Ce n'est pas de la littérature dont il s'agit. Non, mais d'un recueil inestimable d'informations... Voilà un livre à posséder chez soi, pour le feuilleter à tout moment sans s'en lasser. Ce n'est pas de la littérature dont il s'agit. Non, mais d'un recueil inestimable d'informations. Edité dans le cadre de Djazaïr, Une année de l'Algérie en France, cet ouvrage signé Djamel Merdaci est un dictionnaire portant sur les musiques et les musiciens de Constantine. Comme il nous est présenté dans la préface, il met à la disposition du lecteur plus de quatre cents notices consacrées aux musiques citadines constantinoises et aux musiciens de Constantine. Il s'adresse aussi bien au profane qu'à l'amateur désireux d'approfondir ses connaissances dans ce domaine, à identifier telle ou telle forme musicale et à découvrir tel ou tel «personnage d' un brillant passé citadin» et d'indiquer: «Son ambition est bien de proposer aux uns une clé pour la découverte et aux autres un cadre pour revisiter la mémoire constantinoise et, pourquoi pas ne pas le dire, d'être pour tous un utile compagnon d'écoute de ces musiques». Il nous est clairement dit que Constantine reste au coeur de ce dimensionnel travail de prospection. Cette ville a été selon l'évolution de son territoire, son agencement et son corollaire les espaces musicaux, marquée par l'émergence de nouveaux sons , de nouveaux acteurs et de nouveaux publics. «C'est tout à fait au croisement de l'ancienne médina, longtemps dispensatrice de la légitime esthétique et de la nouvelle ville -entendue doublement dans ses séquences coloniale et postcoloniale et ses instances urbaines que s'inscrivent les objectifs du dictionnaire» lit-on encore. Aussi, les choix des musiques citadines et des musiciens que l'on peut trouver dans ce livre sont essentiellement dictés, nous apprend-on, par le souci de l'urgence de recueillir tous les témoignages au demeurant dus, à un travail de longue haleine et de proximité avec les artistes. «il n'est ni celui d'une méconnaissance des musiques émergentes et de leur intérêt ni d'une indifférence à leur égard. Au demeurant, l'opportunité s'offre, aujourd'hui sûrement plus qu'hier, d'en faire la nécessaire recension». Ce travail rassemblé ainsi devait servir au départ à compléter la thèse consacrée aux musiques et musiciens de Constantine au xxe siècle et dont ce dictionnaire devait constituer la seconde partie. «Quelles notices retenir et élaborer et comment en agencer la présentation?» Aussi la difficulté pour l'auteur de cet ouvrage résidait dans la définition des critères d'entrée dans le corpus. «Des notices sont consacrées aux différentes formes musicales à l ‘oeuvre dans la médina constantinoise (Malouf, Zadjel, Mahjouze, A'roubi, hawzi, quadriyat, madih, ou encore musiques rituelles) et à différentes institutions (confréries, associations par exemple) qui ont moins posé de problèmes d'arbitrage que les notices biographiques.» Aussi, un des rôles de Djamel Merdaci a été de rendre compte de certains musiciens méconnus, peu ou prou qui ont été très souvent stigmatisés pour leur statut social, notamment ceux dont il était difficile de vérifier leur date de naissance et de décès. Enfin, l'auteur prévient que certaines «notices biographiques n'ont pas de rapport direct avec l'exercice musical qui renvoient, d'une manière ou d'une autre, au contexte politico-culturel de la ville de Constantine, à des médiateurs qui éclairent ou accompagnent les évolutions des pratiques musicales. Aussi, l'appartenance territoriale au constantinois-qui explique l'absence de notices consacrées aux musiciens annabis, référés généralement au champ constantinois- plus que l'appartenance confessionnelle a été retenue comme critère pertinent». Cet ouvrage reste ouvert conclut-on à la critique et à l'enrichissement. Universitaire, journaliste Djamel Merdaci a vécu, pour information, plus d'un quart de siècle dans l'intimité des musiques et des musiciens de Constantine. Il leur a consacré une longue et patiente recherche dont témoigne ce premier texte. Ce livre est sorti dans la collection Oeuvre Ouverte et a été dirigé par Sihem Berrahal et Abdellali Merdaci.
