Il y a cinq siècles, les frères Baba-Arroudj (dits Barberousse) ont bâti une forteresse pour assurer la défense d'Alger. A partir de 1830, le colonialisme français transformera cette forteresse en une prison qui deviendra tristement célèbre. La prison de Barberousse ou Serkadji est située sur les hauteurs de La Casbah d'Alger, et domine de sa masse imposante le quartier Louni Arezki (ex-Rampe Vallée). Elle est entourée d'une grande muraille d'environs 12 mètres de hauteur et de 70 centimètres d'épaisseur. A l'intérieur, elle a la forme d'un polygone sur lequel débouchent plusieurs couloirs qui forment une sorte de labyrinthe interminable. C'est dans cet enfer lugubre, avec ses cellules, ses geôles, ses ergastules et autres mitards, que la France coloniale – la France des droits de l'homme – a infligé les pires sévices aux prisonniers de guerre algériens durant la guerre de Libération nationale. Des milliers de résistants et résistantes y furent incarcérés. A l'époque coloniale, le nom de Serkadji faisait frémir plus d'un. Le pénitencier était considéré comme l'antichambre de la mort. Qui y entrait en ressortait rarement vivant. La guillotine a commencé à fonctionner à Barberousse/Serkadji, le 19 juin 1956, les deux premières victimes furent les martyrs de la révolution Ahmed Zabana et Abdelkader Ferradj. Dans la cour de la prison, les noms de tous les condamnés à mort exécutés sont gravés sur une stèle, incrustés à jamais dans cette forteresse où tant de sang algérien a coulé. Et l'antichambre du condamné à mort, c'est sa cellule exiguë, dans laquelle il attend, seul et angoissé, l'aube fatale où le bourreau vient le chercher à 4 heures du matin. Là, il frissonne, puis debout et fier face à son geôlier, il entonnera l'hymne national en priant Dieu de l'assister. Peu après, le bourreau actionnera sa sinistre machine et le couperet tombera… Chaque patriote exécuté dans cette sinistre prison avait son histoire. L'histoire des derniers jours de sa vie. Elle était identique de chacun de ses co-détenus. Toutes ces histoires – des centaines forment un chapitre glorieux de l'Histoire de l'Algérie indépendante.