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Zlabia, cherbet et l'incontournable belote
soirées de Ramadhan à Boufarik
Publié dans Le Midi Libre le 07 - 09 - 2008

Boufarik, durant le Ramadhan, c'est aussi l'ambiance dans les cafés après le f'tour. En l'absence de manifestations culturelles, les Boufarikois se rabattent sur les cafés-maures où d'interminables parties de dominos et de belote ont lieu chaque soir.
Boufarik, durant le Ramadhan, c'est aussi l'ambiance dans les cafés après le f'tour. En l'absence de manifestations culturelles, les Boufarikois se rabattent sur les cafés-maures où d'interminables parties de dominos et de belote ont lieu chaque soir.
Qu'est-ce qui caractérise le mois de Ramadhan à Boufarik ? Sans hésitation aucune, la première réponse qui jaillit spontanément est la zlabia, cette friandise «nationale» qui a fait la réputation de la ville. Dans les faits, le quotidien des Boufarikois durant cette période de l'année est certes indissociable de la zlabia, mais il y a aussi de l'animation, des encombrements et des désagréments. C'est que le marché de la ville attire bien du monde durant ce mois de jeûne. De Ouled Yaïch, Khezrouna, Hammam Melouane, mais aussi d'Alger, de Tipasa et de Boumerdès, ils sont nombreux à venir ici s'approvisionner en fruits et légumes. Et pour cause, les prix pratiqués par les commerçants du marché de Zniket Laârab sont «très raisonnables», de l'avis général. Cet afflux de visiteurs n'est pas sans créer des encombrements et des embouteillages dans les rues de la ville, au grand dam des habitants habitués au calme. Boufarik, durant le Ramadhan, c'est aussi l'ambiance dans les cafés après le f'tour. En l'absence de manifestations culturelles, les Boufarikois se rabattent sur les cafés-maures où d'interminables parties de dominos et de belote ont lieu chaque soir. Bref, Boufarik, c'est aussi autre chose que la zlabia durant le mois de carême. «Le mois sacré avait un goût à part à Boufarik. Il y a une grande différence entre le Ramadan d'antan et celui de nos jours.» C'est avec ces mots teints de nostalgie et d'émotion que âmi El-Houari, dit Moh Esseghir, a tenu à commencer son témoignage sur le quotidien ramadanesque des Boufarikois par le passé.
Les traditions se perdent
De l'avis de ce septuagénaire, les choses ont beaucoup changé. Ainsi, beaucoup de «bonnes traditions» ont malheureusement disparu au fil des années. «Avant, les familles échangeaient des visites tout au long du Ramadan, c'était l'occasion de discuter, rigoler… On attendait avec impatience l'arrivée de ce mois sacré.»
Pour ce Boufarikois de souche, les soirées de Ramadhan étaient jadis très animées : «Après le f'tour, les gens venaient de toutes parts pour acheter de la zlabia. Il faut dire qu'à l'époque, cette friandise était préparée uniquement ici et nulle part ailleurs. Je me souviens encore de ces interminables queues qui se formaient chaque soir devant le domicile des Aksil.»
Mais à cette animation, âmi El-Houari et ses copains préféraient l'ambiance de Blida. «Ils nous arrivait de nous y rendre presque quotidiennement à vélo ! Après le f'tour, on se rencontrait ici pour partir ensemble. C'était dans les années 1950, nous étions une bande de copains de 17, 18 ou 19 ans. Une fois à Blida, on s'amusait à fond, on allait partout, c'était vraiment formidable, on ne rentrait qu'aux dernières heures de la nuit, parfois on arrivait après le s'hour, dans ce cas, on dormait directement. Toutefois, ceux qui travaillaient rentraient un peu plus tôt», se rappelle-t-il.
Ces souvenirs et tant d'autres encore, âmi El-Houari ne semble pas prêt à les oublier malgré le poids des ans : «C'était un autre monde vraiment, on profitait du moindre moment pour nous amuser, nous faire plaisir, le Ramadhan d'antan n'a rien à voir avec celui de nos jours, franchement.» Si la zlabia est de loin la friandise la plus prisée à Boufarik, le cherbet est sans conteste le jus le plus demandé durant le mois de Ramadhan. Préparé à base de sucre, d'acide citrique et de citron, celui-ci a un goût «très spécial» selon de nombreux habitants de la ville.
Rush sur le cherbet
La réputation de ce jus est telle que les magasins qui le commercialisent à raison de 20 DA le litre durant cette période de l'année sont pris d'assaut du matin au soir par les Boufarikois, mais aussi par les habitants des régions limitrophes. Contrairement au marché de Zniket-Laârab, le marché de gros de fruits et légumes de la ville de Boufarik n'est pas très animé en ce cinquième jour de Ramadhan. Il est presque midi et seulement quelques transactions se font encore, la plupart à l'ombre. Il faut dire que le soleil darde puissamment ses rayons au point de pousser un vendeur venu de Mascara à se mettre sous son camion pour se protéger et faire un petit somme.
A part le va-et-vient de charrettes dotées de… plaques d'immatriculation et tirées la plupart du temps par des ânes, rien de particulier à signaler. Le calme plat règne en maître sur les lieux. On ne dirait pas qu'on est dans l'un des plus importants marchés de gros du pays. «Il est midi, la plupart des vendeurs et des mandataires sont partis, il ne faut pas oublier qu'on est au mois de Ramadhan, le marché ouvre ses portes très tôt. A 4h du matin déjà, il grouille de monde, la plupart des transactions se font dans les premières heures de la matinée», affirme en guise d'explication Kamel, un mandataire d'une quarantaine d'années qui semble connaître le marché comme sa poche. «On vient ici de toutes les wilayas du pays, c'est un marché qui a une réputation nationale, il s'anime très particulièrement durant le RamadHan», enchaîne-t-il.
De loin, on aperçoit un gamin à bord d'une charrette chargée de citron. Comme lui, ils sont nombreux à gagner leur vie en transportant les fruits et légumes. Approché, l'enfant, pâle et misérablement vétu, refuse catégoriquement de parler de son quotidien durant ce mois. «Vous êtes de la presse, et après ? Je ne vous dirais rien», lance-t-il méchamment avant d'ordonner à son accompagnateur, probablement son jeune frère, de le suivre. C'est qu'ici, «on ne parle pas trop, on travaille», comme le fait remarquer un grossiste. Cela n'empêche pas ce dernier de souligner que les prix sont loin d'être élevés cette année. Un jeune homme lui fait alors remarquer que les prix pratiqués par les commerçants de Zniket-Laârab sont presque les mêmes que ceux proposés dans ce marché. Ce à quoi le commerçant rétorquera : «Les prix, c'est en fonction de la qualité du produit.» Un avis que ne semble pas partager Kamel. Pour ce mandataire, en effet, «les Algériens sont tellement riches qu'ils achètent n'importe quoi et à n'importe quel prix».
Des prix relativement abordables
«Si les prix augmentent durant Ramadhan, c'est de leur faute, ils ne renoncent jamais à acheter certains produits malgré leur cherté. Au premier jour du Ramadhan, j'ai vu des gens faire la queue pour acheter de la viande à 650 dinars, mais très franchement, qu'est-ce qui peut t'arriver si tu ne manges pas de viande ?», ajoute-t-il tout en suggérant aux ménages de cesser de faire des emplettes pendant 24 heures pour que les prix baissent ! Les nuits de Ramadhan à Boufarik sont tout aussi mouvementées que ses journées. Chaque soir après le f'tour, jeunes et moins jeunes se rassemblent sur les places publiques et dans les cafés maures, qui pour discuter et jouer, qui pour siroter quelques boissons ou s'adonner à d'interminables parties de dominos ou de belote. Incontestablement, c'est la placette jouxtant le siège de l'APC qui accueille le plus de monde. Elle est particulièrement fréquentée par les enfants. Quant aux jeunes, ils préfèrent les cafés maures et les cybercafés. «Personnellement, je ne peux pas m'empêcher de jouer aux dominos après le f'tour, je suis un véritable féru de ce jeu durant Ramadhan», témoigne Rabah, responsable de l'association locale des handicapés. Cet engouement des jeunes Boufarikois pour les dominos et autres jeux de cartes n'est, sans doute, pas étranger à l'absence de manifestations culturelles durant ce mois sacré. Aucun spectacle n'est, en effet, programmé au niveau de la seule infrastructure culturelle dont dispose la ville, à savoir le centre culturel qui se trouve dans un piteux état d'ailleurs.
Malgré tout, Boufarik connaît une certaine animation nocturne en ce mois de Ramadhan. Ce qui n'était pas facile à imaginer il y a de cela quelques années encore, quand le terrorisme contraignait les habitants du coin à rentrer chez eux en pleine journée. Il n'est même pas 10h 30 en cette matinée ensoleillée que le marché de Zniket-Laârab grouille déjà de monde. Pour s'y frayer un chemin, il faut faire toute une gymnastique. Outre la foule nombreuse, les étals des marchands collés les uns aux autres et les charrettes de transport de marchandises qui circulent sans cesse rendent la circulation piétonne très difficile. «Vous n'avez rien vu cher ami, il faut venir l'après-midi pour voir ce que c'est la grande foule, cela, ce n'est rien, croyez-moi», nous fait remarquer un jeune vendeur. Zniket-Laârab est un marché quotidien qui accueille du monde tout au long de l'année. Particulièrement durant Ramadhan «où il s'avère vraiment trop exigu pour contenir les foules nombreuses qui le fréquentent», disent à l'unanimité les nombreux marchands qui y travaillent, les uns régulièrement et les autres occasionnellement. «Ce n'est pas seulement le nombre de visiteurs qui augmente durant le mois sacré, il y a aussi celui des vendeurs», dit un jeune mandataire rencontré au marché de gros des fruits et légumes situé à quelques centaines de mètres de là.
Tout ce qui se mange se vend ici : fruits, légumes, poissons, viandes, fromages… Néanmoins, les fruits et légumes sont de loin les plus prisés par aussi bien les visiteurs que les habitués du marché. La raison en est toute simple, leurs prix sont très abordables : courgette à partir de 30 DA le kilo, tomate à 25 DA, poivron et piment à 20 DA, raisin à 35 dinars, pomme à 30 dinars… Seules les pommes de terre et la salade semblent hors de portée des petites bourses avec des prix variant entre 35 et 45 dinars et entre 40 et 60 dinars respectivement.
Les consommateurs ont une large variété de choix dans ce marché tant l'offre est abondante. Quelques mètres plus loin, Mohamed, la trentaine, ne se fera pas prier pour nous lancer : «Prenez le maximum de photos, dites aux habitants d'Alger que les prix pratiqués à Boufarik sont plus qu'abordables pour qu'ils viennent ici s'approvisionner en fruits et légumes.» De l'avis de Mohamed aussi, la demande n'a pas augmenté durant les premiers jours. Il reconnaît néanmoins que le marché est plus fréquenté que d'habitude, non sans prendre le soin de préciser qu'il y a «pas mal de gens qui viennent ici pour passer le temps, ils font essafa wal maroua en quelque sorte», avant de conclure : «Les choses n'ont pas vraiment changé pour nous avec l'arrivée du Ramadhan.»
Qu'est-ce qui caractérise le mois de Ramadhan à Boufarik ? Sans hésitation aucune, la première réponse qui jaillit spontanément est la zlabia, cette friandise «nationale» qui a fait la réputation de la ville. Dans les faits, le quotidien des Boufarikois durant cette période de l'année est certes indissociable de la zlabia, mais il y a aussi de l'animation, des encombrements et des désagréments. C'est que le marché de la ville attire bien du monde durant ce mois de jeûne. De Ouled Yaïch, Khezrouna, Hammam Melouane, mais aussi d'Alger, de Tipasa et de Boumerdès, ils sont nombreux à venir ici s'approvisionner en fruits et légumes. Et pour cause, les prix pratiqués par les commerçants du marché de Zniket Laârab sont «très raisonnables», de l'avis général. Cet afflux de visiteurs n'est pas sans créer des encombrements et des embouteillages dans les rues de la ville, au grand dam des habitants habitués au calme. Boufarik, durant le Ramadhan, c'est aussi l'ambiance dans les cafés après le f'tour. En l'absence de manifestations culturelles, les Boufarikois se rabattent sur les cafés-maures où d'interminables parties de dominos et de belote ont lieu chaque soir. Bref, Boufarik, c'est aussi autre chose que la zlabia durant le mois de carême. «Le mois sacré avait un goût à part à Boufarik. Il y a une grande différence entre le Ramadan d'antan et celui de nos jours.» C'est avec ces mots teints de nostalgie et d'émotion que âmi El-Houari, dit Moh Esseghir, a tenu à commencer son témoignage sur le quotidien ramadanesque des Boufarikois par le passé.
Les traditions se perdent
De l'avis de ce septuagénaire, les choses ont beaucoup changé. Ainsi, beaucoup de «bonnes traditions» ont malheureusement disparu au fil des années. «Avant, les familles échangeaient des visites tout au long du Ramadan, c'était l'occasion de discuter, rigoler… On attendait avec impatience l'arrivée de ce mois sacré.»
Pour ce Boufarikois de souche, les soirées de Ramadhan étaient jadis très animées : «Après le f'tour, les gens venaient de toutes parts pour acheter de la zlabia. Il faut dire qu'à l'époque, cette friandise était préparée uniquement ici et nulle part ailleurs. Je me souviens encore de ces interminables queues qui se formaient chaque soir devant le domicile des Aksil.»
Mais à cette animation, âmi El-Houari et ses copains préféraient l'ambiance de Blida. «Ils nous arrivait de nous y rendre presque quotidiennement à vélo ! Après le f'tour, on se rencontrait ici pour partir ensemble. C'était dans les années 1950, nous étions une bande de copains de 17, 18 ou 19 ans. Une fois à Blida, on s'amusait à fond, on allait partout, c'était vraiment formidable, on ne rentrait qu'aux dernières heures de la nuit, parfois on arrivait après le s'hour, dans ce cas, on dormait directement. Toutefois, ceux qui travaillaient rentraient un peu plus tôt», se rappelle-t-il.
Ces souvenirs et tant d'autres encore, âmi El-Houari ne semble pas prêt à les oublier malgré le poids des ans : «C'était un autre monde vraiment, on profitait du moindre moment pour nous amuser, nous faire plaisir, le Ramadhan d'antan n'a rien à voir avec celui de nos jours, franchement.» Si la zlabia est de loin la friandise la plus prisée à Boufarik, le cherbet est sans conteste le jus le plus demandé durant le mois de Ramadhan. Préparé à base de sucre, d'acide citrique et de citron, celui-ci a un goût «très spécial» selon de nombreux habitants de la ville.
Rush sur le cherbet
La réputation de ce jus est telle que les magasins qui le commercialisent à raison de 20 DA le litre durant cette période de l'année sont pris d'assaut du matin au soir par les Boufarikois, mais aussi par les habitants des régions limitrophes. Contrairement au marché de Zniket-Laârab, le marché de gros de fruits et légumes de la ville de Boufarik n'est pas très animé en ce cinquième jour de Ramadhan. Il est presque midi et seulement quelques transactions se font encore, la plupart à l'ombre. Il faut dire que le soleil darde puissamment ses rayons au point de pousser un vendeur venu de Mascara à se mettre sous son camion pour se protéger et faire un petit somme.
A part le va-et-vient de charrettes dotées de… plaques d'immatriculation et tirées la plupart du temps par des ânes, rien de particulier à signaler. Le calme plat règne en maître sur les lieux. On ne dirait pas qu'on est dans l'un des plus importants marchés de gros du pays. «Il est midi, la plupart des vendeurs et des mandataires sont partis, il ne faut pas oublier qu'on est au mois de Ramadhan, le marché ouvre ses portes très tôt. A 4h du matin déjà, il grouille de monde, la plupart des transactions se font dans les premières heures de la matinée», affirme en guise d'explication Kamel, un mandataire d'une quarantaine d'années qui semble connaître le marché comme sa poche. «On vient ici de toutes les wilayas du pays, c'est un marché qui a une réputation nationale, il s'anime très particulièrement durant le RamadHan», enchaîne-t-il.
De loin, on aperçoit un gamin à bord d'une charrette chargée de citron. Comme lui, ils sont nombreux à gagner leur vie en transportant les fruits et légumes. Approché, l'enfant, pâle et misérablement vétu, refuse catégoriquement de parler de son quotidien durant ce mois. «Vous êtes de la presse, et après ? Je ne vous dirais rien», lance-t-il méchamment avant d'ordonner à son accompagnateur, probablement son jeune frère, de le suivre. C'est qu'ici, «on ne parle pas trop, on travaille», comme le fait remarquer un grossiste. Cela n'empêche pas ce dernier de souligner que les prix sont loin d'être élevés cette année. Un jeune homme lui fait alors remarquer que les prix pratiqués par les commerçants de Zniket-Laârab sont presque les mêmes que ceux proposés dans ce marché. Ce à quoi le commerçant rétorquera : «Les prix, c'est en fonction de la qualité du produit.» Un avis que ne semble pas partager Kamel. Pour ce mandataire, en effet, «les Algériens sont tellement riches qu'ils achètent n'importe quoi et à n'importe quel prix».
Des prix relativement abordables
«Si les prix augmentent durant Ramadhan, c'est de leur faute, ils ne renoncent jamais à acheter certains produits malgré leur cherté. Au premier jour du Ramadhan, j'ai vu des gens faire la queue pour acheter de la viande à 650 dinars, mais très franchement, qu'est-ce qui peut t'arriver si tu ne manges pas de viande ?», ajoute-t-il tout en suggérant aux ménages de cesser de faire des emplettes pendant 24 heures pour que les prix baissent ! Les nuits de Ramadhan à Boufarik sont tout aussi mouvementées que ses journées. Chaque soir après le f'tour, jeunes et moins jeunes se rassemblent sur les places publiques et dans les cafés maures, qui pour discuter et jouer, qui pour siroter quelques boissons ou s'adonner à d'interminables parties de dominos ou de belote. Incontestablement, c'est la placette jouxtant le siège de l'APC qui accueille le plus de monde. Elle est particulièrement fréquentée par les enfants. Quant aux jeunes, ils préfèrent les cafés maures et les cybercafés. «Personnellement, je ne peux pas m'empêcher de jouer aux dominos après le f'tour, je suis un véritable féru de ce jeu durant Ramadhan», témoigne Rabah, responsable de l'association locale des handicapés. Cet engouement des jeunes Boufarikois pour les dominos et autres jeux de cartes n'est, sans doute, pas étranger à l'absence de manifestations culturelles durant ce mois sacré. Aucun spectacle n'est, en effet, programmé au niveau de la seule infrastructure culturelle dont dispose la ville, à savoir le centre culturel qui se trouve dans un piteux état d'ailleurs.
Malgré tout, Boufarik connaît une certaine animation nocturne en ce mois de Ramadhan. Ce qui n'était pas facile à imaginer il y a de cela quelques années encore, quand le terrorisme contraignait les habitants du coin à rentrer chez eux en pleine journée. Il n'est même pas 10h 30 en cette matinée ensoleillée que le marché de Zniket-Laârab grouille déjà de monde. Pour s'y frayer un chemin, il faut faire toute une gymnastique. Outre la foule nombreuse, les étals des marchands collés les uns aux autres et les charrettes de transport de marchandises qui circulent sans cesse rendent la circulation piétonne très difficile. «Vous n'avez rien vu cher ami, il faut venir l'après-midi pour voir ce que c'est la grande foule, cela, ce n'est rien, croyez-moi», nous fait remarquer un jeune vendeur. Zniket-Laârab est un marché quotidien qui accueille du monde tout au long de l'année. Particulièrement durant Ramadhan «où il s'avère vraiment trop exigu pour contenir les foules nombreuses qui le fréquentent», disent à l'unanimité les nombreux marchands qui y travaillent, les uns régulièrement et les autres occasionnellement. «Ce n'est pas seulement le nombre de visiteurs qui augmente durant le mois sacré, il y a aussi celui des vendeurs», dit un jeune mandataire rencontré au marché de gros des fruits et légumes situé à quelques centaines de mètres de là.
Tout ce qui se mange se vend ici : fruits, légumes, poissons, viandes, fromages… Néanmoins, les fruits et légumes sont de loin les plus prisés par aussi bien les visiteurs que les habitués du marché. La raison en est toute simple, leurs prix sont très abordables : courgette à partir de 30 DA le kilo, tomate à 25 DA, poivron et piment à 20 DA, raisin à 35 dinars, pomme à 30 dinars… Seules les pommes de terre et la salade semblent hors de portée des petites bourses avec des prix variant entre 35 et 45 dinars et entre 40 et 60 dinars respectivement.
Les consommateurs ont une large variété de choix dans ce marché tant l'offre est abondante. Quelques mètres plus loin, Mohamed, la trentaine, ne se fera pas prier pour nous lancer : «Prenez le maximum de photos, dites aux habitants d'Alger que les prix pratiqués à Boufarik sont plus qu'abordables pour qu'ils viennent ici s'approvisionner en fruits et légumes.» De l'avis de Mohamed aussi, la demande n'a pas augmenté durant les premiers jours. Il reconnaît néanmoins que le marché est plus fréquenté que d'habitude, non sans prendre le soin de préciser qu'il y a «pas mal de gens qui viennent ici pour passer le temps, ils font essafa wal maroua en quelque sorte», avant de conclure : «Les choses n'ont pas vraiment changé pour nous avec l'arrivée du Ramadhan.»


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