Avec son roman «Hadara, l'enfant autruche», la journaliste et romancière suédoise Monika Zak conte une histoire d'autant plus merveilleuse qu'elle est vraie. Celle d'un petit garçon perdu dans le désert à l'âge de deux ans et qui est pris en charge par un troupeau d'autruches durant une décennie, jusqu'à ce que les siens le retrouvent. Avec son roman «Hadara, l'enfant autruche», la journaliste et romancière suédoise Monika Zak conte une histoire d'autant plus merveilleuse qu'elle est vraie. Celle d'un petit garçon perdu dans le désert à l'âge de deux ans et qui est pris en charge par un troupeau d'autruches durant une décennie, jusqu'à ce que les siens le retrouvent. Lorsqu'en 1993, la reporter suédoise parcourt le sud-ouest algérien pour le compte du magazine suédois Globen, elle ne croit pas un mot de l'histoire qu'elle entend de la bouche de ses hôtes sahraouis, après les trois verres de thé traditionnels. Pourtant, les nomades n'omettent jamais de conclure le récit en soulignant la véracité et en dévoilant le nom de son héros, Hadara. Quand la fiction devient réalité Monica Zak, dont le sujet de reportage est l'hospitalité légendaire des Sahraouis, publie cette histoire comme un exemple de l'art de la narration dans le désert. Elle est alors invitée par deux de ses lecteurs algériens résidant à Stockholm et originaires du sud-ouest. Monica est abasourdie lorsque nos deux compatriotes la félicitent pour son travail et lui demandent si elle a rencontré Ahmedu l'un des fils de Hadara. «Les deux hommes m'ont assuré avec le plus grand sérieux que l'histoire était vraie. Hadara était mort, mais son fils se trouvait encore en Algérie. Qui plus est, un des hommes s'est mis à danser la danse de l'autruche. Il était élégamment vêtu, et il dansait en faisant voltiger sa cravate. Il prétendait que c'était Hadara lui-même qui lui avait enseigné la danse de l'autruche et que tout le monde dans l'ouest algérien sait la danser aujourd'hui» note l'auteure dans sa post-face. Commence alors une investigation qui la mène de nouveau en Algérie en automne 2000. Munie d'un magnétophone et d'un interprète, elle finit par trouver l'héritier de Hadara. «Je suis très fier de mon papa» lui dit Ahmedu Hadara. «Il m'a appris à moi ainsi qu'à mes frères et sœurs à aimer les bêtes…» Ahmedu Hadara visite régulièrement la tombe de son père, isolée dans le désert selon les vœux du défunt. Aujourd'hui, il n'y a plus de traces d'autruches sur la tombe car les grands oiseaux invincibles n'ont rien pu faire face à l'armée coloniale qui a introduit de nouvelles méthodes de chasse qui les a détruites massivement. Un hymne au Sahara Ce roman, qui immortalise l'aventure singulière d'un enfant du désert, fait découvrir les merveilles que la nature dispense à profusion. On y apprend que l'autruche a un très fort instinct parental. Les scientifiques savent bien qu'elle «vole» régulièrement les petits des autres pour les élever. Pour les autruches comme pour les loups, les singes et d'autres espèces, l'adoption du petit d'une autre espèce est naturelle. Dès que Hogg, le mâle et Makoo, la femelle, découvrent l'enfant perdu qui pleure, ils n'ont de cesse que de l'apprivoiser. La loi des troupeaux d'autruches veut que l'on s'achemine à la vitesse des plus faibles. C'est l'enfant qui dicte durant dix ans la vitesse à laquelle le troupeau avance à travers les dunes et les regs. Ce joli récit fait découvrir un éden où de nombreuses espèces sauvages cohabitent. Le petit garçon va trouver d'excellents guides pour apprendre à affronter les prédateurs qui abondent. Ainsi, le premier souvenir de Hadara est venimeux : «Il allait se souvenir d'une grotte et d'une drôle de bête qui rampait vers lui. Plus tard, il allait apprendre à reconnaître les huit espèces de scorpions mortels qu'on trouve dans le désert, et aussi à faire particulièrement attention à eux.» Cette première journée du petit garçon avec les autruches est décisive. D'autant plus qu'elles ont perdu leurs propres œufs. «La tempête de sable dura longtemps et les autruches abandonnèrent toute idée d'essayer de retrouver leur nid et leurs œufs. Au lieu de cela, elles se consacrèrent à l'enfant. La nuit, des scarabées noirs sortaient du sable dans la grotte, elles les tuaient et les poussaient vers le garçon. A leur grande joie, elles virent que le garçon avait de bonnes dents et qu'il pouvait mastiquer.» Avec tendresse, la romancière décrit un univers magnifique mais où survivre ne tient souvent qu'à la rapidité des réflexes. On y découvre Daby, la gazelle qui pleure se sachant condamnée. La panthère, le lion et le chacal avides d'œufs et d'autruchons. Très vite, Hadara, le protégé des oiseaux, devient le protecteur de leur nid. La symbiose entre lui et ses parents adoptifs est parfaite et leurs liens affectifs se resserrent chaque jour davantage. Une leçon de vie Lorsque enfin la rencontre de Hadara avec les hommes a lieu, à la grande joie de sa mère, Fatma, qui n'a jamais cru à sa mort, l'enfant est complètement revenu à l'état naturel. Il se déplace, court, mange et est muet comme une autruche. Durant 48 heures, le grand troupeau suit la caravane qui leur a volé Hadara. Mais les oiseaux finissent par abandonner la poursuite car Hadara est prisonnier et solidement ligoté. Ses retrouvailles avec sa mère sont magiques et peu à peu l'enfant redécouvre les humains. Il retrouve l'usage de sa voix grâce à une thérapie brutale qui consiste à le faire descendre ligoté, la tête la première dans un puits. Après cela, tout va très vite. Il est pris en charge par un vieux sage qui lui apprend à parler, à lire et écrire. Plus chanceux que Gaspar Hauser, sa rencontre avec une belle jeune fille, Kharouba, achève de le socialiser. De leur mariage naissent cinq enfants, dont Ahmedu, l'interlocuteur de l'auteure. Pourtant, traumatisé par la séparation brutale avec ses parents adoptifs, le jeune homme veut les retrouver. Il retourne seul dans le désert pendant sept ans, au bout desquels il revient à sa femme et accepte son existence d'être humain. Sa communication avec les chameaux, moutons et autres animaux domestiques est d'une qualité exceptionnelle et toute sa vie il considère que les égorger est un crime abject. Durant sa paisible existence, il est aimé et respecté des siens qui le protègent de la curiosité des touristes étrangers. Cette expérience accidentelle fait réfléchir à ce que pourrait être une vraie relation entre les hommes et les animaux. Mais sur cette planète où le décalage entre le niveau de connaissance des êtres humains et celui de leur sagesse reste dramatique, ils continuent à s'entre-déchirer et à être de loin l'espèce la plus dangereuse. Celle qui malgré ses capacités extraordinaires peut s'abaisser «plus bas que les pourceaux...» Lorsqu'en 1993, la reporter suédoise parcourt le sud-ouest algérien pour le compte du magazine suédois Globen, elle ne croit pas un mot de l'histoire qu'elle entend de la bouche de ses hôtes sahraouis, après les trois verres de thé traditionnels. Pourtant, les nomades n'omettent jamais de conclure le récit en soulignant la véracité et en dévoilant le nom de son héros, Hadara. Quand la fiction devient réalité Monica Zak, dont le sujet de reportage est l'hospitalité légendaire des Sahraouis, publie cette histoire comme un exemple de l'art de la narration dans le désert. Elle est alors invitée par deux de ses lecteurs algériens résidant à Stockholm et originaires du sud-ouest. Monica est abasourdie lorsque nos deux compatriotes la félicitent pour son travail et lui demandent si elle a rencontré Ahmedu l'un des fils de Hadara. «Les deux hommes m'ont assuré avec le plus grand sérieux que l'histoire était vraie. Hadara était mort, mais son fils se trouvait encore en Algérie. Qui plus est, un des hommes s'est mis à danser la danse de l'autruche. Il était élégamment vêtu, et il dansait en faisant voltiger sa cravate. Il prétendait que c'était Hadara lui-même qui lui avait enseigné la danse de l'autruche et que tout le monde dans l'ouest algérien sait la danser aujourd'hui» note l'auteure dans sa post-face. Commence alors une investigation qui la mène de nouveau en Algérie en automne 2000. Munie d'un magnétophone et d'un interprète, elle finit par trouver l'héritier de Hadara. «Je suis très fier de mon papa» lui dit Ahmedu Hadara. «Il m'a appris à moi ainsi qu'à mes frères et sœurs à aimer les bêtes…» Ahmedu Hadara visite régulièrement la tombe de son père, isolée dans le désert selon les vœux du défunt. Aujourd'hui, il n'y a plus de traces d'autruches sur la tombe car les grands oiseaux invincibles n'ont rien pu faire face à l'armée coloniale qui a introduit de nouvelles méthodes de chasse qui les a détruites massivement. Un hymne au Sahara Ce roman, qui immortalise l'aventure singulière d'un enfant du désert, fait découvrir les merveilles que la nature dispense à profusion. On y apprend que l'autruche a un très fort instinct parental. Les scientifiques savent bien qu'elle «vole» régulièrement les petits des autres pour les élever. Pour les autruches comme pour les loups, les singes et d'autres espèces, l'adoption du petit d'une autre espèce est naturelle. Dès que Hogg, le mâle et Makoo, la femelle, découvrent l'enfant perdu qui pleure, ils n'ont de cesse que de l'apprivoiser. La loi des troupeaux d'autruches veut que l'on s'achemine à la vitesse des plus faibles. C'est l'enfant qui dicte durant dix ans la vitesse à laquelle le troupeau avance à travers les dunes et les regs. Ce joli récit fait découvrir un éden où de nombreuses espèces sauvages cohabitent. Le petit garçon va trouver d'excellents guides pour apprendre à affronter les prédateurs qui abondent. Ainsi, le premier souvenir de Hadara est venimeux : «Il allait se souvenir d'une grotte et d'une drôle de bête qui rampait vers lui. Plus tard, il allait apprendre à reconnaître les huit espèces de scorpions mortels qu'on trouve dans le désert, et aussi à faire particulièrement attention à eux.» Cette première journée du petit garçon avec les autruches est décisive. D'autant plus qu'elles ont perdu leurs propres œufs. «La tempête de sable dura longtemps et les autruches abandonnèrent toute idée d'essayer de retrouver leur nid et leurs œufs. Au lieu de cela, elles se consacrèrent à l'enfant. La nuit, des scarabées noirs sortaient du sable dans la grotte, elles les tuaient et les poussaient vers le garçon. A leur grande joie, elles virent que le garçon avait de bonnes dents et qu'il pouvait mastiquer.» Avec tendresse, la romancière décrit un univers magnifique mais où survivre ne tient souvent qu'à la rapidité des réflexes. On y découvre Daby, la gazelle qui pleure se sachant condamnée. La panthère, le lion et le chacal avides d'œufs et d'autruchons. Très vite, Hadara, le protégé des oiseaux, devient le protecteur de leur nid. La symbiose entre lui et ses parents adoptifs est parfaite et leurs liens affectifs se resserrent chaque jour davantage. Une leçon de vie Lorsque enfin la rencontre de Hadara avec les hommes a lieu, à la grande joie de sa mère, Fatma, qui n'a jamais cru à sa mort, l'enfant est complètement revenu à l'état naturel. Il se déplace, court, mange et est muet comme une autruche. Durant 48 heures, le grand troupeau suit la caravane qui leur a volé Hadara. Mais les oiseaux finissent par abandonner la poursuite car Hadara est prisonnier et solidement ligoté. Ses retrouvailles avec sa mère sont magiques et peu à peu l'enfant redécouvre les humains. Il retrouve l'usage de sa voix grâce à une thérapie brutale qui consiste à le faire descendre ligoté, la tête la première dans un puits. Après cela, tout va très vite. Il est pris en charge par un vieux sage qui lui apprend à parler, à lire et écrire. Plus chanceux que Gaspar Hauser, sa rencontre avec une belle jeune fille, Kharouba, achève de le socialiser. De leur mariage naissent cinq enfants, dont Ahmedu, l'interlocuteur de l'auteure. Pourtant, traumatisé par la séparation brutale avec ses parents adoptifs, le jeune homme veut les retrouver. Il retourne seul dans le désert pendant sept ans, au bout desquels il revient à sa femme et accepte son existence d'être humain. Sa communication avec les chameaux, moutons et autres animaux domestiques est d'une qualité exceptionnelle et toute sa vie il considère que les égorger est un crime abject. Durant sa paisible existence, il est aimé et respecté des siens qui le protègent de la curiosité des touristes étrangers. Cette expérience accidentelle fait réfléchir à ce que pourrait être une vraie relation entre les hommes et les animaux. Mais sur cette planète où le décalage entre le niveau de connaissance des êtres humains et celui de leur sagesse reste dramatique, ils continuent à s'entre-déchirer et à être de loin l'espèce la plus dangereuse. Celle qui malgré ses capacités extraordinaires peut s'abaisser «plus bas que les pourceaux...»