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«Le vide juridique derrière le problème de l'enfance assistée» M. Slimani Farid, président de l'association des personnes assistées et des orphelins au Midi libre
Etant un acteur actif du tissu associatif, comment qualifierez-vous la condition de l'enfance assistée en Algérie ? La prise en charge des orphelins en Algérie est un sujet très délicat qui ne peut être évoqué sans nous rappeler les défaillances, les manques sur le terrain et l'énorme vide juridique qui n'accorde à l'orphelin aucun statut particulier. Les orphelins sont une catégorie marginalisée, certains d'entre eux sont placés dans des familles d'accueil, d'autres passent leur vie entière dans des orphelinats, alors que quelques-uns, comme est le cas des enfants de l'orphelinat de Médéa, passent toute leur vie au sein de cette structure. Bien que l'Algérie ait signé toutes les conventions internationales en rapport aux droits de l'enfance, aucune disposition efficace n'est palpable sur le terrain. Depuis quand existe l'association des personnes assistées et des orphelins ? Notre association, fondée essentiellement par des orphelins dont je fais partie, existe depuis 15 ans. Le motif de sa création était de défendre les orphelins contre la marginalisation. J'estime que les problèmes de l'enfance assistée à Alger ont commencé juste après la fermeture de la cité de l'enfance à Alger en 1982 qui accueillait à l'époque plusieurs enfants. Certains ont été placés dans des familles d'accueil, d'autres ont été replacés dans leur famille et un groupe de 25 enfants ont été, malheureusement, installés dans le centre de redressement de Birkhadem à l'époque. L'association a ouvert ses portes pour porter assistance aux orphelins de la capitale. Cependant, en constatant les manquements sur terrain en matière de prise en charge de l'enfance assistée, nous avons entamé une série de déplacements dans quelques orphelinats proches de la capitale, comme celui de Médéa, Ténès, Taref, Sétif. Comment expliquez-vous l'absence d'un orphelinat à Alger ? L'absence d'un orphelinat dans la capitale est un fait important à relever. Depuis la fermeture de la cité de l'enfance en 1982, pour des raisons encore inconnus, les orphelins d'Alger sont placés dans des centres d'accueil pour personnes âgées, mères célibataires ou autre, ce qui est absurde. Ces enfants n'ont même pas un espace propre à eux et manquent d'ambiance familiale. Les enfants ont besoin d'infrastructure propre à eux. Même ceux qui sont placés dans des familles d'accueil risquent à n'importe quel moment de se trouver dans la rue pour une raison ou une autre. Qu'advient-il des orphelins qui dépassent l'âge de majorité ? Vous posez là un problème très épineux. Après la fermeture de la cité de l'enfance assistée, l'Etat algérien a adopté des mesures salutaires au profit des orphelins, à savoir les placer dans des maisons d'accueil (des familles qui avaient à l'époque une progéniture) auxquelles il versait des sommes d'argent pour la prise en charge de ces gosses. A l'âge de 14, 15 ans. l'Etat ne versant plus l'argent à ces parents, ces derniers mettent à la porte les gosses qui se retrouvent dans la rue. Il serait, selon mes estimations, près de 70 % d'orphelins sans hébergement actuellement. Certains continuent à vivre dans les centres d'accueil à défaut de sérieuses dispositions. Le vide juridique qui ne protège pas l'enfant contre la rue puisque la loi estime qu'à partir de 18 ans le jeune doit quitter le centre d'accueil, mais pour aller où ? Toute une problématique qui se pose. A la lumière de la situation de l'enfance assistée en Algérie, quels sont les objectifs de votre association ? D'abord, notre souci majeur à l'avenir est de créer une association nationale qui regroupe toutes les associations qui prennent en charge l'enfance assistée. En nous regroupant en association nationale, nous pourrons bénéficier de l'aide des organisations internationales nettement plus sensibles à la détresse des orphelins. Nous comptons lancer une série de projets au profit des orphelins dont la création de deux auberges par wilaya pour l'accueil des orphelins et dans lesquelles l'enfant étudiera, travaillera et versera de son salaire, une somme d'argent symbolique pour l'hébergement. Selon vous, combien y'a-t-il d'orphelins en Algérie? Je n'ai pas une estimation précise, mais tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a des milliers d'enfants assistés qui se trouvent dans des centres, dans des familles d'accueil ou dans la rue. J'appelle aussi à la restriction de l'adoption aux couples stériles qui pourraient réellement prendre soin de l'enfant. Quels seraient, à votre avis, les problèmes majeurs de l'enfance assistée en Algérie ? Le vide juridique, l'absence d'un statut de l'orphelin, les conditions de vie précaires dans lesquelles se trouvent des orphelinats à l'intérieur du pays dont celui de Médéa, la défaillance de la formation des éducateurs spécialisés pour l'accompagnement des enfants assistés dans les pouponnières, l'absence de loi qui protège l'orphelin, le manque d'infrastructures pour enfance assistée et de structures qui accueillent le gosse après l'âge de majorité sont entre autres problèmes concrètement vécu par cette frange de la société. Peut-on parler de statut de l'orphelin en Algérie ? L'Etat algérien a signé toutes les conventions internationales en rapport avec les droits de l'enfance, mais il n'existe concrètement aucun droit pour l'enfant orphelin qui continue à vivre dans des conditions déplorables. L'adoption d'une politique nationale adaptée pour l'enfance assistée et la reconnaissance d'un statut particulier de l'orphelin sont des mesures fondamentales. A quoi appelez-vous en matière de prise en charge de l'enfance assistée ? La création d'auberges, comme je l'ai cité plus haut pour apprendre à ce jeune à se prendre en charge. Cessons de stigmatiser cette catégorie, améliorons leur insertion sociale en leur offrant plus de chance pour s'intégrer à la société. C'est de cela qu'ont besoin les orphelins de l'Algérie. Etant un acteur actif du tissu associatif, comment qualifierez-vous la condition de l'enfance assistée en Algérie ? La prise en charge des orphelins en Algérie est un sujet très délicat qui ne peut être évoqué sans nous rappeler les défaillances, les manques sur le terrain et l'énorme vide juridique qui n'accorde à l'orphelin aucun statut particulier. Les orphelins sont une catégorie marginalisée, certains d'entre eux sont placés dans des familles d'accueil, d'autres passent leur vie entière dans des orphelinats, alors que quelques-uns, comme est le cas des enfants de l'orphelinat de Médéa, passent toute leur vie au sein de cette structure. Bien que l'Algérie ait signé toutes les conventions internationales en rapport aux droits de l'enfance, aucune disposition efficace n'est palpable sur le terrain. Depuis quand existe l'association des personnes assistées et des orphelins ? Notre association, fondée essentiellement par des orphelins dont je fais partie, existe depuis 15 ans. Le motif de sa création était de défendre les orphelins contre la marginalisation. J'estime que les problèmes de l'enfance assistée à Alger ont commencé juste après la fermeture de la cité de l'enfance à Alger en 1982 qui accueillait à l'époque plusieurs enfants. Certains ont été placés dans des familles d'accueil, d'autres ont été replacés dans leur famille et un groupe de 25 enfants ont été, malheureusement, installés dans le centre de redressement de Birkhadem à l'époque. L'association a ouvert ses portes pour porter assistance aux orphelins de la capitale. Cependant, en constatant les manquements sur terrain en matière de prise en charge de l'enfance assistée, nous avons entamé une série de déplacements dans quelques orphelinats proches de la capitale, comme celui de Médéa, Ténès, Taref, Sétif. Comment expliquez-vous l'absence d'un orphelinat à Alger ? L'absence d'un orphelinat dans la capitale est un fait important à relever. Depuis la fermeture de la cité de l'enfance en 1982, pour des raisons encore inconnus, les orphelins d'Alger sont placés dans des centres d'accueil pour personnes âgées, mères célibataires ou autre, ce qui est absurde. Ces enfants n'ont même pas un espace propre à eux et manquent d'ambiance familiale. Les enfants ont besoin d'infrastructure propre à eux. Même ceux qui sont placés dans des familles d'accueil risquent à n'importe quel moment de se trouver dans la rue pour une raison ou une autre. Qu'advient-il des orphelins qui dépassent l'âge de majorité ? Vous posez là un problème très épineux. Après la fermeture de la cité de l'enfance assistée, l'Etat algérien a adopté des mesures salutaires au profit des orphelins, à savoir les placer dans des maisons d'accueil (des familles qui avaient à l'époque une progéniture) auxquelles il versait des sommes d'argent pour la prise en charge de ces gosses. A l'âge de 14, 15 ans. l'Etat ne versant plus l'argent à ces parents, ces derniers mettent à la porte les gosses qui se retrouvent dans la rue. Il serait, selon mes estimations, près de 70 % d'orphelins sans hébergement actuellement. Certains continuent à vivre dans les centres d'accueil à défaut de sérieuses dispositions. Le vide juridique qui ne protège pas l'enfant contre la rue puisque la loi estime qu'à partir de 18 ans le jeune doit quitter le centre d'accueil, mais pour aller où ? Toute une problématique qui se pose. A la lumière de la situation de l'enfance assistée en Algérie, quels sont les objectifs de votre association ? D'abord, notre souci majeur à l'avenir est de créer une association nationale qui regroupe toutes les associations qui prennent en charge l'enfance assistée. En nous regroupant en association nationale, nous pourrons bénéficier de l'aide des organisations internationales nettement plus sensibles à la détresse des orphelins. Nous comptons lancer une série de projets au profit des orphelins dont la création de deux auberges par wilaya pour l'accueil des orphelins et dans lesquelles l'enfant étudiera, travaillera et versera de son salaire, une somme d'argent symbolique pour l'hébergement. Selon vous, combien y'a-t-il d'orphelins en Algérie? Je n'ai pas une estimation précise, mais tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a des milliers d'enfants assistés qui se trouvent dans des centres, dans des familles d'accueil ou dans la rue. J'appelle aussi à la restriction de l'adoption aux couples stériles qui pourraient réellement prendre soin de l'enfant. Quels seraient, à votre avis, les problèmes majeurs de l'enfance assistée en Algérie ? Le vide juridique, l'absence d'un statut de l'orphelin, les conditions de vie précaires dans lesquelles se trouvent des orphelinats à l'intérieur du pays dont celui de Médéa, la défaillance de la formation des éducateurs spécialisés pour l'accompagnement des enfants assistés dans les pouponnières, l'absence de loi qui protège l'orphelin, le manque d'infrastructures pour enfance assistée et de structures qui accueillent le gosse après l'âge de majorité sont entre autres problèmes concrètement vécu par cette frange de la société. Peut-on parler de statut de l'orphelin en Algérie ? L'Etat algérien a signé toutes les conventions internationales en rapport avec les droits de l'enfance, mais il n'existe concrètement aucun droit pour l'enfant orphelin qui continue à vivre dans des conditions déplorables. L'adoption d'une politique nationale adaptée pour l'enfance assistée et la reconnaissance d'un statut particulier de l'orphelin sont des mesures fondamentales. A quoi appelez-vous en matière de prise en charge de l'enfance assistée ? La création d'auberges, comme je l'ai cité plus haut pour apprendre à ce jeune à se prendre en charge. Cessons de stigmatiser cette catégorie, améliorons leur insertion sociale en leur offrant plus de chance pour s'intégrer à la société. C'est de cela qu'ont besoin les orphelins de l'Algérie.