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Les œuvres d'Etienne Dinet point de mire des collectionneurs
Art orientaliste à Paris
Publié dans Le Midi Libre le 20 - 06 - 2013

Une collection privée exceptionnelle d'Art orientaliste incluant un lot important de tableaux du peintre Etienne Dinet (1861-1929), pour qui l'Algérie a constitué une source d'inspiration intarissable, est exposée depuis samedi soir à la galerie de la Maison Christie's, à Paris, déjà envahie, en cette soirée, par de nombreux collectionneurs.
Une collection privée exceptionnelle d'Art orientaliste incluant un lot important de tableaux du peintre Etienne Dinet (1861-1929), pour qui l'Algérie a constitué une source d'inspiration intarissable, est exposée depuis samedi soir à la galerie de la Maison Christie's, à Paris, déjà envahie, en cette soirée, par de nombreux collectionneurs.
Cette collection qui sera mise en vente aux enchères le 20 juin, dont l'ensemble est estimé entre 6 et 9 millions d'euros, comprend quelque 44 lots, dont plusieurs tableaux d'Etienne Dinet, ainsi que des toiles du peintre américain Frederick Arthur Bridgman (1847-1928), le Français Felix Philppoteaux (1815-1884) et d'artistes peintres contemporains comme Mohamed Racim ainsi que des sculptures de bustes de personnages, en bronze, albâtre ou terre-cuite patinée, inspirés par les voyages de leurs créateurs orientalistes.
"Parmi les pièces phares de cette collection, figurent, notamment, une trentaine d'œuvres d'Alphonse Etienne Dinet, peintre orientaliste français, marquées par l'intérêt qu'il portait à l'Algérie où il vécut de longues années, après avoir embrassé l'Islam, fit le pèlerinage à la Mecque et décidé de signer, désormais, ses toiles par ‘'Hadj Nasr-Eddine'', a indiqué, le directeur du département des collections de Christie's, Lionel Gosset dans un entretien accordé à l'APS.
Cette exposition rend un vibrant hommage à cet artiste qui, à travers ses tableaux, a exprimé un engament religieux et politique pour son pays d'adoption", a-t-il ajouté. "Ce peintre est tombé littéralement amoureux de l'Algérie à la fin du XIXe siècle-début du XXe siècle", a souligné Lionel Gosset, qui a relevé que les pièces d'art de cet artiste, qui sont exposées à cette occasion, dévoilent un "beau reflet de son vécu dans ce pays, sur la vie de tous les jours, les coutumes, les traditions et la pratique de la religion".
Il est essentiellement, a-t-il dit, le peintre et le poète de la vie arabe dont l'œuvre est qualifié d'"inclassable" par les muséologues, précisant que cet important lot de toiles a été proposé par une personne qui résidait à Paris et qui, en quittant ce lieu, a décidé de ne pas déménager avec cette précieuse collection, préférant s'en séparer.
"C'est toujours un crève-cœur de se séparer d'une telle collection, mais parfois, il est nécessaire de prendre des décisions, même si elles sont douloureuses", a-t-il observé. Il y a longtemps, a confié Lionel Gosset, que la Maison Christie's n'a pas proposé à la vente aux enchères une collection "aussi prestigieuse et d'une telle ampleur", notamment de Dinet, ajoutant que des œuvres de peintres orientalistes ont déjà été présentées, à Londres et quelquefois à Paris aussi, et que c'était souvent des pièces isolées.
A travers la succession des œuvres de cet artiste peintre exceptionnel, exposées dans la galerie, le visiteur découvre, le regard observateur, attentif et privilégié de cet artiste peintre qui a peint l'intimité des personnes dans ses aspects expressifs les plus divers dans un pays qui a eu sur lui un impact envoûtant, le menant de Ouargla à Ghardaïa, de Laghouat à Biskra, sans oublier l'incontournable Oasis de Bou-Saâda, où il s'installa pour y vivre définitivement avec l'aide d'un jeune guide, Slimane Ben Ibrahim, devenu son ami et collaborateur.
Les us et coutumes des habitants de sa patrie d'adoption que l'artiste a peint à travers une palette raffinée dans le choix des coloris chatoyantes, du détail rigoureux et du respect de la réalité, dévoile également l'immense sympathie qui s'est instaurée entre lui et la société algérienne, allant jusqu'à embrasser l'Islam alors qu'il avait déjà appris à parler couramment l'arabe.
Les splendides tableaux grands formats de Dinet, qui semblent avoir une âme, tant ils dégagent l'émotion exprimée par l'artiste, donnent le sentiment au visiteur d'écouter un récit hautement descriptif sur des régions d'Algérie baignées de soleil, mettant en valeur leur beauté et respectant la réalité des évènements, des faits et mouvements vivants, du milieu où l'artiste fut inhumé à Bou-Saâda.
La procession - Al Massira, un tableau puisé dans la vie politique et militante algérienne
Il en est ainsi du tableau monumental intitulé La procession - Al Massira, peint en 1917, puisé dans la vie politique et militante algérienne et représentant un cortège d'Algériens se soulevant face à l'enrôlement de la population durant la Grande guerre.
Pour Lionel Gosset, il s'agit vraisemblablement d'une manifestation contre le décret promulgué par les autorités coloniales imposant une conscription aux Algériens. "Le peuple algérien a subi des méfaits et ce tableau représente une révolte, une volonté des Algériens d'affirmer leur identité", a-t-il expliqué, soulignant l'émotion exprimée par l'artiste devant la mobilisation forcée des musulmans aux côtés de l'armée française durant cette guerre.
Cette émotion est exprimée du reste dans plusieurs autres tableaux, tels que Le permissionnaire, un Algérien habillé d'un uniforme et enlaçant fiévreusement ses enfants avant son retour sur le front, ou Le conscrit, une toile qui dépeint un soldat algérien faisant ses adieux à sa mère en lui embrassant le front. Une autre toile d'huile de Dinet, frappante par l'attrait qu'avait sur le peintre la pratique de la religion chez les Algériens, est celle intitulée Arabe récitant la prière d'El Asr (littéralement Prière de l'après-midi), une des phases du rituel d'El-Takbir (Glorification de Dieu).
Une toile peinte en 1903 dans un coin de palmeraie à Biskra, une ville où il installa trois ans plus tôt son premier atelier algérien. Un autre tableau qui annonçait implicitement l'adhésion de Dinet à l'Islam est L'Ecole coranique peint en 1919 où un taleb rappelle à l'ordre un jeune dissipé au moment où ses camarades attentifs à la leçon coranique ont les yeux fixés sur les planchettes où sont transcrits des versets du Saint Coran.
La scène peinte se passe dans la Zaouïa d'El-Hamel , loin de Bou-Saâda , réputée pour sa filiation à la confrérie mystique de Rahmani, a précisé, à l'APS, le directeur du département des collections, soulignant qu'à l'époque, on ne pouvait pas entrer dans les écoles coraniques, mais sa conversion à l'Islam a permis à Dinet de traiter des sujets qui ne lui étaient pas accessibles auparavant.
Pour Lionel Gosset, il est également intéressant de souligner toutes les scènes peintes par Dinet dans les rivières, observant qu'il fallait vraiment qu'elles soient "en confiance pour que des femmes algériennes se laissaient surprendre dans leur bain par le peintre", ajoutant qu'il était "très proche de la population à qui il inspirait une grande confiance".
Plusieurs autres tableaux de cet artiste peintre traduisant son attachement à l'Algérie et à son peuple sont exposés à la Galerie de Christie's, première maison dans le monde de vente aux enchères d'œuvres d'art uniques et exceptionnelles, jusqu'au 20 juin, date à laquelle ils seront mis en vente.Nombre des œuvres de d'Etienne Dinet sont aujourd'hui conservées dans des collections publiques, dont le Musée d'Orsay, à Paris, le Musée national des Beaux-Arts d'Alger ou encore le Musée nationale Nasr-Eddddine Dinet à Bou-Saâda (Algérie).
Cet artiste peintre, auteur de l'ouvrage La vie de Mohammed, Prophète d'Allah, paru aux éditions Piazza, qui a œuvré à l'édification de la Grande Mosquée de Paris, inauguré en 1926, figure aujourd'hui parmi les peintres orientalistes les plus recherchés dans le monde après avoir fait pendant longtemps l'objet de rancœur et d'hostilité en France et dans les milieux artistiques occidentaux, en se convertissant en 1913 à l'Islam.
Cette collection qui sera mise en vente aux enchères le 20 juin, dont l'ensemble est estimé entre 6 et 9 millions d'euros, comprend quelque 44 lots, dont plusieurs tableaux d'Etienne Dinet, ainsi que des toiles du peintre américain Frederick Arthur Bridgman (1847-1928), le Français Felix Philppoteaux (1815-1884) et d'artistes peintres contemporains comme Mohamed Racim ainsi que des sculptures de bustes de personnages, en bronze, albâtre ou terre-cuite patinée, inspirés par les voyages de leurs créateurs orientalistes.
"Parmi les pièces phares de cette collection, figurent, notamment, une trentaine d'œuvres d'Alphonse Etienne Dinet, peintre orientaliste français, marquées par l'intérêt qu'il portait à l'Algérie où il vécut de longues années, après avoir embrassé l'Islam, fit le pèlerinage à la Mecque et décidé de signer, désormais, ses toiles par ‘'Hadj Nasr-Eddine'', a indiqué, le directeur du département des collections de Christie's, Lionel Gosset dans un entretien accordé à l'APS.
Cette exposition rend un vibrant hommage à cet artiste qui, à travers ses tableaux, a exprimé un engament religieux et politique pour son pays d'adoption", a-t-il ajouté. "Ce peintre est tombé littéralement amoureux de l'Algérie à la fin du XIXe siècle-début du XXe siècle", a souligné Lionel Gosset, qui a relevé que les pièces d'art de cet artiste, qui sont exposées à cette occasion, dévoilent un "beau reflet de son vécu dans ce pays, sur la vie de tous les jours, les coutumes, les traditions et la pratique de la religion".
Il est essentiellement, a-t-il dit, le peintre et le poète de la vie arabe dont l'œuvre est qualifié d'"inclassable" par les muséologues, précisant que cet important lot de toiles a été proposé par une personne qui résidait à Paris et qui, en quittant ce lieu, a décidé de ne pas déménager avec cette précieuse collection, préférant s'en séparer.
"C'est toujours un crève-cœur de se séparer d'une telle collection, mais parfois, il est nécessaire de prendre des décisions, même si elles sont douloureuses", a-t-il observé. Il y a longtemps, a confié Lionel Gosset, que la Maison Christie's n'a pas proposé à la vente aux enchères une collection "aussi prestigieuse et d'une telle ampleur", notamment de Dinet, ajoutant que des œuvres de peintres orientalistes ont déjà été présentées, à Londres et quelquefois à Paris aussi, et que c'était souvent des pièces isolées.
A travers la succession des œuvres de cet artiste peintre exceptionnel, exposées dans la galerie, le visiteur découvre, le regard observateur, attentif et privilégié de cet artiste peintre qui a peint l'intimité des personnes dans ses aspects expressifs les plus divers dans un pays qui a eu sur lui un impact envoûtant, le menant de Ouargla à Ghardaïa, de Laghouat à Biskra, sans oublier l'incontournable Oasis de Bou-Saâda, où il s'installa pour y vivre définitivement avec l'aide d'un jeune guide, Slimane Ben Ibrahim, devenu son ami et collaborateur.
Les us et coutumes des habitants de sa patrie d'adoption que l'artiste a peint à travers une palette raffinée dans le choix des coloris chatoyantes, du détail rigoureux et du respect de la réalité, dévoile également l'immense sympathie qui s'est instaurée entre lui et la société algérienne, allant jusqu'à embrasser l'Islam alors qu'il avait déjà appris à parler couramment l'arabe.
Les splendides tableaux grands formats de Dinet, qui semblent avoir une âme, tant ils dégagent l'émotion exprimée par l'artiste, donnent le sentiment au visiteur d'écouter un récit hautement descriptif sur des régions d'Algérie baignées de soleil, mettant en valeur leur beauté et respectant la réalité des évènements, des faits et mouvements vivants, du milieu où l'artiste fut inhumé à Bou-Saâda.
La procession - Al Massira, un tableau puisé dans la vie politique et militante algérienne
Il en est ainsi du tableau monumental intitulé La procession - Al Massira, peint en 1917, puisé dans la vie politique et militante algérienne et représentant un cortège d'Algériens se soulevant face à l'enrôlement de la population durant la Grande guerre.
Pour Lionel Gosset, il s'agit vraisemblablement d'une manifestation contre le décret promulgué par les autorités coloniales imposant une conscription aux Algériens. "Le peuple algérien a subi des méfaits et ce tableau représente une révolte, une volonté des Algériens d'affirmer leur identité", a-t-il expliqué, soulignant l'émotion exprimée par l'artiste devant la mobilisation forcée des musulmans aux côtés de l'armée française durant cette guerre.
Cette émotion est exprimée du reste dans plusieurs autres tableaux, tels que Le permissionnaire, un Algérien habillé d'un uniforme et enlaçant fiévreusement ses enfants avant son retour sur le front, ou Le conscrit, une toile qui dépeint un soldat algérien faisant ses adieux à sa mère en lui embrassant le front. Une autre toile d'huile de Dinet, frappante par l'attrait qu'avait sur le peintre la pratique de la religion chez les Algériens, est celle intitulée Arabe récitant la prière d'El Asr (littéralement Prière de l'après-midi), une des phases du rituel d'El-Takbir (Glorification de Dieu).
Une toile peinte en 1903 dans un coin de palmeraie à Biskra, une ville où il installa trois ans plus tôt son premier atelier algérien. Un autre tableau qui annonçait implicitement l'adhésion de Dinet à l'Islam est L'Ecole coranique peint en 1919 où un taleb rappelle à l'ordre un jeune dissipé au moment où ses camarades attentifs à la leçon coranique ont les yeux fixés sur les planchettes où sont transcrits des versets du Saint Coran.
La scène peinte se passe dans la Zaouïa d'El-Hamel , loin de Bou-Saâda , réputée pour sa filiation à la confrérie mystique de Rahmani, a précisé, à l'APS, le directeur du département des collections, soulignant qu'à l'époque, on ne pouvait pas entrer dans les écoles coraniques, mais sa conversion à l'Islam a permis à Dinet de traiter des sujets qui ne lui étaient pas accessibles auparavant.
Pour Lionel Gosset, il est également intéressant de souligner toutes les scènes peintes par Dinet dans les rivières, observant qu'il fallait vraiment qu'elles soient "en confiance pour que des femmes algériennes se laissaient surprendre dans leur bain par le peintre", ajoutant qu'il était "très proche de la population à qui il inspirait une grande confiance".
Plusieurs autres tableaux de cet artiste peintre traduisant son attachement à l'Algérie et à son peuple sont exposés à la Galerie de Christie's, première maison dans le monde de vente aux enchères d'œuvres d'art uniques et exceptionnelles, jusqu'au 20 juin, date à laquelle ils seront mis en vente.Nombre des œuvres de d'Etienne Dinet sont aujourd'hui conservées dans des collections publiques, dont le Musée d'Orsay, à Paris, le Musée national des Beaux-Arts d'Alger ou encore le Musée nationale Nasr-Eddddine Dinet à Bou-Saâda (Algérie).
Cet artiste peintre, auteur de l'ouvrage La vie de Mohammed, Prophète d'Allah, paru aux éditions Piazza, qui a œuvré à l'édification de la Grande Mosquée de Paris, inauguré en 1926, figure aujourd'hui parmi les peintres orientalistes les plus recherchés dans le monde après avoir fait pendant longtemps l'objet de rancœur et d'hostilité en France et dans les milieux artistiques occidentaux, en se convertissant en 1913 à l'Islam.


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