Les filets de protection sociale - des programmes qui permettent d'investir dans les régions pauvres afin de les aider à améliorer leurs moyens de subsistance et la productivité par le biais de transferts de ressources aux ménages pauvres - se multiplient en Afrique subsaharienne. Ces programmes ont la particularité de favoriser le transfert direct d'argent aux ménages vulnérables ou de créer des emplois à forte intensité de main d'œuvre par le biais de travaux publics, tels que la construction de routes rurales ; la création des emplois destinés aux adultes en quête d'une activité temporaire pendant la saison sèche. Les filets de protection sociale - des programmes qui permettent d'investir dans les régions pauvres afin de les aider à améliorer leurs moyens de subsistance et la productivité par le biais de transferts de ressources aux ménages pauvres - se multiplient en Afrique subsaharienne. Ces programmes ont la particularité de favoriser le transfert direct d'argent aux ménages vulnérables ou de créer des emplois à forte intensité de main d'œuvre par le biais de travaux publics, tels que la construction de routes rurales ; la création des emplois destinés aux adultes en quête d'une activité temporaire pendant la saison sèche. Il ressort des analyses de la Banque mondiale que 120 programmes de transferts monétaires ont été mis en place en Afrique au cours des 10 dernières années. L'expérience montre que les familles investissent les ressources provenant des transferts dans l'éducation et la santé de leurs enfants, ainsi que dans leurs exploitations agricoles ou leurs petites activités commerciales. Dans un contexte marqué par la volatilité de l'économie mondiale et par de fréquents problèmes liés au climat local, tels que la sécheresse, il convient parfaitement d'améliorer et d'élargir ces programmes. Comme l'indiquent les dernières données scientifiques, ces programmes contribuent à faire reculer la pauvreté, à répondre aux crises et à investir dans l'avenir des populations. Malgré la sécheresse qui sévit dans le Sahel, Dijé Issa, une femme âgée de 30 ans et mère de quatre enfants, a pu surmonter la faim, rester en bonne santé et garder ses enfants à l'école grâce à un modeste transfert monétaire mensuel que lui accorde le gouvernement du Niger dans le cadre d'un programme assorti d'un volet information sur la santé et la nutrition. Grâce à ce programme, Dijé et d'autres habitants du village de Chagnassou situé dans la commune urbaine d'Illéla au Niger ont aussi enrichi leurs connaissances sur la santé et l'assainissement, et cet argent ainsi que la formation leur ont été utiles. «Les 10.000 francs CFA que nous recevons nous sont d'une grande utilité, » affirme Dijé qui ajoute : « Je paie 5.000 francs à quelqu'un qui approvisionne ma famille en eau et avec le reste de l'argent, j'achète du riz, de l'huile et du bois de feu, ce qui me permet de nourrir ma famille.» Cet argent permet à Dijé de prendre soin de ses enfants, y compris pendant les périodes difficiles, dans cet endroit du monde où beaucoup de gens souffrent de la pauvreté et de malnutrition chroniques, et ne jouissent d'aucune sécurité alimentaire. «Lorsque ma fille est née, j'ai choisi de l'allaiter exclusivement» poursuit Djié, visiblement fière du bébé potelé qui joue sur ses genoux. «Regardez-la maintenant. Chaque fois que je sors, tout le monde veut la prendre et jouer avec elle parce qu'elle est si belle, propre et en bonne santé.» Les personnes qui, comme Dijé, bénéficient de filets de sécurité au Niger, au Kenya et en Ethiopie font l'objet d'un court métrage sur les filets de protection sociale en Afrique inauguré durant les Réunions de printemps de la Banque mondiale à Washington. Le thème de la protection sociale était au cœur des discussions menées pendant les réunions auxquelles ont participé des délégations venues du monde entier. Le 20 avril, à l'occasion d'un évènement retransmis en direct et portant principalement sur l'Afrique, des ministres des Finances et des experts se sont réunis pour examiner les dernières données probantes sur les filets de protection sociale et sur la meilleure manière d'en assurer la mise en place. Partager les fruits de la croissance économique, lutter contre la pauvreté et investir dans les individus «Les réformes destinées à créer une économie de marché entraînent vraiment la croissance économique, cela ne fait pas de doute» déclare Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Région Afrique de la Banque mondiale, au cours de son allocution d'ouverture de la rencontre. «Cela dit, ce que nous observons également c'est que le partage de la croissance avec un grand nombre de bénéficiaires ne se fait pas aisément, c'est pourquoi des politiques délibérées s'imposent pour assurer qu'autant que possible, l'ensemble des citoyens bénéficie des retombées de la croissance.» La protection sociale figure au nombre de ces politiques dont on pensait jadis qu'elles s'appliquaient principalement aux pays à revenu intermédiaire et aux pays à revenu élevé, poursuit Mme Ezekwesili en ajoutant que l'on dispose à présent de données probantes indiquant que les pays à faible revenu devraient aussi mettre systématiquement de tels programmes en place pour lutter contre la pauvreté et réduire la vulnérabilité de leurs populations. Mme Ezekwesili a aussi cité dans son intervention une nouvelle étude de la Banque mondiale intitulée The Cash Dividend : The Rise of Cash Transfer Programs in Sub-Saharan Africa. Tamar Manuelyan Atinc, vice-présidente de la Banque mondiale chargée du Développement humain, a pour sa part mis en lumière de nouvelles données sur la protection sociale et la réduction de la pauvreté en Afrique. Le programme kényan de transferts monétaires au bénéfice des orphelins et des enfants vulnérables (Cash Transfer for Orphans and Vulnerable Children) a eu pour effet de faire baisser de 13 points de pourcentage la proportion de ménages bénéficiaires vivant dans l'extrême pauvreté. En Ethiopie, le taux de croissance des élevages est 28 % plus rapide pour les ménages participant au programme de travaux publics pour une protection sociale productive que pour les ménages n'y participant pas. Plus d'un million de personnes sorties de la pauvreté au Rwanda en cinq ans Le Rwanda, qui s'est fixé l'objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire d'ici 2020, s'est distingué par une croissance économique soutenue et un rythme accéléré de réduction de la pauvreté. Pour le ministre des Finances et de la Planification économique, John Rwangombwa, la pauvreté au Rwanda a baissé en partie grâce au programme national intitulé Vision 2020 Umurenge, qui bénéficie de l'appui de nombreux partenaires dont la Banque mondiale. Ce programme recensant les plus pauvres dans chaque umurenge (district) offrent aux gens des emplois à forte intensité de main d'œuvre, des prêts aux petits commerçants, et pour les personnes qui ne peuvent pas travailler, des transferts monétaires et des actifs tels que du bétail. L'Etat couvre également les frais d'assurance médicale des populations les plus démunies du pays. Selon le ministre, en complétant d'autres programmes dans les secteurs de l'agriculture et de la création d'emplois, le programme Vision 2020 Umurenge a donné de très bons résultats entre 2006 et 2011. Le taux de pauvreté a baissé, passant de 57 % à 45 % en cinq ans, permettant ainsi à plus d'un million d'individus de sortir de la pauvreté. Dans la même période, l'extrême pauvreté a reculé de 36 % environ à 24 %. «On ne peut pas se permettre d'avoir huit millions de personnes qui vivent dans la vulnérabilité. Le Gouvernement [du Rwanda] a mis sur pied un programme pour s'attaquer à ces difficultés et proposer des solutions durables plutôt que des aumônes distribuées au hasard» affirme M. Rwagombwa. «Pour notre système de protection sociale, la meilleure démarche à adopter est de créer des emplois pour ces personnes pauvres et de les aider à obtenir des actifs avec lesquels ils peuvent générer des revenus.» Technologie : aider les gens à recevoir des transferts monétaires et leur donner accès aux services financiers John Staley, directeur des services bancaires mobiles et de l'innovation à Equity Bank au Kenya, est convaincu que grâce aux nouvelles technologies, un monde sans pauvreté est possible, pour autant que les décideurs, le secteur privé, les agences d'aide et les autres partenaires au développement aident à mettre les services financiers modernes à la portée des plus démunis. «Nous visons l'objectif ambitieux d'avoir 600 millions de comptes bancaires en Afrique, mais nous ne pouvons réussir si nous ne bancarisons pas tout le monde, y compris les pauvres» déclare M. Staley. Et M. Stanley d'expliquer que le programme de protection sociale contre la faim (Hunger Safety Net Programme) mis en œuvre dans le nord du Kenya est un bon exemple de la manière de procéder dans le cadre d'un partenariat. Les transferts de fonds effectués par camion au nord du Kenya subissent généralement des pertes au cours du trajet. Par contre, le programme mis en œuvre conjointement par le gouvernement kényan, le département du développement international du Royaume-Uni, Oxfam et Equity Bank, a recours à la biométrie et aux cartes à puce. Ces technologies permettent de réduire considérablement les risques de pertes et sont plus pratiques et plus efficaces pour atteindre les plus démunis. S'appuyant sur une liste de bénéficiaires fournie par Oxfam, M. Stanley explique, Equity Bank envoie de l'argent à ces personnes démunies, souvent des nomades, grâce à une carte à puce biométrique par le biais d'un réseau d'agents de transferts monétaires agréés, pour la plupart des boutiquiers répartis dans environ 200 localités. En procédant ainsi, on évite les pertes, les gens peuvent recevoir de l'argent à de nombreux points de ventes et les agents font plus d'affaires. Grâce à l'énergie solaire, ce programme peut être adopté dans des localités ne disposant pas d'électricité, permettant ainsi aux habitants de travailler plus tard, pour certains de gagner de l'argent en rechargeant les piles de téléphones portables et pour la banque d'acquérir de nouveaux clients. «Nous disposons de la technologie nécessaire pour relier les gens», conclut M. Staley. Il ressort des analyses de la Banque mondiale que 120 programmes de transferts monétaires ont été mis en place en Afrique au cours des 10 dernières années. L'expérience montre que les familles investissent les ressources provenant des transferts dans l'éducation et la santé de leurs enfants, ainsi que dans leurs exploitations agricoles ou leurs petites activités commerciales. Dans un contexte marqué par la volatilité de l'économie mondiale et par de fréquents problèmes liés au climat local, tels que la sécheresse, il convient parfaitement d'améliorer et d'élargir ces programmes. Comme l'indiquent les dernières données scientifiques, ces programmes contribuent à faire reculer la pauvreté, à répondre aux crises et à investir dans l'avenir des populations. Malgré la sécheresse qui sévit dans le Sahel, Dijé Issa, une femme âgée de 30 ans et mère de quatre enfants, a pu surmonter la faim, rester en bonne santé et garder ses enfants à l'école grâce à un modeste transfert monétaire mensuel que lui accorde le gouvernement du Niger dans le cadre d'un programme assorti d'un volet information sur la santé et la nutrition. Grâce à ce programme, Dijé et d'autres habitants du village de Chagnassou situé dans la commune urbaine d'Illéla au Niger ont aussi enrichi leurs connaissances sur la santé et l'assainissement, et cet argent ainsi que la formation leur ont été utiles. «Les 10.000 francs CFA que nous recevons nous sont d'une grande utilité, » affirme Dijé qui ajoute : « Je paie 5.000 francs à quelqu'un qui approvisionne ma famille en eau et avec le reste de l'argent, j'achète du riz, de l'huile et du bois de feu, ce qui me permet de nourrir ma famille.» Cet argent permet à Dijé de prendre soin de ses enfants, y compris pendant les périodes difficiles, dans cet endroit du monde où beaucoup de gens souffrent de la pauvreté et de malnutrition chroniques, et ne jouissent d'aucune sécurité alimentaire. «Lorsque ma fille est née, j'ai choisi de l'allaiter exclusivement» poursuit Djié, visiblement fière du bébé potelé qui joue sur ses genoux. «Regardez-la maintenant. Chaque fois que je sors, tout le monde veut la prendre et jouer avec elle parce qu'elle est si belle, propre et en bonne santé.» Les personnes qui, comme Dijé, bénéficient de filets de sécurité au Niger, au Kenya et en Ethiopie font l'objet d'un court métrage sur les filets de protection sociale en Afrique inauguré durant les Réunions de printemps de la Banque mondiale à Washington. Le thème de la protection sociale était au cœur des discussions menées pendant les réunions auxquelles ont participé des délégations venues du monde entier. Le 20 avril, à l'occasion d'un évènement retransmis en direct et portant principalement sur l'Afrique, des ministres des Finances et des experts se sont réunis pour examiner les dernières données probantes sur les filets de protection sociale et sur la meilleure manière d'en assurer la mise en place. Partager les fruits de la croissance économique, lutter contre la pauvreté et investir dans les individus «Les réformes destinées à créer une économie de marché entraînent vraiment la croissance économique, cela ne fait pas de doute» déclare Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Région Afrique de la Banque mondiale, au cours de son allocution d'ouverture de la rencontre. «Cela dit, ce que nous observons également c'est que le partage de la croissance avec un grand nombre de bénéficiaires ne se fait pas aisément, c'est pourquoi des politiques délibérées s'imposent pour assurer qu'autant que possible, l'ensemble des citoyens bénéficie des retombées de la croissance.» La protection sociale figure au nombre de ces politiques dont on pensait jadis qu'elles s'appliquaient principalement aux pays à revenu intermédiaire et aux pays à revenu élevé, poursuit Mme Ezekwesili en ajoutant que l'on dispose à présent de données probantes indiquant que les pays à faible revenu devraient aussi mettre systématiquement de tels programmes en place pour lutter contre la pauvreté et réduire la vulnérabilité de leurs populations. Mme Ezekwesili a aussi cité dans son intervention une nouvelle étude de la Banque mondiale intitulée The Cash Dividend : The Rise of Cash Transfer Programs in Sub-Saharan Africa. Tamar Manuelyan Atinc, vice-présidente de la Banque mondiale chargée du Développement humain, a pour sa part mis en lumière de nouvelles données sur la protection sociale et la réduction de la pauvreté en Afrique. Le programme kényan de transferts monétaires au bénéfice des orphelins et des enfants vulnérables (Cash Transfer for Orphans and Vulnerable Children) a eu pour effet de faire baisser de 13 points de pourcentage la proportion de ménages bénéficiaires vivant dans l'extrême pauvreté. En Ethiopie, le taux de croissance des élevages est 28 % plus rapide pour les ménages participant au programme de travaux publics pour une protection sociale productive que pour les ménages n'y participant pas. Plus d'un million de personnes sorties de la pauvreté au Rwanda en cinq ans Le Rwanda, qui s'est fixé l'objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire d'ici 2020, s'est distingué par une croissance économique soutenue et un rythme accéléré de réduction de la pauvreté. Pour le ministre des Finances et de la Planification économique, John Rwangombwa, la pauvreté au Rwanda a baissé en partie grâce au programme national intitulé Vision 2020 Umurenge, qui bénéficie de l'appui de nombreux partenaires dont la Banque mondiale. Ce programme recensant les plus pauvres dans chaque umurenge (district) offrent aux gens des emplois à forte intensité de main d'œuvre, des prêts aux petits commerçants, et pour les personnes qui ne peuvent pas travailler, des transferts monétaires et des actifs tels que du bétail. L'Etat couvre également les frais d'assurance médicale des populations les plus démunies du pays. Selon le ministre, en complétant d'autres programmes dans les secteurs de l'agriculture et de la création d'emplois, le programme Vision 2020 Umurenge a donné de très bons résultats entre 2006 et 2011. Le taux de pauvreté a baissé, passant de 57 % à 45 % en cinq ans, permettant ainsi à plus d'un million d'individus de sortir de la pauvreté. Dans la même période, l'extrême pauvreté a reculé de 36 % environ à 24 %. «On ne peut pas se permettre d'avoir huit millions de personnes qui vivent dans la vulnérabilité. Le Gouvernement [du Rwanda] a mis sur pied un programme pour s'attaquer à ces difficultés et proposer des solutions durables plutôt que des aumônes distribuées au hasard» affirme M. Rwagombwa. «Pour notre système de protection sociale, la meilleure démarche à adopter est de créer des emplois pour ces personnes pauvres et de les aider à obtenir des actifs avec lesquels ils peuvent générer des revenus.» Technologie : aider les gens à recevoir des transferts monétaires et leur donner accès aux services financiers John Staley, directeur des services bancaires mobiles et de l'innovation à Equity Bank au Kenya, est convaincu que grâce aux nouvelles technologies, un monde sans pauvreté est possible, pour autant que les décideurs, le secteur privé, les agences d'aide et les autres partenaires au développement aident à mettre les services financiers modernes à la portée des plus démunis. «Nous visons l'objectif ambitieux d'avoir 600 millions de comptes bancaires en Afrique, mais nous ne pouvons réussir si nous ne bancarisons pas tout le monde, y compris les pauvres» déclare M. Staley. Et M. Stanley d'expliquer que le programme de protection sociale contre la faim (Hunger Safety Net Programme) mis en œuvre dans le nord du Kenya est un bon exemple de la manière de procéder dans le cadre d'un partenariat. Les transferts de fonds effectués par camion au nord du Kenya subissent généralement des pertes au cours du trajet. Par contre, le programme mis en œuvre conjointement par le gouvernement kényan, le département du développement international du Royaume-Uni, Oxfam et Equity Bank, a recours à la biométrie et aux cartes à puce. Ces technologies permettent de réduire considérablement les risques de pertes et sont plus pratiques et plus efficaces pour atteindre les plus démunis. S'appuyant sur une liste de bénéficiaires fournie par Oxfam, M. Stanley explique, Equity Bank envoie de l'argent à ces personnes démunies, souvent des nomades, grâce à une carte à puce biométrique par le biais d'un réseau d'agents de transferts monétaires agréés, pour la plupart des boutiquiers répartis dans environ 200 localités. En procédant ainsi, on évite les pertes, les gens peuvent recevoir de l'argent à de nombreux points de ventes et les agents font plus d'affaires. Grâce à l'énergie solaire, ce programme peut être adopté dans des localités ne disposant pas d'électricité, permettant ainsi aux habitants de travailler plus tard, pour certains de gagner de l'argent en rechargeant les piles de téléphones portables et pour la banque d'acquérir de nouveaux clients. «Nous disposons de la technologie nécessaire pour relier les gens», conclut M. Staley.