Jacques Simon est né le 1er avril 1933 à Palat (Mellakou) près de Tiaret, dans l'une des deux familles juives du village. La famille était implantée en Afrique du Nord depuis les temps les plus anciens. La branche paternelle originaire du Sud-marocain était imprégnée de traditions berbères de l'Atlas et du Sahara. Quant à la branche maternelle, celle des Teboul et des Medioni, installée dans la région de Frenda, elle fait partie de ces tribus berbères judaïsées dont parle Ibn Khaldoun. Au Moyen-Âge, la majorité de ces tribus s'était convertie à l'islam, une minorité restera attachée au judaïsme, tout en restant imprégnée des traditions du milieu berbère originel. Après des études secondaires en Algérie (Mascara, Alger), externe au lycée Bugeaud en 1951, il étudie les classiques du marxisme, participe aux meetings du PCA contre l'impérialisme américain, s'intéresse à l'Indochine, la Tunisie et fréquente aussi des militants du PPA-MTLD. En 1954, il se rend à Paris. Etudiant en Lettres (Sorbonne) et en Droit, il fréquente les étudiants communistes de l'UNEF et lors de deux meetings du PCF devant les usines Renault, il prend conscience que le prolétariat algérien constituait une force sociale cultivée, politisée et organisée. Il se rend désormais souvent au siège du MTLD à Paris, 22 rue Xavier Privat. Après le congrès de refondation du MTLD d'Hornu, en juillet 1954, il décide de retourner en Algérie, pour participer à la révolution algérienne, décidée par la direction messaliste, en décembre 1954. Après le 20 août 1955, on lui demande de revenir à Paris. De retour en France, il est instituteur suppléant, syndiqué au SNI et militant du PCI qui l'affecte à la cellule Renault.. En 1956, il milite activement, écrit des articles dans la Vérité, la Voix du peuple (MNA), Afrique Informations et Inter Afrique Presse (Claude Gérard). Il fréquente le cercle des surréalistes (entretiens avec André Breton, Benjamin Péret, Jean-Jacques Lebel..) la gauche socialiste et révolutionnaire (Marceau Pivert, Pierre Monatte, Daniel Guérin). Il participe à la manifestation massive du MNA contre les pouvoirs spéciaux, le 9 mars 1956 et connaît sa première arrestation. Après octobre 1956 (Suez, Budapest, Alger), membre suppléant du comité central du PCI, il est affecté comme Algérien à la construction de la Fédération de France du syndicat algérien (USTA), dirigé par Abdallah Filali et Ahmed Bekhat. Tout en restant au PCI, il participe à la construction de l'USTA et de la section algérienne de la IVème internationale. Responsable de la commission économique et sociale de l'USTA, il prépare des dossiers et rédige des articles dans la Voix du travailleur algérien. Il accorde une grande place au travail syndical dans le secteur de la métallurgie de la région parisienne, où se trouvent de remarquables cadres ouvriers. Il rédige plusieurs documents préparatoires au ler Congrès de la Fédération de France de l'USTA (la réforme agraire, l'industrialisation, le Sahara, les libertés démocratiques, le syndicalisme...) Dans le cadre de ce travail, il rencontre des dirigeants de l'Ecole Emancipée (Robert Cheramy, Pierre Broué, Letonturier), du Syndicat de l'enseignement de la région parisienne (SERP) dirigé par Paul Ruff, du SNI (Denis Forestier) et de la FEN (Georges Lauré). Il est arrêté à plusieurs reprises et emprisonné huit jours à la Santé. Il assure le secrétariat pendant le ler Congrès de l'USTA en juillet 1957 : 325 délégués représentant 25. 000 militants de toutes les villes de France. La répression massive de la police, l'hostilité active du PCF allié au FLN, ce dernier considéré par une large partie de la gauche et des medias comme le seul représentant de l'Algérie combattante, créent les conditions politiques qui permettent aux commandos du FLN d'assassiner la direction de l'USTA, de terroriser ses militants et de s'imposer à l'immigration. Incorporé au 19ème régiment du génie à Hussein Dey, il est affecté après le 13 mai 1958, comme interprète d'arabe, à la préparation des listes électorales pour le vote au collège unique de tous les Algériens (Européens et musulmans). En civil et à un poste privilégié, il écrit plusieurs articles pour ses camarades de France. En juillet 1958, il comparaît devant le tribunal militaire d'Alger pour atteinte à la sûreté du territoire. Défendu par Me Yves Dechezelles, venu de Paris, il est affecté dans une section spéciale au Sahara (Ben Zireg). En 1959, revenu en France il se marie à une Française et deux enfants naîtront de cette union. Après 1962, il reste en France, milite encore au PCI et au SNI (Ecole Emancipée). Pendant l'été 1963, il mène en Oranie, en Kabylie et dans l'Algérois, une enquête sur l'autogestion, l'UGTA et la situation générale. A son retour, il rédige deux gros articles, dont l'un : "Classes sociales et Etat en Algérie" (64 pages) publié dans la Vérité (1964) critique le régime de Ben Bella et annonce la prise du pouvoir par Boumediène. En 1972, à la demande de Mustapha Ben Mohamed, ancien dirigeant MNA d'Alger (actuellement député du Parti des travailleurs et doyen de l'Assemblée algérienne), il accepte de revenir au PCI pour diriger le Comité de Liaison des Trotskystes Algériens (CLTA), qu'il a cofondé avec lui. Il devient à la fois membre d'une cellule du PCI (la IVème Internationale en France) et d'une autre cellule du CLTA, dont il est un dirigeant élu par une conférence annuelle. Le travail algérien est décidé par la seule direction du CLTA, mais après discussion avec Pierre de Massot qui représente le PCI. Il sera élu à la direction du CLTA en France jusqu'au congrès de fondation de l'Organisation socialiste des travailleurs (OST), en 1980, dont il a rédigé le programme. L'OST deviendra ensuite le Parti des travailleurs avec un programme différent. Directeur du mensuel Tribune Algérienne et de la revue théorique l'Etincelle, il a impulsé et coordonné le travail du CLTA avec les sections ou groupes sympathisants du Maroc, de Tunisie et du Moyen-Orient (Palestine, Israël, Irak, Kurdistan et Iran). Il a animé plusieurs séminaires et dirigé une école de formation de cadres, tenu une trentaine de réunions publiques dans les universités (La Cité internationale, Antony, Vincennes). Il a également impulsé la création d'un syndicat étudiant algérien en France (ASEAF ) qui se liera à l'UNEF-ID. Pendant ces années, il a rédigé une dizaine de brochures de 80 à 150 pages, restées des manuscrits ou simplement ronéotypées. Dans le cadre de cette activité, il a rencontré le jeune étudiant Benjamin Stora, membre du comité central du PCI. Pendant de longues séances de travail et durant un an, il l'a, selon la dédicace écrite par B.Stora lui même «initié aux méandres de l'histoire intérieure de la résistance algérienne» (Messali Hadj, Ed. Le Sycomore,1982) livre envoyé à J.Simon lors de sa parution. En 1990, J. Simon considère qu'il est temps d'écrire sur l'histoire où il fut observateur et acteur. Pour prendre le recul indispensable, il retourne à l'université, passe un doctorat et devient historien. Il formera en 1995 une équipe, avec d'autres chercheurs dans le CREAC . Leurs travaux ont été publiés dans la revue Cirta de 1995 à 2002. Ils le sont maintenant dans les deux collections qu'il dirige : CREAC-Histoire et CREAC-Politique et Société, aux éditions l'Harmattan. http://www.simon-hist.com Jacques Simon est né le 1er avril 1933 à Palat (Mellakou) près de Tiaret, dans l'une des deux familles juives du village. La famille était implantée en Afrique du Nord depuis les temps les plus anciens. La branche paternelle originaire du Sud-marocain était imprégnée de traditions berbères de l'Atlas et du Sahara. Quant à la branche maternelle, celle des Teboul et des Medioni, installée dans la région de Frenda, elle fait partie de ces tribus berbères judaïsées dont parle Ibn Khaldoun. Au Moyen-Âge, la majorité de ces tribus s'était convertie à l'islam, une minorité restera attachée au judaïsme, tout en restant imprégnée des traditions du milieu berbère originel. Après des études secondaires en Algérie (Mascara, Alger), externe au lycée Bugeaud en 1951, il étudie les classiques du marxisme, participe aux meetings du PCA contre l'impérialisme américain, s'intéresse à l'Indochine, la Tunisie et fréquente aussi des militants du PPA-MTLD. En 1954, il se rend à Paris. Etudiant en Lettres (Sorbonne) et en Droit, il fréquente les étudiants communistes de l'UNEF et lors de deux meetings du PCF devant les usines Renault, il prend conscience que le prolétariat algérien constituait une force sociale cultivée, politisée et organisée. Il se rend désormais souvent au siège du MTLD à Paris, 22 rue Xavier Privat. Après le congrès de refondation du MTLD d'Hornu, en juillet 1954, il décide de retourner en Algérie, pour participer à la révolution algérienne, décidée par la direction messaliste, en décembre 1954. Après le 20 août 1955, on lui demande de revenir à Paris. De retour en France, il est instituteur suppléant, syndiqué au SNI et militant du PCI qui l'affecte à la cellule Renault.. En 1956, il milite activement, écrit des articles dans la Vérité, la Voix du peuple (MNA), Afrique Informations et Inter Afrique Presse (Claude Gérard). Il fréquente le cercle des surréalistes (entretiens avec André Breton, Benjamin Péret, Jean-Jacques Lebel..) la gauche socialiste et révolutionnaire (Marceau Pivert, Pierre Monatte, Daniel Guérin). Il participe à la manifestation massive du MNA contre les pouvoirs spéciaux, le 9 mars 1956 et connaît sa première arrestation. Après octobre 1956 (Suez, Budapest, Alger), membre suppléant du comité central du PCI, il est affecté comme Algérien à la construction de la Fédération de France du syndicat algérien (USTA), dirigé par Abdallah Filali et Ahmed Bekhat. Tout en restant au PCI, il participe à la construction de l'USTA et de la section algérienne de la IVème internationale. Responsable de la commission économique et sociale de l'USTA, il prépare des dossiers et rédige des articles dans la Voix du travailleur algérien. Il accorde une grande place au travail syndical dans le secteur de la métallurgie de la région parisienne, où se trouvent de remarquables cadres ouvriers. Il rédige plusieurs documents préparatoires au ler Congrès de la Fédération de France de l'USTA (la réforme agraire, l'industrialisation, le Sahara, les libertés démocratiques, le syndicalisme...) Dans le cadre de ce travail, il rencontre des dirigeants de l'Ecole Emancipée (Robert Cheramy, Pierre Broué, Letonturier), du Syndicat de l'enseignement de la région parisienne (SERP) dirigé par Paul Ruff, du SNI (Denis Forestier) et de la FEN (Georges Lauré). Il est arrêté à plusieurs reprises et emprisonné huit jours à la Santé. Il assure le secrétariat pendant le ler Congrès de l'USTA en juillet 1957 : 325 délégués représentant 25. 000 militants de toutes les villes de France. La répression massive de la police, l'hostilité active du PCF allié au FLN, ce dernier considéré par une large partie de la gauche et des medias comme le seul représentant de l'Algérie combattante, créent les conditions politiques qui permettent aux commandos du FLN d'assassiner la direction de l'USTA, de terroriser ses militants et de s'imposer à l'immigration. Incorporé au 19ème régiment du génie à Hussein Dey, il est affecté après le 13 mai 1958, comme interprète d'arabe, à la préparation des listes électorales pour le vote au collège unique de tous les Algériens (Européens et musulmans). En civil et à un poste privilégié, il écrit plusieurs articles pour ses camarades de France. En juillet 1958, il comparaît devant le tribunal militaire d'Alger pour atteinte à la sûreté du territoire. Défendu par Me Yves Dechezelles, venu de Paris, il est affecté dans une section spéciale au Sahara (Ben Zireg). En 1959, revenu en France il se marie à une Française et deux enfants naîtront de cette union. Après 1962, il reste en France, milite encore au PCI et au SNI (Ecole Emancipée). Pendant l'été 1963, il mène en Oranie, en Kabylie et dans l'Algérois, une enquête sur l'autogestion, l'UGTA et la situation générale. A son retour, il rédige deux gros articles, dont l'un : "Classes sociales et Etat en Algérie" (64 pages) publié dans la Vérité (1964) critique le régime de Ben Bella et annonce la prise du pouvoir par Boumediène. En 1972, à la demande de Mustapha Ben Mohamed, ancien dirigeant MNA d'Alger (actuellement député du Parti des travailleurs et doyen de l'Assemblée algérienne), il accepte de revenir au PCI pour diriger le Comité de Liaison des Trotskystes Algériens (CLTA), qu'il a cofondé avec lui. Il devient à la fois membre d'une cellule du PCI (la IVème Internationale en France) et d'une autre cellule du CLTA, dont il est un dirigeant élu par une conférence annuelle. Le travail algérien est décidé par la seule direction du CLTA, mais après discussion avec Pierre de Massot qui représente le PCI. Il sera élu à la direction du CLTA en France jusqu'au congrès de fondation de l'Organisation socialiste des travailleurs (OST), en 1980, dont il a rédigé le programme. L'OST deviendra ensuite le Parti des travailleurs avec un programme différent. Directeur du mensuel Tribune Algérienne et de la revue théorique l'Etincelle, il a impulsé et coordonné le travail du CLTA avec les sections ou groupes sympathisants du Maroc, de Tunisie et du Moyen-Orient (Palestine, Israël, Irak, Kurdistan et Iran). Il a animé plusieurs séminaires et dirigé une école de formation de cadres, tenu une trentaine de réunions publiques dans les universités (La Cité internationale, Antony, Vincennes). Il a également impulsé la création d'un syndicat étudiant algérien en France (ASEAF ) qui se liera à l'UNEF-ID. Pendant ces années, il a rédigé une dizaine de brochures de 80 à 150 pages, restées des manuscrits ou simplement ronéotypées. Dans le cadre de cette activité, il a rencontré le jeune étudiant Benjamin Stora, membre du comité central du PCI. Pendant de longues séances de travail et durant un an, il l'a, selon la dédicace écrite par B.Stora lui même «initié aux méandres de l'histoire intérieure de la résistance algérienne» (Messali Hadj, Ed. Le Sycomore,1982) livre envoyé à J.Simon lors de sa parution. En 1990, J. Simon considère qu'il est temps d'écrire sur l'histoire où il fut observateur et acteur. Pour prendre le recul indispensable, il retourne à l'université, passe un doctorat et devient historien. Il formera en 1995 une équipe, avec d'autres chercheurs dans le CREAC . Leurs travaux ont été publiés dans la revue Cirta de 1995 à 2002. Ils le sont maintenant dans les deux collections qu'il dirige : CREAC-Histoire et CREAC-Politique et Société, aux éditions l'Harmattan. http://www.simon-hist.com