tantôt un mélange des deux. Il déversa un peu du contenu d'une des bouteilles dans l'assiette. - Il en faut juste un tout petit peu, l'équivalent de deux cuillères à soupe environ… Chaque deux cuillères peuvent être utilisées cent fois, mais ce n'est pas une raison pour gaspiller ce précieux liquide sur les origines duquel je dirai quelques mots tout à l'heure si la démonstration vous satisfait, M.Rachid.. - D'accord… Le jeune Malien prit ensuite d'un cahier une feuille blanche rectangulaire. - M. Rachid, à quoi vous fait penser ce bout de papier, demanda le Malien ? - Je ne sais pas…Il a la forme d'un billet de banque ? - Exact… - Oh ! Vous savez, e ne suis pas un génie, j'ai deviné parce que depuis quelques jours, je ne pense qu'à mon problème d'argent alors je vois des billets partout. - Et vous allez en voir de toutes les couleurs, M.Rachid… Mais s'il vous plaît, gardez votre calme. Vous allez voir quelque chose d'incroyable, ne criez surtout pas…Il ne faut pas attirer l'attention du voisinage…Il ne faut surtout pas que votre femme sache ce que nous faisons. - Il n'y a aucun risque, elle est partie chez ses parents avec les enfants… - Ah ! C'est parfait ! Alors regardez bien et maîtrisez vos émotions. La Malien posa délicatement la feuille blanche sur le liquide et à mesure que le liquide l'imprégnait on voyait s'afficher des couleurs, des motifs et des écritures. - Attention, c'est très délicat…Il ne faut pas que la feuille reste plus de temps qu'il n'en fait sinon elle devient noire comme si elle avait brûlé. Rachid se tint la tête. - Mais qu'est-ce que je vois ? La feuille blanche… est devenue… est devenue… - Elle est devenue un billet de 10 euros ! Mais attention ce n'est pas fini. Il faut sécher ce billet avec un sèche-cheveux. - Ya yemmat yemmakoum ! s'écria Rachid. C'est quoi ce truc ? - Ce truc, mon ami, c'est la science africaine. Certains, pour la dévaloriser, l'appellent sorcellerie. Les autres utilisent un scanner, une imprimante-couleurs-laser…mais n'importe quel imbécile, du premier coup d'œil, découvre qu'il s'agit d'un billet qui n'est pas sorti d'une banque. Là, il s'agit d'un billet vrai ! plus vrai que le vrai ! Rachid commença à suer. Il demanda : - Il est possible de fabriquer d'autres billets ? - Bien sûr…On va tenter le billet de 500 euros ? - Oui…500 euros ! Cela c'est une somme ! Va pour le billet de 500 euros ! - Là, il faudra l'autre bouteille. Et il me faut aussi une autre assiette… - Ah ! oui, je ramènerai tout ce que vous voulez ! Une assiette, une marmite, une casserole, l'essentiel est que vous arriviez à nous faire apparaître un billet de 500 euros ! Quelques instants plus tard, la même opération fut renouvelée et un billet de 500 euros apparut à la place d'une feuille de papier d'un blanc immaculé sous le regard consterné et ébahi de Rachid. K. A. ( À suivre…) Rachid, la quarantaine à peine entamée, était, en ce début du mois d'octobre, chez lui, dans sa villa de Beaulieu, à El Harrach, quand deux de ses amis, Ahmed et Youcef étaient venus l'appeler. Il sortit et se rendit compte qu'ils étaient venus en compagnie d'un Malien. Ahmed expliqua à Rachid qu'ils avaient ramené leur ami «africain» parce qu'il avait quelque chose de très important à lui proposer. Rachid s'énerva : - Ahmed, Youcef, vous êtes de sacrés numéros ! Je vous ai demandé de me trouver un acheteur pour ma voiture et vous me ramenez un Africain. Je n'ai pas de temps à perdre. Qu'est-ce qu'il va me proposer ? - Pas de jugement hâtif…Ecoute-le d'abord - Ah ! vraiment ! Alors, je l'écoute. Le malien parla : - Je viens en ami. Dès que j'ai entendu mes deux amis dire à des gens qu'ils connaissaient quelqu'un qui voulait vendre une voiture, je n'ai pu m'empêcher de leur en demander la raison et ils m'ont répondu que c'était parce qu'il avait besoin d'argent. Alors, j'ai eu mal au cœur parce que je me suis dit : «Voilà quelqu'un qui a une voiture et qui en a certainement besoin mais qui est obligé de s'en débarrasser. Je ne te connais pas mon frère mais j'ai eu pitié de toi ! Alors j'ai dit à mes amis qu'il fallait t'aider ? - Mais qui vous a dit que je voulais vendre ma voiture parce que j'avais besoin d'argent ? Je voulais la vendre pour acheter une autre qui consomme moins d'essence, c'est tout. - Ah ! J'ai mal compris alors… De toutes les manières, moi, je voulais vous proposer quelque chose qui vous permettra de garder votre voiture tout en ayant la possibilité de gagner beaucoup d'argent. Rachid qui n'avait pas le cœur à plaisanter, adressa à ses deux amis un regard lourd de reproche et le Malien ajouta : - Je crois que votre ami est du genre à ne croire que ce qu'il voit. - Oui, firent Ahmed et Youcef en même temps. Le Malien se tourna vers Ahmed et Youcef : - Alors, les gars qu'est-ce qu'on fait ? On lui en parle ou on lui montre ? - Il faut lui montrer, répondit Youcef. Rachid c'est quelqu'un qui ne croit que ce qu'il voit ; tu viens toi-même de le dire ! - D'accord…mais on ne va pas faire ça, ici. Pas dans la rue … C'est dangereux - Tu as raison… Ahmed demanda alors à Rachid : - Il n'y a pas un endroit tranquille où l'on peut te montrer quelque chose de très important ? - Oh ! Ahmed, Youcef, c'est quoi encore cette plaisanterie ? - Ce n'est pas une plaisanterie, Rachid. Je te prie de nous croire, répondit Youcef. C'est quelque chose qui va bouleverser ta vie de manière incroyable si tu acceptes de voir ce que notre ami malien veut te montrer. - Très bien, entrons … - Oh ! Non…il est inutile qu'on monte chez vous, intervint le Malien. La cour de la villa fera l'affaire si personne ne peut nous voir à partir d'un des balcons des immeubles environnants. - Mais c'est quoi tous ces mystères ?, s'exclama Rachid. Qu'allez-vous me montrer de si grave au point de prendre toutes ces précautions ? - On ne va rien te dire, lui répondit Ahmed. Il faut que tu voies de tes propres yeux. - D'accord. Les quatre hommes entrèrent dans la cour de la villa. Le Malien leva la tête et vit des balcons. - Hum…Je pense que nous ne risquons rien dans ce coin loin bas…Je veux dire que nous ne risquons pas d'être vus…Nous y serons bien. Et en plus, il y a une table de jardin et quatre chaises ! Incroyable. C'est comme si elles nous attendaient. Ah !, monsieur Rachid, j'aurai besoin d'une assiette plate… - Une assiette plate ? D'accord…Je vais en ramener une. Une fois l'assiette ramenée et posée sur la table, le Malien sortit dus cabas qu'il portait en bandoulière deux bouteilles en verre contenant un liquide dont la couleur avait l'air de changer selon l'angle d'où on le regarde. Il était tantôt bleu, tantôt vert et tantôt un mélange des deux. Il déversa un peu du contenu d'une des bouteilles dans l'assiette. - Il en faut juste un tout petit peu, l'équivalent de deux cuillères à soupe environ… Chaque deux cuillères peuvent être utilisées cent fois, mais ce n'est pas une raison pour gaspiller ce précieux liquide sur les origines duquel je dirai quelques mots tout à l'heure si la démonstration vous satisfait, M.Rachid.. - D'accord… Le jeune Malien prit ensuite d'un cahier une feuille blanche rectangulaire. - M. Rachid, à quoi vous fait penser ce bout de papier, demanda le Malien ? - Je ne sais pas…Il a la forme d'un billet de banque ? - Exact… - Oh ! Vous savez, e ne suis pas un génie, j'ai deviné parce que depuis quelques jours, je ne pense qu'à mon problème d'argent alors je vois des billets partout. - Et vous allez en voir de toutes les couleurs, M.Rachid… Mais s'il vous plaît, gardez votre calme. Vous allez voir quelque chose d'incroyable, ne criez surtout pas…Il ne faut pas attirer l'attention du voisinage…Il ne faut surtout pas que votre femme sache ce que nous faisons. - Il n'y a aucun risque, elle est partie chez ses parents avec les enfants… - Ah ! C'est parfait ! Alors regardez bien et maîtrisez vos émotions. La Malien posa délicatement la feuille blanche sur le liquide et à mesure que le liquide l'imprégnait on voyait s'afficher des couleurs, des motifs et des écritures. - Attention, c'est très délicat…Il ne faut pas que la feuille reste plus de temps qu'il n'en fait sinon elle devient noire comme si elle avait brûlé. Rachid se tint la tête. - Mais qu'est-ce que je vois ? La feuille blanche… est devenue… est devenue… - Elle est devenue un billet de 10 euros ! Mais attention ce n'est pas fini. Il faut sécher ce billet avec un sèche-cheveux. - Ya yemmat yemmakoum ! s'écria Rachid. C'est quoi ce truc ? - Ce truc, mon ami, c'est la science africaine. Certains, pour la dévaloriser, l'appellent sorcellerie. Les autres utilisent un scanner, une imprimante-couleurs-laser…mais n'importe quel imbécile, du premier coup d'œil, découvre qu'il s'agit d'un billet qui n'est pas sorti d'une banque. Là, il s'agit d'un billet vrai ! plus vrai que le vrai ! Rachid commença à suer. Il demanda : - Il est possible de fabriquer d'autres billets ? - Bien sûr…On va tenter le billet de 500 euros ? - Oui…500 euros ! Cela c'est une somme ! Va pour le billet de 500 euros ! - Là, il faudra l'autre bouteille. Et il me faut aussi une autre assiette… - Ah ! oui, je ramènerai tout ce que vous voulez ! Une assiette, une marmite, une casserole, l'essentiel est que vous arriviez à nous faire apparaître un billet de 500 euros ! Quelques instants plus tard, la même opération fut renouvelée et un billet de 500 euros apparut à la place d'une feuille de papier d'un blanc immaculé sous le regard consterné et ébahi de Rachid. K. A. ( À suivre…)