Fini l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Place au califat de l'Etat islamique (EI), comme ses partisans réclamaient qu'on l'appelle avant même sa proclamation, dimanche au premier jour du mois de Ramadhan : un califat qui s'étend de la province d'Alep, dans le nord de la Syrie, jusqu'à celle de Diyala, dans l'est de l'Irak, frontalière de l'Iran. Fini l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Place au califat de l'Etat islamique (EI), comme ses partisans réclamaient qu'on l'appelle avant même sa proclamation, dimanche au premier jour du mois de Ramadhan : un califat qui s'étend de la province d'Alep, dans le nord de la Syrie, jusqu'à celle de Diyala, dans l'est de l'Irak, frontalière de l'Iran. "Musulmans (...) rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l'Occident. Revenez à votre religion", a lancé son porteparole Abou Mohammed al-Adnani en annonçant la naissance du califat dans un enregistrement vidéo, extrait de dix longues pages emplies de références aux compagnons du Prophète et à ses récents accomplissements (tribunaux islamiques, impôts que les mécréants doivent payer..). Al-Adnani prévient qu'il est du "devoir" de tous les musulmans du monde de prêter allégeance à son chef Abou Bakr al-Baghdadi, élevé au rang de calife, c'est-à-dire de successeur du Prophète Mohamed (QSSSL) dans l'exercice du pouvoir politique. Cette proclamation entérine une situation de fait sur le terrain. Après avoir pris le contrôle de Faloudja et de plusieurs quartiers de Ramadi en janvier, l'EIIL avait conquis à partir du 10 juin Mossoul, la deuxième ville d'Irak, de larges portions de sa province, Ninive, ainsi que des secteurs de celles de Salah ad-Dine et Diyala. De l'autre côté de la frontière avec la Syrie, les djihadistes contrôlaient déjà la ville de Raqqa, ainsi qu'une partie des provinces de Deir ez-Zor et d'Alep. En proclamant un califat, l'Etat islamique montre qu'il est là pour durer, malgré les manoeuvres politiques et militaires pour l'en déloger. En effet, l'armée irakienne, après la sévère déroute de la mi-juin, s'est lancée dans une reconquête de certains secteurs passés sous le contrôle des djihadistes, notamment la ville de Tikrit, tandis que la raffinerie de Baiji, très importante pour alimenter en essence les stations-services du nouveau califat, reste toujours entre les mains du gouvernement. "Rien n'a changé, souligne un ancien de l'armée de Saddam Hussein, joint au téléphone à Mossoul. Si ce n'est les quatre ou cinq missiles que l'armée irakienne a tirés près de chez nous." Il s'agit également de montrer à la population des zones sunnites sous son contrôle que la force dominante au sein de la rébellion est l'Etat islamique. Et aux autres groupes rebelles — anciens de l'armée de Saddam Hussein, baasistes, al-Nosra en Syrie — qu'il ne sert à rien de lutter contre l'EI, alors que des combats pour le pouvoir ont déjà commencé. L'EI a pris les devants alors que le Parlement devait se réunir hier à Bagdad pour déclencher le processus de formation d'un gouvernement, appelé à rassembler toutes les composantes pour mieux contrer la menace djihadiste. Bref, comme d'habitude, les djihadistes savent manier la communication. Menace pour le Moyen-Orient Mais il n'y a pas que de la "com" derrière cette initiative. Par sa présence qui a débordé au Liban, probablement en Jordanie ainsi qu'en Arabie saoudite, les représentants du califat constituent une menace pour l'ensemble du Moyen-Orient. D'ores et déjà, des appels à attaquer les lieux saints d'Arabie ont été lancés. Une riposte au message de Ramadhan du roi saoudien Abdallah s'engageant à écraser les terroristes qui menacent son pays. En recevant le week-end dernier, le secrétaire d'Etat, John Kerry, Abdallah avait promis de convaincre les dirigeants sunnites d'Irak de participer à un gouvernement d'union nationale, seule alternative à une implosion du pays. C'était couper l'herbe sous le pied des djihadistes, qui ont, eux aussi, besoin de ces chefs sunnites. Pour l'instant, ceux-ci préfèrent laisser les djihadistes avancer pour se débarrasser du Premier ministre chiite Nouri al- Maliki, qui n'a cessé de les marginaliser. Reste que cette proclamation renforce encore l'attraction du djihad auprès de tous les candidats à la guerre sainte en Europe ou ailleurs. Nul besoin de visa pour rejoindre la caravane d'Allah, précise le communiqué annonçant la naissance du califat. Même si sa prétention à abattre les frontières du Moyen-Orient reste encore un voeu pieu. "Musulmans (...) rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l'Occident. Revenez à votre religion", a lancé son porteparole Abou Mohammed al-Adnani en annonçant la naissance du califat dans un enregistrement vidéo, extrait de dix longues pages emplies de références aux compagnons du Prophète et à ses récents accomplissements (tribunaux islamiques, impôts que les mécréants doivent payer..). Al-Adnani prévient qu'il est du "devoir" de tous les musulmans du monde de prêter allégeance à son chef Abou Bakr al-Baghdadi, élevé au rang de calife, c'est-à-dire de successeur du Prophète Mohamed (QSSSL) dans l'exercice du pouvoir politique. Cette proclamation entérine une situation de fait sur le terrain. Après avoir pris le contrôle de Faloudja et de plusieurs quartiers de Ramadi en janvier, l'EIIL avait conquis à partir du 10 juin Mossoul, la deuxième ville d'Irak, de larges portions de sa province, Ninive, ainsi que des secteurs de celles de Salah ad-Dine et Diyala. De l'autre côté de la frontière avec la Syrie, les djihadistes contrôlaient déjà la ville de Raqqa, ainsi qu'une partie des provinces de Deir ez-Zor et d'Alep. En proclamant un califat, l'Etat islamique montre qu'il est là pour durer, malgré les manoeuvres politiques et militaires pour l'en déloger. En effet, l'armée irakienne, après la sévère déroute de la mi-juin, s'est lancée dans une reconquête de certains secteurs passés sous le contrôle des djihadistes, notamment la ville de Tikrit, tandis que la raffinerie de Baiji, très importante pour alimenter en essence les stations-services du nouveau califat, reste toujours entre les mains du gouvernement. "Rien n'a changé, souligne un ancien de l'armée de Saddam Hussein, joint au téléphone à Mossoul. Si ce n'est les quatre ou cinq missiles que l'armée irakienne a tirés près de chez nous." Il s'agit également de montrer à la population des zones sunnites sous son contrôle que la force dominante au sein de la rébellion est l'Etat islamique. Et aux autres groupes rebelles — anciens de l'armée de Saddam Hussein, baasistes, al-Nosra en Syrie — qu'il ne sert à rien de lutter contre l'EI, alors que des combats pour le pouvoir ont déjà commencé. L'EI a pris les devants alors que le Parlement devait se réunir hier à Bagdad pour déclencher le processus de formation d'un gouvernement, appelé à rassembler toutes les composantes pour mieux contrer la menace djihadiste. Bref, comme d'habitude, les djihadistes savent manier la communication. Menace pour le Moyen-Orient Mais il n'y a pas que de la "com" derrière cette initiative. Par sa présence qui a débordé au Liban, probablement en Jordanie ainsi qu'en Arabie saoudite, les représentants du califat constituent une menace pour l'ensemble du Moyen-Orient. D'ores et déjà, des appels à attaquer les lieux saints d'Arabie ont été lancés. Une riposte au message de Ramadhan du roi saoudien Abdallah s'engageant à écraser les terroristes qui menacent son pays. En recevant le week-end dernier, le secrétaire d'Etat, John Kerry, Abdallah avait promis de convaincre les dirigeants sunnites d'Irak de participer à un gouvernement d'union nationale, seule alternative à une implosion du pays. C'était couper l'herbe sous le pied des djihadistes, qui ont, eux aussi, besoin de ces chefs sunnites. Pour l'instant, ceux-ci préfèrent laisser les djihadistes avancer pour se débarrasser du Premier ministre chiite Nouri al- Maliki, qui n'a cessé de les marginaliser. Reste que cette proclamation renforce encore l'attraction du djihad auprès de tous les candidats à la guerre sainte en Europe ou ailleurs. Nul besoin de visa pour rejoindre la caravane d'Allah, précise le communiqué annonçant la naissance du califat. Même si sa prétention à abattre les frontières du Moyen-Orient reste encore un voeu pieu.