Le dictionnaire biographique de l'universitaire Abdellali Merdaci remonte aux premières générations d'écrivains indigènes francophones post-conquête coloniale. Et si des auteurs ont échappé à ce travail de recensement systématique, c'est que, malgré la quête consciencieuse de l'auteur, aucune, trace de leurs écrits n'a été trouvée. Le dictionnaire biographique de l'universitaire Abdellali Merdaci remonte aux premières générations d'écrivains indigènes francophones post-conquête coloniale. Et si des auteurs ont échappé à ce travail de recensement systématique, c'est que, malgré la quête consciencieuse de l'auteur, aucune, trace de leurs écrits n'a été trouvée. Parmi les auteurs non recensés, les Français qui ont fait carrière sous des patronymes indigènes. «Le cas le plus connu est celui de François Augérias, utilisant le pseudonyme longtemps opaque d'Abdallah Chaamba», souligne l'auteur sous cette rubrique. Il cite Jean Déjeux qui propose une douzaine de cas. L'auteur a également écarté les auteures étrangères, épouses d'indigènes musulmans «plus à situer du côté de la littérature coloniale française dont elles représentent, l'une et l'autre, des aspects aussi originaux qu'émouvants». C'est le cas de la Suisse d'origine russe, Isabelle Ebehrardt, épouse de Slimane Ehnni et de la Slave Rosalia Bentami, épouse de Belgacem Bentami. Concernant les «Auteurs appartenant aux communautés de l'Algérie coloniale», l'auteur choisit de ne pas s'intéresser aux écrivains israélites de langue française qui, écrit-il , «ont expressément placé leurs productions dans la littérature coloniale française.» Il souligne que «bien qu'appartenant à un peuplement indigène anciennement établi en Algérie, (…) pendant toute la période coloniale, les auteurs juifs n'ont eu aucun lien avec des auteurs indigènes musulmans et leur littérature. La situation littéraire de l'Algérie coloniale n'avait rien de commun avec celle de la Tunisie où les œuvres d'écrivains juifs, parfaitement intégrés dans la société intellectuelle indigène de ce pays (…) peuvent être revendiquées aujourd'hui encore par sa littérature nationale.» Dans cette catégorie des auteurs appartenant aux communautés de l'Algérie coloniale, le lecteur a le plaisir de découvrir les biographies de Jean Sénac, Anna Gréki et Jacques Chevalier «qui fait sereinement le choix de l'Algérie après avoir nourri d'autres engagements politiques». Le lecteur a également la joie d'accéder aux biographies d'autres personnalités qui ont choisi de soutenir le combat des Algériens alors que venues de France, elles n'avaient aucun enracinement colonial. Il s'agit de Mgr Léon-Etienne Duval et Henri Sanson, hommes d'Eglise, Serge Michel, militant libertaire, Danielle Minne (Djamila Amrane) et Frantz Fanon qui «ont choisi assez tôt, selon leurs convictions, de faire de l'Algérie leur pays». Concernant ce que l'auteur qualifie «d'œuvres mixtes», c'est-à-dire celles qui sont le résultat d'un travail commun entre des auteurs indigènes et des auteurs francais, «souvent mal perçue dans un camp comme d'ans l'autre», M. Merdaci souligne «qu'elles témoignent aussi et singulièrement d'une entrée en littérature des Indigènes». C'est le cas des œuvres de Dinet-Benbrahim, Pottier-ben Ali, Hamza-Marciano, etc. Concernant les sources documentaires, le chercheur s'est intéressé non seulement aux productions répondant aux normes établies, selon la définition de l'Unesco qui présente le livre comme une publication non périodique d'au moins 49 pages, mais également à toutes les œuvres publiées dans les journaux et revues. Il offre à cet égard un listing précieux allant de 1945 à 1962. Ce tournant dans l'histoire de la littérature algérienne, qui marque pour la littérature coloniale un reflux, oriente le travail littéraire vers les revues et les journaux auxquels les auteurs indigènes s'associent pleinement. Les revues citées sont notamment : Afrique(1921/1960), Forge (1946), Soleil(1950), Terrasses (1953), Simoun ( 1952), Les carnets poétiques nord-africains (1954), Consciences algériennes (1950), Consciences maghrébines (1954), Femmes nouvelles (1958), ALgéria (créée en 1934). «Cette efflorescence littéraire est aussi encouragée par des supports français», souligne l'auteur qui recense par ailleurs, les éditions de revues purement indigènes comme En-Nahda de Abdelkader Mimouni et et As-Salam Ifrikya, lancée en 1948 par Hamza Boubekeur. Puis, l'auteur aborde les œuvres publiées après 1962. C'est dire l'étendue de son champ de recherche et les longues haltes dans les bibliothèques et centres d'archives d'Algérie, de France et de Tunisie que M. Merdaci a dû effectuer pour mener son travail à terme. Au gré de l'ordre alphabétique, le lecteur fera des découvertes étonnantes, souvent émouvantes quand il s'agit des pionniers de l'écriture francophone, y compris et, peut-être - surtout - lorsqu'il s'agit de ces ancêtres obnubilés par la conquête française et qui s'essayent à amadouer le colon en le louant. Et l'on comprend en prenant connaissance de ces premiers écrits dans la langue butin de guerre, pourquoi le regretté psychiatre Frantz Fanon a trouvé dans son pays d'adoption un vaste domaine de réflexion et d'action. Quelles que soit les réserves que pourrait exprimer le lecteur quant à la démarche adoptée, ce dictionnaire constitue incontestablement un précieux outil de travail. K. T. Parmi les auteurs non recensés, les Français qui ont fait carrière sous des patronymes indigènes. «Le cas le plus connu est celui de François Augérias, utilisant le pseudonyme longtemps opaque d'Abdallah Chaamba», souligne l'auteur sous cette rubrique. Il cite Jean Déjeux qui propose une douzaine de cas. L'auteur a également écarté les auteures étrangères, épouses d'indigènes musulmans «plus à situer du côté de la littérature coloniale française dont elles représentent, l'une et l'autre, des aspects aussi originaux qu'émouvants». C'est le cas de la Suisse d'origine russe, Isabelle Ebehrardt, épouse de Slimane Ehnni et de la Slave Rosalia Bentami, épouse de Belgacem Bentami. Concernant les «Auteurs appartenant aux communautés de l'Algérie coloniale», l'auteur choisit de ne pas s'intéresser aux écrivains israélites de langue française qui, écrit-il , «ont expressément placé leurs productions dans la littérature coloniale française.» Il souligne que «bien qu'appartenant à un peuplement indigène anciennement établi en Algérie, (…) pendant toute la période coloniale, les auteurs juifs n'ont eu aucun lien avec des auteurs indigènes musulmans et leur littérature. La situation littéraire de l'Algérie coloniale n'avait rien de commun avec celle de la Tunisie où les œuvres d'écrivains juifs, parfaitement intégrés dans la société intellectuelle indigène de ce pays (…) peuvent être revendiquées aujourd'hui encore par sa littérature nationale.» Dans cette catégorie des auteurs appartenant aux communautés de l'Algérie coloniale, le lecteur a le plaisir de découvrir les biographies de Jean Sénac, Anna Gréki et Jacques Chevalier «qui fait sereinement le choix de l'Algérie après avoir nourri d'autres engagements politiques». Le lecteur a également la joie d'accéder aux biographies d'autres personnalités qui ont choisi de soutenir le combat des Algériens alors que venues de France, elles n'avaient aucun enracinement colonial. Il s'agit de Mgr Léon-Etienne Duval et Henri Sanson, hommes d'Eglise, Serge Michel, militant libertaire, Danielle Minne (Djamila Amrane) et Frantz Fanon qui «ont choisi assez tôt, selon leurs convictions, de faire de l'Algérie leur pays». Concernant ce que l'auteur qualifie «d'œuvres mixtes», c'est-à-dire celles qui sont le résultat d'un travail commun entre des auteurs indigènes et des auteurs francais, «souvent mal perçue dans un camp comme d'ans l'autre», M. Merdaci souligne «qu'elles témoignent aussi et singulièrement d'une entrée en littérature des Indigènes». C'est le cas des œuvres de Dinet-Benbrahim, Pottier-ben Ali, Hamza-Marciano, etc. Concernant les sources documentaires, le chercheur s'est intéressé non seulement aux productions répondant aux normes établies, selon la définition de l'Unesco qui présente le livre comme une publication non périodique d'au moins 49 pages, mais également à toutes les œuvres publiées dans les journaux et revues. Il offre à cet égard un listing précieux allant de 1945 à 1962. Ce tournant dans l'histoire de la littérature algérienne, qui marque pour la littérature coloniale un reflux, oriente le travail littéraire vers les revues et les journaux auxquels les auteurs indigènes s'associent pleinement. Les revues citées sont notamment : Afrique(1921/1960), Forge (1946), Soleil(1950), Terrasses (1953), Simoun ( 1952), Les carnets poétiques nord-africains (1954), Consciences algériennes (1950), Consciences maghrébines (1954), Femmes nouvelles (1958), ALgéria (créée en 1934). «Cette efflorescence littéraire est aussi encouragée par des supports français», souligne l'auteur qui recense par ailleurs, les éditions de revues purement indigènes comme En-Nahda de Abdelkader Mimouni et et As-Salam Ifrikya, lancée en 1948 par Hamza Boubekeur. Puis, l'auteur aborde les œuvres publiées après 1962. C'est dire l'étendue de son champ de recherche et les longues haltes dans les bibliothèques et centres d'archives d'Algérie, de France et de Tunisie que M. Merdaci a dû effectuer pour mener son travail à terme. Au gré de l'ordre alphabétique, le lecteur fera des découvertes étonnantes, souvent émouvantes quand il s'agit des pionniers de l'écriture francophone, y compris et, peut-être - surtout - lorsqu'il s'agit de ces ancêtres obnubilés par la conquête française et qui s'essayent à amadouer le colon en le louant. Et l'on comprend en prenant connaissance de ces premiers écrits dans la langue butin de guerre, pourquoi le regretté psychiatre Frantz Fanon a trouvé dans son pays d'adoption un vaste domaine de réflexion et d'action. Quelles que soit les réserves que pourrait exprimer le lecteur quant à la démarche adoptée, ce dictionnaire constitue incontestablement un précieux outil de travail. K. T.