Ahmed Zahana, dit Zabana, est né en 1926 à Djenane Meskine (Oran) où il fréquente l'école publique et obtient le certificat d'études primaires. Faute de pouvoir continuer ses études, il se tourna vers la formation professionnelle et parvient à avoir un diplôme et un emploi de soudeur. Mais déjà dès sa prime adolescence – Ahmed Zabana, connu sous le nom de H'mida – commençait à éprouver un profond sentiment d'injustice devant l'occupation coloniale. Ces étrangers qui se conduisaient en maîtres dans son propre pays. Son patriotisme exacerbé va le pousser à se rapprocher des organisations nationalistes susceptibles de l'aider à comprendre et surtout à agir. Car malgré son jeune âge, il était convaincu que c'est seulement en agissant que les Algériens pourraient récupérer leur pays. En 1940, Ahmed Zabana entra dans le groupe local des Scouts Musulmans Algériens au sein duquel son patriotisme s'enrichit et se renforça. La condamnation à mort et l'exécution le 27 mai 1941 de Mohamed Bouras, fondateur des S.M.A, l'affecte profondément. En 1949, il adhère au M.T.L.D, parti indépendantiste qui a crée en 1947 L'Organisation spéciale (l'OS) clandestine chargée de la lutte armée contre l'occupant. Ahmed Zabana est intégré à l'OS et avait, enfin, la possibilité d'étancher sa soif d'action. En 1950, il est nommé responsable de la IVème région de l'OS en Oranie. La même année, il participa avec son groupe à l'attaque contre l'agence postale d'Oran… Mais, à partir de 1950, la police coloniale a réussi à infiltrer l'OS, elle procéda à l'arrestation de plusieurs responsables et militants de cette organisation para-militaire – dont Ahmed Zabana. Traduit en justice, Ahmed Zabana fut condamné à 3 ans de prison et à la perte de ses droits civiques. En prison, il observe une grève de la faim de 35 jours pour exprimer sa révolte. Libéré en août 1953, et interdit de séjour à Oran et à Djenane Meskine, il fut obligé de s'exiler, le 5 juillet 1954, à Mostaganem. C'est là que Larbi Ben M'hidi le contacte et le charge de mobiliser et de préparer Djeniène Meskine et sa région au déclenchement prochain de la guerre de Libération. Le 30 octobre 1954, Larbi Ben M'hidi se déplaça à Djenane Meskine pour rencontrer les chefs de la résistance locale. Il leur donna ses dernières orientations ainsi que l'autorisation de lancer, dans la nuit du 1er novembre, des opérations armées contre les intérêts locaux du colonialisme. Le 4 novembre 1954, Ahmed Zabana lance l'opération de « la mare d'eau » contre la maison des gardes forestiers et dont le but initial était de se procurer des armes. Un garde forestier a été tué et Zabana et ses compagnons se sont présentés à sa fille comme les soldats de l'Armée de libération nationale. Le 8 novembre 1954, les forces coloniales découvrent la base secrète de Ahmed Zabana et ses compagnons à Ghar Boudjlida. La grotte fut encerclée, et les soldats français, précédés par un déluge de feu, tentent vainement d'en déloger les occupants. La résistance héroïque de Ahmed Zabana et ses compagnons les tient en échec pendant quatre heures. Mais le combat était trop inégal. Ibrahimi Abdelkader tombe au champ d'honneur, Ahmed Zabana et Fettah Abdellah sont blessés. Ahmed Zabana ordonna à ses compagnons valides de s'échapper… Touché durant le combat avec les forces coloniales à une jambe, au bras gauche et à la tempe, il est arrêté sur les lieux mêmes du combat à Ghar Boudjlida, il est aussitôt transféré et emprisonné à Oran. Mutilé et laissé sans soins pendant une longue période, ses blessures n'empêchèrent pas le tribunal d'Oran de le condamner à la peine capitale le 21 avril 1955. Le 3 mai 1955, Zabana fut transféré à la prison de Serkadji à Alger, il dut croupir durant ces 14 mois qu'il passera dans des cellules, des geôles et autres mitards de condamnés à mort dans cette forteresse, et y restera jusqu'à son exécution. Pendant ce temps, l'avocat de Ahmed Zabana a demandé la grâce du condamné au président Français René Coty, celui-ci a refusé d'exercer son droit de grâce. Ahmed Zabana, par contre, ne sollicitera aucune grâce de ses bourreaux. Quelques heures avant sa mort, il écrit une lettre à sa mère, et lui demande de ne pas pleurer et d'être fière de son fils ; ne sois pas triste, je meurs pour l'Algérie. Ahmed Zabana a été exécuté le 19 juin 1956, à 4h00 du matin, à la prison de Serkadji, à Alger. Selon la loi française et coloniale, la mort du «condamné devait être rapide et sans souffrances inutiles. La mort de Ahmed Zabana fut longue et cruelle, le couperet qui allait lui trancher la tête s'arrêta une fois à quelques centimètres de son cou. Les participants (1) étaient impressionnés. Le bourreau voulait arrêter l'exécution mais ses chefs, consultés, lui donnent l'ordre de continuer «jusqu'à ce que mort s'ensuive». On n'ose imaginer l'horrible souffrance morale infligée inutilement au condamné à ce moment-là. A la deuxième tentative, le couperet accomplit son œuvre, et le martyr Ahmed Zabana rendit son âme à Dieu. Mais on ne savait pas alors que l'autre condamné à mort Abdelkader Ferradj, a été obligé de regarder tout le supplice infligé à Ahmed Zabana. Avant de passer lui-même sous la même guillotine à 4h07. Ebruitées, ces exécutions barbares ont soulevé une émotion considérable et beaucoup d'indignation dans le monde. * (1) Les geôliers qui amènent entravé aux pieds le condamné à mort jusqu'au lieu du supplice, le procureur, le médecin légiste, l'avocat, l'imam, le directeur de la prison, le gardien chef de la prison, le bourreau exécuteur en chef et ses adjoints.