Plus de 150 ans après la publication de L'origine des espèces par Charles Darwin, les biologistes ne comprennent toujours pas vraiment le processus par lequel les espèces se séparent les unes des autres. En étudiant, en Birmanie et en Thaïlande, deux populations distinctes de chauves-souris bourdon qui sont en train de diverger, une équipe internationale à laquelle participe un chercheur de l'unité Ecosystèmes, biodiversité, évolution - Ecobio (CNRS/Université de Rennes-1) a pu démêler certains des mécanismes de la spéciation. Son étude a été publiée dans Nature Communications. Les biologistes estiment que la manière dont les animaux perçoivent leur environnement et interagissent avec lui, ce que les spécialistes appellent l'écologie sensorielle, joue un rôle majeur dans les processus de spéciation. En effet, si, au sein d'une même espèce, les signaux qu'envoie une population sont modifiés et ne sont plus reconnus par une autre population, ces deux groupes ne se mélangeront plus. Cependant, même dans les exemples les mieux connus de spéciation entraînée par l'écologie sensorielle, les scientifiques ne savent pas bien si les changements de ces signaux sont la cause ou la conséquence de la réduction des échanges génétiques entre les populations. Ce flou est essentiellement dû au fait que, dans ces recherches, on adopte en général une approche rétrospective, une fois que la spéciation a eu lieu. L'idéal serait donc de prendre une spéciation en cours de route et de voir comment les composantes écologiques, comportementales et génétiques interagissent pour que deux populations d'une même espèce finissent par former deux espèces différentes, incapables de se reproduire entre elles. C'est cette approche originale qu'ont adoptée les auteurs de l'étude, en suivant deux populations du plus petit mammifère du monde, la chauve-souris bourdon. Les chauves-souris sont d'excellents modèles pour ce genre d'études en raison de l'importance qu'occupe, dans leur vie, leur système d'écholocation qui leur permet de s'orienter, de communiquer et de trouver de la nourriture. Les deux populations de cette espèce asiatique, l'une en Birmanie, l'autre en Thaïlande, sont isolées l'une de l'autre et montrent des différences non pas dans leur morphologie mais dans la fréquence des ultrasons qu'elles envoient. En étudiant aussi bien les facteurs écologiques que génétiques, les chercheurs se sont aperçus que le processus de spéciation entre ces deux populations avait commencé il y a 400.000 ans. En focalisant leur attention sur les colonies qui forment la population thaïlandaise, ils ont montré que, plus que la divergence dans le mode d'écholocation, c'était avant tout la séparation géographique qui était le moteur de ce processus, en restreignant les échanges de gènes. Plus de 150 ans après la publication de L'origine des espèces par Charles Darwin, les biologistes ne comprennent toujours pas vraiment le processus par lequel les espèces se séparent les unes des autres. En étudiant, en Birmanie et en Thaïlande, deux populations distinctes de chauves-souris bourdon qui sont en train de diverger, une équipe internationale à laquelle participe un chercheur de l'unité Ecosystèmes, biodiversité, évolution - Ecobio (CNRS/Université de Rennes-1) a pu démêler certains des mécanismes de la spéciation. Son étude a été publiée dans Nature Communications. Les biologistes estiment que la manière dont les animaux perçoivent leur environnement et interagissent avec lui, ce que les spécialistes appellent l'écologie sensorielle, joue un rôle majeur dans les processus de spéciation. En effet, si, au sein d'une même espèce, les signaux qu'envoie une population sont modifiés et ne sont plus reconnus par une autre population, ces deux groupes ne se mélangeront plus. Cependant, même dans les exemples les mieux connus de spéciation entraînée par l'écologie sensorielle, les scientifiques ne savent pas bien si les changements de ces signaux sont la cause ou la conséquence de la réduction des échanges génétiques entre les populations. Ce flou est essentiellement dû au fait que, dans ces recherches, on adopte en général une approche rétrospective, une fois que la spéciation a eu lieu. L'idéal serait donc de prendre une spéciation en cours de route et de voir comment les composantes écologiques, comportementales et génétiques interagissent pour que deux populations d'une même espèce finissent par former deux espèces différentes, incapables de se reproduire entre elles. C'est cette approche originale qu'ont adoptée les auteurs de l'étude, en suivant deux populations du plus petit mammifère du monde, la chauve-souris bourdon. Les chauves-souris sont d'excellents modèles pour ce genre d'études en raison de l'importance qu'occupe, dans leur vie, leur système d'écholocation qui leur permet de s'orienter, de communiquer et de trouver de la nourriture. Les deux populations de cette espèce asiatique, l'une en Birmanie, l'autre en Thaïlande, sont isolées l'une de l'autre et montrent des différences non pas dans leur morphologie mais dans la fréquence des ultrasons qu'elles envoient. En étudiant aussi bien les facteurs écologiques que génétiques, les chercheurs se sont aperçus que le processus de spéciation entre ces deux populations avait commencé il y a 400.000 ans. En focalisant leur attention sur les colonies qui forment la population thaïlandaise, ils ont montré que, plus que la divergence dans le mode d'écholocation, c'était avant tout la séparation géographique qui était le moteur de ce processus, en restreignant les échanges de gènes.