Dans un récent rapport, la Banque mondiale met en avant qu'en cette période crise multiforme, il est plus que nécessaire de mettre en place des filets de protection sociale et de transferts monétaires bien conçus pour venir en aide aux familles à faible revenu. Intitulé " Transferts monétaires conditionnels : Pour réduire la pauvreté dès aujourd'hui et demain ", le rapport en question dresse un bilan des programmes de transferts qui fournissent aux familles remplissant les conditions requises des paiements en espèces en contrepartie d'engagements de leur part consistant, par exemple, à amener régulièrement leurs nouveau-nés au dispensaire ou à maintenir leurs enfants à l'école. Ces programmes ont pour effet de faire partager entre les ménages pauvres et l'Etat la responsabilité de l'effort à consentir pour briser le carcan de la pauvreté, et le rapport conclut qu'ils sont à même de réduire la pauvreté à court et à long terme, surtout s'ils peuvent s'appuyer sur de meilleurs services publics. En réponse à la crise alimentaire et à la crise financière, la Banque prévoit de consacrer cette année quelque 2,4 milliards de dollars de prêts au lancement ou à l'extension de programmes TMC dans six pays : Bangladesh, Colombie, Kenya, Macédoine, Pakistan et Philippines. Ses activités dans ce domaine couvrent aujourd'hui 13 pays au total, son appui technique s'adressant aussi bien à leurs instances gouvernementales qu'aux organismes donateurs. Après les succès initiaux rencontrés en Asie du Sud et en Amérique latine, les programmes TMC ont aujourd'hui cours sur tous les continents, et concernent aussi bien des pays en développement (plus d'une bonne vingtaine, au total) que plusieurs pays développés (dont les Etats-Unis). Dans des pays comme le Mexique ou le Brésil, leur lancement s'est inscrit dans le cadre d'efforts menés plus largement pour améliorer l'efficacité des filets de protection sociale, remplacer des programmes de subventions mal ciblés ou regrouper des programmes de portée plus limitée. En Colombie, le programme Familias, d'ampleur nationale, a présenté un bilan positif important, et reçu un appui soutenu de la Banque. À l'échelon des pays, ces dispositifs ont connu un essor considérable : au Mexique, le programme Progresa touchait 300 000 ménages à ses débuts, en 2007 ; celui qui lui fait suite (appelé Oportunidades) en couvre aujourd'hui 5 millions - une progression encouragée par les résultats positifs auxquels ont donné lieu les évaluations. En termes économiques, les transferts effectués au titre de ce programme entrent pour un cinquième environ dans la consommation des ménages situés au niveau médian de la population bénéficiaire.Selon la banque mondiale, les programmes TMC sont à considérer comme un élément d'un dispositif de protection sociale. Ils ont principalement pour but de soutenir les ménages pauvres avec enfants, et doivent être complétés par d'autres programmes de transfert, tels que les dispositifs de protection-travail ou de pension sociale, afin d'étendre la protection sociale à l'ensemble des groupes vulnérables. Ces programmes ont réduit le niveau de pauvreté. D'une manière générale, les transferts ont été bien ciblés sur les ménages pauvres, entraînant une hausse des niveaux de consommation parmi les bénéficiaires, ainsi qu'une baisse de l'incidence de la pauvreté de plusieurs points de pourcentage. Les craintes de voir les populations participantes risquer de quitter le marché du travail ou d'avoir plus d'enfants, une fois perçus les versements, ne sont pas fondées, ce type d'effets ayant été inexistant ou très limité. Synthèse I.B.