Comme chaque année, la wilaya de Tizi Ouzou s'apprête à commémorer l'anniversaire de la disparition de l'écrivain Mouloud Mammeri. Le 26 février de chaque année est devenu l'occasion de rendre hommage à l'écrivain le plus prolifique et l'un des plus talentueux de la région. Que ce soit au niveau de l'espace culturel qui porte son nom au niveau de sa région natale, Ath Yenni ou bien à la Maison de la culture de Tizi Ouzou ou encore un peu partout dans la région, des activités, souvent folkloriques mais organisées avec un élan sincère et une volonté de bien faire, viendront ponctuer cette date. Mouloud Mammeri est considéré comme étant le symbole de la culture berbère. Il est à l'écriture ce que Matoub Lounès est à la chanson et à la poésie, de l'avis de la majorité. Plusieurs édifices publics portent son nom à l'image de la Maison de la culture de la capitale du Djurdjura et l'université de la même ville. Mouloud Mammeri, en plus d'être l'auteur des quatre parmi les plus beaux romans écrits par un Algérien, a réalisé des travaux de recherche dont la valeur et l'apport à la culture berbère est incommensurable. C'est grâce à lui que la poésie de Si Mohand Ou Mhend a pu être sauvegardée après un premier travail effectué par Boulifa et Mouloud Feraoun. Mouloud Mammeri a apporté un plus puisque la transcription des textes en kabyle a bénéficié d'un réaménagement, suite à l'élaboration par celui-ci de la première grammaire berbère. Mouloud Mammeri a enseigné tamazight à des étudiants à Alger à l'époque du parti unique. Sa chaire fut supprimée par crainte que l'enseignement du berbère ne fasse l'effet boule de neige. Cette mesure, loin de faire renoncer Mouloud Mammeri, l'encouraga à s'investir sur un autre terrain, celui de la recherche dans le domaine amazigh et de l'anthropologie. Mouloud Mammeri produisait la première grammaire amazighe. Il publia des livres très sérieux dans lesquels sont récoltés les poèmes kabyles, accompagnés d'une traduction rigoureuse et d' analyses universitaires de haute facture. Si Mohand Ou Mhend, Cheikh Mohand ou Lhocine, Youcef Oukaci et d'autres ciseleurs du verbe ont été déterrés par Mammeri. Ce dernier a écrit quatre romans: La colline oubliée, L'opium et le bâton, La traversée et Le sommeil du juste. L'Opium et le bâton a été adapté au cinéma ainsi que La colline oubliée, réalisé entièrement en kabyle. Mouloud Mammeri, suite à la sortie de son livre Poèmes kabyles anciens se rendait à Tizi Ouzou en 1980 afin d'animer une conférence-débat, suite à l'invitation d'un collectif d'étudiants. Arrivé à Draâ Ben Khedda, il fut interpellé par les services de sécurité qui lui signifirent l'interdiction de sa communication. C'était le premier jour du Printemps berbère.