Etre orphelin ne constitue aucunement une fatalité, selon les spécialistes. C'est une manière originale de célébrer la Journée mondiale de l'enfance, celle initiée par l'association «Tafunast Igujilen» de Tizi Ouzou. Cette association s'est éloignée des traditionnelles commémorations plus portées sur le football et le festif. Elle a choisi une voie plutôt pédagogique, en organisant une journée d'étude sur la psychologie de l'orphelin. Sans diminuer en rien le mérite de cette association, qui a réussi à tenir une événement intéressant dans un climat d'organisation impeccable, il faudrait toutefois déplorer le fait que l'association n'a pas eu le réflexe d'inviter des conférenciers maîtrisant le kabyle car dans la salle, beaucoup de présents ont eu du mal à suivre. La majorité des interventions étaient faites dans un arabe châtié. Mais le Dr Bouzidi, chef de service psychiatrie du CHU de Tizi Ouzou a, lui, compris l'enjeu de la communication et s'est adressé au public dans la langue de la majorité. L'intervention du Dr Bouzidi a été d'autant plus importante qu'elle s'est inscrite en contradiction avec la logique répandue qui fait qu'il faudrait se comporter avec l'orphelin comme s'il s'agissait d'une personne diminuée. Le psychiatre a expliqué que tout enfant est équilibré et ce, quelles que soient ses conditions sociales. «Tous les problèmes que pourrait rencontrer un orphelin dans sa vie ont des solutions, voire même plusieurs solutions», a rassuré le Dr Bouzidi. Ce dernier a récusé de manière ferme le langage qui soutient que les parents sont irremplaçables. Pour l'intervenant, l'enfant naît dans une société. Chaque élément de cette dernière doit accomplir son devoir à l'égard de l'orphelin. La preuve qu'être orphelin ne constitue aucunement une fatalité, le Dr Bouzidi la donnera en rappelant qu'il y a beaucoup d'orphelins qui ont réussi dans leur vie. Etre orphelin peut même constituer un élément positif puisqu'il permet d'acquérir le sens de la responsabilité à un âge précoce et offre, en même temps, la chance à l'enfant d'acquérir le tempérament de la combativité. Une caractéristique qui peut aussi constituer une énorme source d'énergie dans la vie. D'ailleurs, les propos optimistes du Dr Mustapha Bouzidi seront confirmés et confortés par des exemples concrets donnés par le directeur d'une école primaire. Dans son témoignage, ce dernier a indiqué, exemples à l'appui, que les enfants ne sont pas forcément marqués négativement par la perte d'un parent. Il exhibe des livrets scolaires d'élèves ayant perdu un parent lors de l'année scolaire. Il y est constaté que cet événement douloureux n'a pas vraiment entraîné une baisse de niveau. Toutefois, il peut y avoir des exceptions comme le cas d'une élève ayant perdu, en même temps sa mère et son père. Cette dernière n'a pas pu surmonter cette épreuve. Dans ce cas précis, intervient alors le rôle indispensable du psychologue. C'est l'une des recommandations de cette journée d'étude: un psychologue dans chaque établissement scolaire. L'élève n'ayant pas bénéficié d'une prise en charge psychologique aurait pu se sortir de l'épreuve si elle ne s'était pas retrouvée seule. L'inexistence de structures pour orphelins en Algérie pose un sérieux problème d'après les intervenants. Celles-ci sont indispensables à notre époque avec la disparition des grandes familles. Un enfant qui perd simultanément ses deux parents doit avoir la possibilité d'être accueilli dans un orphelinat. La journée d'étude de l'association «Tafunast igoujilen» n'est qu'un premier pas qui doit être suivi d'autres initiatives à même de permettre à la question de la prise en charge des orphelins, de se faire dans les meilleures conditions possibles. L'action de cette association est aussi une opportunité pour rappeler le devoir de tout citoyen de mener des actions humanitaires au profit de cette frange de la société.