Le vieux Mokrane ne voyait plus clair et il tenait de plus en plus difficilement sur ses jambes. Il sentait sa mort proche. Alors, comme dans les vieux contes du terroir, il fit venir ses trois fils afin de leur partager ses biens. Après une courte discussion, le partage eut lieu. Le vieux Mokrane ne voyait plus clair et il tenait de plus en plus difficilement sur ses jambes. Il sentait sa mort proche. Alors, comme dans les vieux contes du terroir, il fit venir ses trois fils afin de leur partager ses biens. Après une courte discussion, le partage eut lieu. L'aîné, Bélaïd, avait pris la vieille maison, la parcelle de terre et la figueraie qui se trouvaient juste à côté d'elle. Akli avait pris deux immenses oliveraies. La part de Tahar, le plus jeune, avait la forme d'un chèque représentant les économies du vieux père : 120 millions de centimes. Ce partage avait comblé d'aise les trois frères. Quant au vieux Mokrane, il avait finalement été fort bien avisé puisque moins d'une semaine plus tard, il rendit l'âme. Ses fils ne se chamaillèrent pas au sujet de l'héritage comme cela arrivait souvent au sein des familles. Mais à mesure que le temps passait, Bélaïd et Akli réalisèrent que leurs parts d'héritage n'étaient pas aussi consistantes qu'elles en avaient l'air au départ. S'occuper des oliviers et des figuiers n'était pas un travail de tout repos. Et les résultats étaient loin de correspondre à leurs attentes. En revanche, Tahar s'en était bien sorti avec son héritage. Avec la somme qu'il avait empochée, il avait ouvert une pizzeria. En moins d'une année, il avait ouvert une boulangerie. Ah ! Il les avait bien eus ! Mais tant pis pour eux… C'étaient eux qui voulaient prendre la vieille maison en pierres, les oliviers et les figuiers. Alors que les deux grands frères avaient l'air de se battre contre des ogres pour faire fructifier leurs arbres, Tahar avait vendu sa vieille Daewoo et s'était offert un gros 4X4 flambant neuf. Et c'est à bord de ce véhicule qu'il était parti rendre visite à ses deux frères en compagnie de sa jeune et belle épouse. C'était au mois de septembre 2011. Dès qu'il arriva à la maison qui l'avait vu naître, il la détailla et décréta : - Oh ! mais rien n'a changé ici… Bélaid lui répondit vertement. - Tu parles comme si tu es parti d‘ici il y a vingt ans. Tu n'es parti que depuis deux ans. - C'est vrai, mais ce lieu me manque cruellement. En regardant autour de lui, il aperçut sur quelques branches des figues mûres à point. Il s'avança vers elle et Bélaid cria après lui. - Hé ! Où vas-tu ? - Je vais cueillir ces belles figues. - Non… ne les touche pas. Tu as déjà pris ton héritage. - Mais qu'est-ce que tu racontes, Bélaïd ? J'ai pris mon héritage, certes, mais ces figuiers ont été plantés par notre père. - Mais ils n'appartiennent plus à notre père mais à moi. - Tu plaisantes ? - Si tu touches à ces figues, tu auras affaire à moi. Tahar, croyant que son frère bluffait comme d'habitude, haussa les épaules et s'approcha du figuier. Mais au moment où il allait toucher un de ses fruits, il sentit les mains de son frère aîné le saisir par les épaules et le pousser violemment. Tahar, qui était beaucoup plus jeune que Bélaïd, se redressa et empoigna son frère à la gorge. Les enfants en bas âge de ce dernier se mirent à crier et son épouse arriva en courant avec une bouteille en plastique contenant de l'esprit de sel. Elle lança le dangereux liquide sur son beau-frère mais comme elle était maladroite, elle atteignit son mari qui se mit aussitôt à hurler de douleur. Le troisième frère, ne comprenant pas trop se qui était en train de se passer, arriva en courant et sauta sur Tahar qu'il roua de coups. Ensuite, les villageois arrivèrent à la rescousse, maîtrisèrent les trois frères et les emmenèrent au centre de santé le plus proche. Les brûlures de Bélaïd étaient si graves qu'il fut emmené à Tizi-Ouzou puis à Alger. Il y a quelques jours, les trois frères s'étaient retrouvés au tribunal de Tizi-Ouzou. Le président du tribunal, après avoir écouté chacun des trois frères, se gratta la tête. - Si j'ai bien compris, toutes ces brûlures, tous ces coups et toutes ces blessures ont pour cause quelques malheureuses figues ! Les trois frères baissèrent la tête. Et ils la baissèrent davantage lorsqu'ils entendirent le président leur dire. - Vraiment, je ne sais pas quoi penser de cette affaire. Tenter de s'entretuer pour quelques figues… Vraiment ça me dépasse. Rendez-vous la semaine prochaine ! Et c'est ainsi que le jugement fut différé. L'aîné, Bélaïd, avait pris la vieille maison, la parcelle de terre et la figueraie qui se trouvaient juste à côté d'elle. Akli avait pris deux immenses oliveraies. La part de Tahar, le plus jeune, avait la forme d'un chèque représentant les économies du vieux père : 120 millions de centimes. Ce partage avait comblé d'aise les trois frères. Quant au vieux Mokrane, il avait finalement été fort bien avisé puisque moins d'une semaine plus tard, il rendit l'âme. Ses fils ne se chamaillèrent pas au sujet de l'héritage comme cela arrivait souvent au sein des familles. Mais à mesure que le temps passait, Bélaïd et Akli réalisèrent que leurs parts d'héritage n'étaient pas aussi consistantes qu'elles en avaient l'air au départ. S'occuper des oliviers et des figuiers n'était pas un travail de tout repos. Et les résultats étaient loin de correspondre à leurs attentes. En revanche, Tahar s'en était bien sorti avec son héritage. Avec la somme qu'il avait empochée, il avait ouvert une pizzeria. En moins d'une année, il avait ouvert une boulangerie. Ah ! Il les avait bien eus ! Mais tant pis pour eux… C'étaient eux qui voulaient prendre la vieille maison en pierres, les oliviers et les figuiers. Alors que les deux grands frères avaient l'air de se battre contre des ogres pour faire fructifier leurs arbres, Tahar avait vendu sa vieille Daewoo et s'était offert un gros 4X4 flambant neuf. Et c'est à bord de ce véhicule qu'il était parti rendre visite à ses deux frères en compagnie de sa jeune et belle épouse. C'était au mois de septembre 2011. Dès qu'il arriva à la maison qui l'avait vu naître, il la détailla et décréta : - Oh ! mais rien n'a changé ici… Bélaid lui répondit vertement. - Tu parles comme si tu es parti d‘ici il y a vingt ans. Tu n'es parti que depuis deux ans. - C'est vrai, mais ce lieu me manque cruellement. En regardant autour de lui, il aperçut sur quelques branches des figues mûres à point. Il s'avança vers elle et Bélaid cria après lui. - Hé ! Où vas-tu ? - Je vais cueillir ces belles figues. - Non… ne les touche pas. Tu as déjà pris ton héritage. - Mais qu'est-ce que tu racontes, Bélaïd ? J'ai pris mon héritage, certes, mais ces figuiers ont été plantés par notre père. - Mais ils n'appartiennent plus à notre père mais à moi. - Tu plaisantes ? - Si tu touches à ces figues, tu auras affaire à moi. Tahar, croyant que son frère bluffait comme d'habitude, haussa les épaules et s'approcha du figuier. Mais au moment où il allait toucher un de ses fruits, il sentit les mains de son frère aîné le saisir par les épaules et le pousser violemment. Tahar, qui était beaucoup plus jeune que Bélaïd, se redressa et empoigna son frère à la gorge. Les enfants en bas âge de ce dernier se mirent à crier et son épouse arriva en courant avec une bouteille en plastique contenant de l'esprit de sel. Elle lança le dangereux liquide sur son beau-frère mais comme elle était maladroite, elle atteignit son mari qui se mit aussitôt à hurler de douleur. Le troisième frère, ne comprenant pas trop se qui était en train de se passer, arriva en courant et sauta sur Tahar qu'il roua de coups. Ensuite, les villageois arrivèrent à la rescousse, maîtrisèrent les trois frères et les emmenèrent au centre de santé le plus proche. Les brûlures de Bélaïd étaient si graves qu'il fut emmené à Tizi-Ouzou puis à Alger. Il y a quelques jours, les trois frères s'étaient retrouvés au tribunal de Tizi-Ouzou. Le président du tribunal, après avoir écouté chacun des trois frères, se gratta la tête. - Si j'ai bien compris, toutes ces brûlures, tous ces coups et toutes ces blessures ont pour cause quelques malheureuses figues ! Les trois frères baissèrent la tête. Et ils la baissèrent davantage lorsqu'ils entendirent le président leur dire. - Vraiment, je ne sais pas quoi penser de cette affaire. Tenter de s'entretuer pour quelques figues… Vraiment ça me dépasse. Rendez-vous la semaine prochaine ! Et c'est ainsi que le jugement fut différé.