Il y a 51 ans, le 19 juin 1956 à 4 heures du matin, Ahmed Zabana est tiré de sa cellule de Serkadji pour être mis à mort. Il est le premier des 1.800 condamnés à mort algériens à bénéficier de «la civilisation de la guillotine» (dixit Victor Hugo). Il y a 51 ans, le 19 juin 1956 à 4 heures du matin, Ahmed Zabana est tiré de sa cellule de Serkadji pour être mis à mort. Il est le premier des 1.800 condamnés à mort algériens à bénéficier de «la civilisation de la guillotine» (dixit Victor Hugo). Ce matin-là, la machine refuse par deux fois d'obéir. Celle que le petit peuple français a surnommé «la veuve» en 1789, semble impressionnée par le courage et la sérénité du moudjahid. Selon ses compagnons de l'époque, la dernière chose que Ahmed Zabana arrive à arracher à ses bourreaux est de faire sa prière. Il refuse la cagoule et les mains liées et se met calmement dans la position requise pendant que la prison vibre sous les cris de «Tahya el-Djezaïr et Allahou Akbar» ! Par deux fois, l'engin de mort s'arrête à quelques centimètres de son cou. Ce qui, normalement, constitue un motif de grâce. Mais ce qui émeut l'acier n'a aucun pouvoir sur les autorités coloniales et à 4 heures 16 du matin, la tête du martyr tombe dans le panier.Le même jour, Abdelkader Ferradj, combattant algérien est également guillotiné. Plus tard, 360 autres prisonniers algériens seront à leur tour exécutés par décapitation. Seul l'avènement de l'indépendance en 1962 libère les centaines d'autres prisonniers des couloirs de la mort. «L'exécution du Chahid Ahmed Zabana, le 19 juin 1956, est un crime contre l'humanité », ont déclaré, il y a une année à Oran, un groupe d'avocats, de moudjahidine et de chercheurs. En Janvier dernier, Mustapha Boudina, président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, lance un appel aux avocats pour constituer le dossier des 360 Algériens exécutés par les tribunaux militaires coloniaux. Mustapha Boudina annonce prochainement un recours au Tribunal pénal international (TPI). Concernant l'exécution de Ahmed Zabana, selon les documents consultés par les spécialistes, la guillotine actionnée par trois fois constitue une grave infraction à la loi de l'époque. Malgré le refus de certains membres du jury présents sur les lieux, l'officier en charge de l'exécution reste imperturbable et ordonne aux bourreaux d'actionner l'engin jusqu'à ce que mort s'ensuive. La sentence aurait due être annulée pour permettre au condamné de bénéficier d'une autre peine prévue par la loi. Selon les historiens, en cette deuxième année de la guerre de Libération nationale, l'exécution des «rebelles» est un gage de bonne volonté que le gouvernement de René Coty veut offrir aux colons déstabilisés par l'insurrection. Le déroulement du procès de Zabana est entaché d'irrégularités et certains de ses avocats sont menacés de représailles par les colons. Son exécution s'ajoute donc à la liste des crimes contre l'humanité que la France coloniale a à son actif. Sa mort qui a profondément marqué la mémoire des Algériens a provoqué une immense colère populaire. Le chahid est né en 1926 au village d'El-Kasd, actuellement nommé Zahana d'après son vrai nom. Il grandit au sein d'une famille de huit enfants dont il est le quatrième. Les temps sont durs et la famille est obligée de se rendre à Oran pour survivre. C'est dans le quartier misérable mais si chaleureux d'El-Hamri que le jeune H'Mida et sa famille s'installent. Bon élève, il obtient le certificat d'études, mais en raison d'un apartheid qui ne dit pas son nom, il ne peut poursuivre plus loin ses études. Il apprend alors le métier de plombier. Au contact de l'amère réalité coloniale, sa conscience se forge. Après avoir adhéré aux Scouts musulmans algériens, il rejoint le Mouvement national en 1941 et voue sa courte vie à la patrie. L'écrivain algérien Yasmina Khadra a immortalisé la figure du martyr dans son roman, El-Qahira, la cellule de la mort. Ce matin-là, la machine refuse par deux fois d'obéir. Celle que le petit peuple français a surnommé «la veuve» en 1789, semble impressionnée par le courage et la sérénité du moudjahid. Selon ses compagnons de l'époque, la dernière chose que Ahmed Zabana arrive à arracher à ses bourreaux est de faire sa prière. Il refuse la cagoule et les mains liées et se met calmement dans la position requise pendant que la prison vibre sous les cris de «Tahya el-Djezaïr et Allahou Akbar» ! Par deux fois, l'engin de mort s'arrête à quelques centimètres de son cou. Ce qui, normalement, constitue un motif de grâce. Mais ce qui émeut l'acier n'a aucun pouvoir sur les autorités coloniales et à 4 heures 16 du matin, la tête du martyr tombe dans le panier.Le même jour, Abdelkader Ferradj, combattant algérien est également guillotiné. Plus tard, 360 autres prisonniers algériens seront à leur tour exécutés par décapitation. Seul l'avènement de l'indépendance en 1962 libère les centaines d'autres prisonniers des couloirs de la mort. «L'exécution du Chahid Ahmed Zabana, le 19 juin 1956, est un crime contre l'humanité », ont déclaré, il y a une année à Oran, un groupe d'avocats, de moudjahidine et de chercheurs. En Janvier dernier, Mustapha Boudina, président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, lance un appel aux avocats pour constituer le dossier des 360 Algériens exécutés par les tribunaux militaires coloniaux. Mustapha Boudina annonce prochainement un recours au Tribunal pénal international (TPI). Concernant l'exécution de Ahmed Zabana, selon les documents consultés par les spécialistes, la guillotine actionnée par trois fois constitue une grave infraction à la loi de l'époque. Malgré le refus de certains membres du jury présents sur les lieux, l'officier en charge de l'exécution reste imperturbable et ordonne aux bourreaux d'actionner l'engin jusqu'à ce que mort s'ensuive. La sentence aurait due être annulée pour permettre au condamné de bénéficier d'une autre peine prévue par la loi. Selon les historiens, en cette deuxième année de la guerre de Libération nationale, l'exécution des «rebelles» est un gage de bonne volonté que le gouvernement de René Coty veut offrir aux colons déstabilisés par l'insurrection. Le déroulement du procès de Zabana est entaché d'irrégularités et certains de ses avocats sont menacés de représailles par les colons. Son exécution s'ajoute donc à la liste des crimes contre l'humanité que la France coloniale a à son actif. Sa mort qui a profondément marqué la mémoire des Algériens a provoqué une immense colère populaire. Le chahid est né en 1926 au village d'El-Kasd, actuellement nommé Zahana d'après son vrai nom. Il grandit au sein d'une famille de huit enfants dont il est le quatrième. Les temps sont durs et la famille est obligée de se rendre à Oran pour survivre. C'est dans le quartier misérable mais si chaleureux d'El-Hamri que le jeune H'Mida et sa famille s'installent. Bon élève, il obtient le certificat d'études, mais en raison d'un apartheid qui ne dit pas son nom, il ne peut poursuivre plus loin ses études. Il apprend alors le métier de plombier. Au contact de l'amère réalité coloniale, sa conscience se forge. Après avoir adhéré aux Scouts musulmans algériens, il rejoint le Mouvement national en 1941 et voue sa courte vie à la patrie. L'écrivain algérien Yasmina Khadra a immortalisé la figure du martyr dans son roman, El-Qahira, la cellule de la mort.