Ayen bghigh machi… «Ayen bghigh machii dawal, mi tenni yeddem-it wau… Ce sont les deux premiers vers d'un poème qui, tel un hymne à la liberté, était déclamé par les étudiants qui suivaient le cours de berbère de Mouloud Mammeri au début des années 1970, à l'université d'Alger. J'avais appris l'ode, texte court et incisif de quatre strophes, avant de connaître l'auteur. Un jour, attendant M. Mammeri devant l'amphithéâtre de la faculté des lettres, un camarade me montra un individu resté à l'écart de notre groupe en pleine discussion : l'auteur de mon poème. Il me le nomma aussi, Abdellah Mohia. C'était vers la fin de l'année 1971. Les présentations ne furent pas faites ce jour-là, je me contentai de dévisager, du coin de l'œil, l'étudiant-poète qu'on surnommera plus tard Mu?end U Ye?ya. Je m'attendais à voir un visage buriné par les années, je découvris un jeune homme à peine sorti de l'adolescence mais d'apparence taciturne et introvertie. Son regard semblait se détacher de l'environnement immédiat et trahissait un profond bouillonnement intérieur.» Saïd Doumane De Merde à Vauban à Ah ya ddin qessam ! «Bon nombre de témoignages de personnes qui ont fréquenté Mohia soulignent la singularité du personnage. Son œuvre peut encore mieux en témoigner. La littérature berbère n'a jamais connu d'auteur plus prolifique ! La profondeur de cette œuvre invite à une investigation sérieuse. Si jusqu'ici, l'orientation de la majorité des études littéraires berbères est restée de type sociologique (lien du texte littéraire avec la société), il est grand temps que des études textuelles prennent le relais et investissent le travail de création. C'est à ce prix-là que nous pourrons évaluer l'apport des auteurs comme Mohia à la littérature berbère. Lorsqu'on écoute la version déclamée par Mohia du texte «Ah ya ddin qessam», ou chantée par Ferhat Imazighen ou par le groupe Ideflawen, on ne lui soupçonne guère une quelconque origine étrangère. Pourtant, à la source, il s'agit bien d'un texte poétique écrit par le poète français Pierre Seghers (1906-1987) et rendu célèbre par Léo Ferré. C'est dire que Abdellah Mohia a très bien réussi son adaptation en kabyle.» Amar Ameziane Ayen bghigh machi… «Ayen bghigh machii dawal, mi tenni yeddem-it wau… Ce sont les deux premiers vers d'un poème qui, tel un hymne à la liberté, était déclamé par les étudiants qui suivaient le cours de berbère de Mouloud Mammeri au début des années 1970, à l'université d'Alger. J'avais appris l'ode, texte court et incisif de quatre strophes, avant de connaître l'auteur. Un jour, attendant M. Mammeri devant l'amphithéâtre de la faculté des lettres, un camarade me montra un individu resté à l'écart de notre groupe en pleine discussion : l'auteur de mon poème. Il me le nomma aussi, Abdellah Mohia. C'était vers la fin de l'année 1971. Les présentations ne furent pas faites ce jour-là, je me contentai de dévisager, du coin de l'œil, l'étudiant-poète qu'on surnommera plus tard Mu?end U Ye?ya. Je m'attendais à voir un visage buriné par les années, je découvris un jeune homme à peine sorti de l'adolescence mais d'apparence taciturne et introvertie. Son regard semblait se détacher de l'environnement immédiat et trahissait un profond bouillonnement intérieur.» Saïd Doumane De Merde à Vauban à Ah ya ddin qessam ! «Bon nombre de témoignages de personnes qui ont fréquenté Mohia soulignent la singularité du personnage. Son œuvre peut encore mieux en témoigner. La littérature berbère n'a jamais connu d'auteur plus prolifique ! La profondeur de cette œuvre invite à une investigation sérieuse. Si jusqu'ici, l'orientation de la majorité des études littéraires berbères est restée de type sociologique (lien du texte littéraire avec la société), il est grand temps que des études textuelles prennent le relais et investissent le travail de création. C'est à ce prix-là que nous pourrons évaluer l'apport des auteurs comme Mohia à la littérature berbère. Lorsqu'on écoute la version déclamée par Mohia du texte «Ah ya ddin qessam», ou chantée par Ferhat Imazighen ou par le groupe Ideflawen, on ne lui soupçonne guère une quelconque origine étrangère. Pourtant, à la source, il s'agit bien d'un texte poétique écrit par le poète français Pierre Seghers (1906-1987) et rendu célèbre par Léo Ferré. C'est dire que Abdellah Mohia a très bien réussi son adaptation en kabyle.» Amar Ameziane