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Les femmes de ménage, des proies faciles
Exploitations, mauvais traitements et harcèlement sexuel
Publié dans Le Midi Libre le 16 - 12 - 2008

Elles arrivent des villes intérieures, fuyant des conditions socioéconomiques déplorables, recherchant dans la capitale le refuge à un vécu miséreux. Mais, à leur arrivée, elles se retrouvent confrontées à la dure réalité qu'impose la vie dans la capitale. Seules, démunies, sans ressources, ces femmes sont contraintes à travailler durement pour se prendre en charge et répondre aux besoins de leurs familles.
Elles arrivent des villes intérieures, fuyant des conditions socioéconomiques déplorables, recherchant dans la capitale le refuge à un vécu miséreux. Mais, à leur arrivée, elles se retrouvent confrontées à la dure réalité qu'impose la vie dans la capitale. Seules, démunies, sans ressources, ces femmes sont contraintes à travailler durement pour se prendre en charge et répondre aux besoins de leurs familles.
Faire le ménage, dans des entreprises, des foyers ou des écoles est la tâche classique qui s'offre à elles. Refuser ou accepter ? Le choix est vite fait, car l'unique alternative qui leur reste est d'occuper le poste de femme de ménage contre la maigre rétribution qui leur est versée mensuellement. Cependant, ce boulot, en plus de sa rudesse est également source de plusieurs ennuis pour ces dernières, victimes de harcèlement, de mauvais traitement et d'exploitation. Témoignages
Halte au harcèlement sexuel
Victime de harcèlement, Nadia, femme de ménage au sein d'une entreprise étatique, s'est vue licenciée par son chef hiérarchique après avoir refusé de consentir à ses avances. «Les premiers temps, j'ai subi en silence ses avances. Je redoutais de perdre mon boulot, d'autant que j'ai à ma charge trois gosses et un mari invalide. Mon patron doublait d'acharnement, il a même essayé de me violer. Voyant que je ne me soumettais pas à son désir, il m'a monté une histoire de vol qui m'a valu le licenciement», témoigne-t-elle.
De son côté, Farida, une femme de ménage âgée de 25 ans confie avoir souffert de harcèlement dans la boîte de communication dans laquelle elle bossait. «C'était un informaticien au niveau de la boîte. Le matin, il arrivait bien plus tôt que les autres pour essayer de me convaincre de son désir de sortir avec moi. J'ai beau lui expliquer que je n'étais pas de celles qui se laissent faire, il m'a embrassé de force et, profitant de notre solitude, il a tenté d'aller plus loin. Heureusement pour moi que le gardien de nuit m'avait sauvé de justesse», raconte-t-elle sur un ton déprimé.
Farida n'a, malheureusement, pas eu gain de cause de son bourreau qui n'a pas hésité d'aller se plaindre de l'insolence de la jeune femme auprès du parton de la boîte. Ce dernier l'a mise à la porte sans même entendre son plaidoyer.
Nombreuses sont les femmes de ménage, confrontées au quotidien au harcèlement sexuel. Si les unes le dénoncent au risque de perdre leur boulot, d'autres se résignent à le subir en silence. Mais, toutes déplorent le silence complice de la loi qui, bien qu'existante, ne les protège pas contre ce type de comportement.
Le poids de l'exploitation
Manel, la trentaine dépassée, est venue de Tiaret depuis près de six mois, dans le but de rechercher un travail, après que toutes les portes s'étaient fermées devant elle. «Si j'ai pris la décision de m'expatrier s'est pour prendre en charge ma petite famille composée d'un mari infirme, et deux gosses en bas âge. Dans mon village, je ne trouvais aucune occupation susceptible de me garantir des revenus mensuels. Partir vers Alger, la capitale, était mon unique chance », répliqua-t-elle, avec une pointe d'amertume.
Et d'ajouter : «En arrivant ici, j'ai commencé à chercher un boulot. J'ai exercé dans des fast-foods comme femme de ménage, mais j'étais vraiment exploitée. Un jour, une connaissance à moi m'a proposé de travailler comme servante pour le compte d'une femme médecin qui n'avait point de temps pour s'occuper de son ménage. Ici commença mon calvaire… » continue-t-elle songeuse.
En effet, ce nouveau travail ne fut guère accommodant pour la pauvre femme qui n'a pas manqué de faire état de toutes formes d'exploitation et de maltraitances vécus. «J'étais souvent exposée au harcèlement. Certains ne faisaient certainement pas une grande différence entre une bonne et une p... J'étais confrontée à l'arrogance des femmes chez qui je bossais. En plus de tout cela, j'étais sous-payée. Debout pendant des heures, je faisais un travail impeccable, croyant pouvoir être rémunérée en conséquence. Ce ne fut qu'illusion puisque mes patronnes, quand elles se montraient généreuses, me versaient mensuellement à peine 5000 DA», s'indigne-t-elle.
L'histoire de Razika souligne le douloureux vécu de cette frange de la société. Cette femme dépassant la cinquantaine de près, visage ridé, regard triste, parait beaucoup plus que son âge. Sur son visage, le temps a gravé les traits de la misère. «J'ai travaillé pendant plus de 20 ans comme domestique dans divers lieux. Mes enfants sont grands maintenant. J'ai enduré l'exploitation, la misère, le mépris des autres pour les nourrir. Mais, ce qui me chagrinait le plus était quand j'entrevoyais, dans le regard de mes enfants, la honte que mon travail leur causait. Cela sans évoquer les misères que me faisait endurer l'insolence des gens pour qui je travaillais», raconte-t-elle.
Recruter une femme de ménage, une obligation
Plus d'un million et demi de femmes travaillent en Algérie. Le changement du statut de la femme algérienne qui concurrence actuellement l'homme dans un terrain qui lui était jusqu'ici réservé est entre autres facteurs expliquant le recours de plus en plus important aux domestiques pour venir à bout de ses responsabilités.
Pour Radia, embaucher une domestique est devenue une contrainte obligée par l'époque actuelle. «Personnellement, je travaille et il m'est difficile de joindre les deux bouts. Pour y parvenir, j'ai dû recruter une bonne qui m'aide dans les travaux domestiques. Elle travaille quatre jours dans la semaine pour un salaire de 6000 DA», déclare-t-elle.
Nadia, quant à elle, médecin âgée de 34 ans, mariée, explique le recours aux femmes de ménage par le manque de temps et de disponibilité des femmes qui travaillent. «La gestion du foyer est une lourde tâche. La domestique est en ce sens une exigence et non un luxe, comme on pouvait le constater autrefois», souligne-t-elle. De son côté, Sabah, explique que travailler pendant toute la journée ne laisse plus de temps à la femme pour s'occuper de la gestion de son foyer.
Enfin, tout comme la nurse, le recours à la domestique est devenue une exigence incontournable à une époque où peu de femmes peuvent concilier travail et vie de famille. Mais, ces femmes qui travaillent durement pour venir à bout de leurs responsabilités, n'ont-elle enfin pas le droit d'avoir un statut particulier comme tout fonctionnaire, d'exercer leur travail dans la dignité et d'être à l'abri de tout injustice ou mauvais traitement ?
D. S.
Faire le ménage, dans des entreprises, des foyers ou des écoles est la tâche classique qui s'offre à elles. Refuser ou accepter ? Le choix est vite fait, car l'unique alternative qui leur reste est d'occuper le poste de femme de ménage contre la maigre rétribution qui leur est versée mensuellement. Cependant, ce boulot, en plus de sa rudesse est également source de plusieurs ennuis pour ces dernières, victimes de harcèlement, de mauvais traitement et d'exploitation. Témoignages
Halte au harcèlement sexuel
Victime de harcèlement, Nadia, femme de ménage au sein d'une entreprise étatique, s'est vue licenciée par son chef hiérarchique après avoir refusé de consentir à ses avances. «Les premiers temps, j'ai subi en silence ses avances. Je redoutais de perdre mon boulot, d'autant que j'ai à ma charge trois gosses et un mari invalide. Mon patron doublait d'acharnement, il a même essayé de me violer. Voyant que je ne me soumettais pas à son désir, il m'a monté une histoire de vol qui m'a valu le licenciement», témoigne-t-elle.
De son côté, Farida, une femme de ménage âgée de 25 ans confie avoir souffert de harcèlement dans la boîte de communication dans laquelle elle bossait. «C'était un informaticien au niveau de la boîte. Le matin, il arrivait bien plus tôt que les autres pour essayer de me convaincre de son désir de sortir avec moi. J'ai beau lui expliquer que je n'étais pas de celles qui se laissent faire, il m'a embrassé de force et, profitant de notre solitude, il a tenté d'aller plus loin. Heureusement pour moi que le gardien de nuit m'avait sauvé de justesse», raconte-t-elle sur un ton déprimé.
Farida n'a, malheureusement, pas eu gain de cause de son bourreau qui n'a pas hésité d'aller se plaindre de l'insolence de la jeune femme auprès du parton de la boîte. Ce dernier l'a mise à la porte sans même entendre son plaidoyer.
Nombreuses sont les femmes de ménage, confrontées au quotidien au harcèlement sexuel. Si les unes le dénoncent au risque de perdre leur boulot, d'autres se résignent à le subir en silence. Mais, toutes déplorent le silence complice de la loi qui, bien qu'existante, ne les protège pas contre ce type de comportement.
Le poids de l'exploitation
Manel, la trentaine dépassée, est venue de Tiaret depuis près de six mois, dans le but de rechercher un travail, après que toutes les portes s'étaient fermées devant elle. «Si j'ai pris la décision de m'expatrier s'est pour prendre en charge ma petite famille composée d'un mari infirme, et deux gosses en bas âge. Dans mon village, je ne trouvais aucune occupation susceptible de me garantir des revenus mensuels. Partir vers Alger, la capitale, était mon unique chance », répliqua-t-elle, avec une pointe d'amertume.
Et d'ajouter : «En arrivant ici, j'ai commencé à chercher un boulot. J'ai exercé dans des fast-foods comme femme de ménage, mais j'étais vraiment exploitée. Un jour, une connaissance à moi m'a proposé de travailler comme servante pour le compte d'une femme médecin qui n'avait point de temps pour s'occuper de son ménage. Ici commença mon calvaire… » continue-t-elle songeuse.
En effet, ce nouveau travail ne fut guère accommodant pour la pauvre femme qui n'a pas manqué de faire état de toutes formes d'exploitation et de maltraitances vécus. «J'étais souvent exposée au harcèlement. Certains ne faisaient certainement pas une grande différence entre une bonne et une p... J'étais confrontée à l'arrogance des femmes chez qui je bossais. En plus de tout cela, j'étais sous-payée. Debout pendant des heures, je faisais un travail impeccable, croyant pouvoir être rémunérée en conséquence. Ce ne fut qu'illusion puisque mes patronnes, quand elles se montraient généreuses, me versaient mensuellement à peine 5000 DA», s'indigne-t-elle.
L'histoire de Razika souligne le douloureux vécu de cette frange de la société. Cette femme dépassant la cinquantaine de près, visage ridé, regard triste, parait beaucoup plus que son âge. Sur son visage, le temps a gravé les traits de la misère. «J'ai travaillé pendant plus de 20 ans comme domestique dans divers lieux. Mes enfants sont grands maintenant. J'ai enduré l'exploitation, la misère, le mépris des autres pour les nourrir. Mais, ce qui me chagrinait le plus était quand j'entrevoyais, dans le regard de mes enfants, la honte que mon travail leur causait. Cela sans évoquer les misères que me faisait endurer l'insolence des gens pour qui je travaillais», raconte-t-elle.
Recruter une femme de ménage, une obligation
Plus d'un million et demi de femmes travaillent en Algérie. Le changement du statut de la femme algérienne qui concurrence actuellement l'homme dans un terrain qui lui était jusqu'ici réservé est entre autres facteurs expliquant le recours de plus en plus important aux domestiques pour venir à bout de ses responsabilités.
Pour Radia, embaucher une domestique est devenue une contrainte obligée par l'époque actuelle. «Personnellement, je travaille et il m'est difficile de joindre les deux bouts. Pour y parvenir, j'ai dû recruter une bonne qui m'aide dans les travaux domestiques. Elle travaille quatre jours dans la semaine pour un salaire de 6000 DA», déclare-t-elle.
Nadia, quant à elle, médecin âgée de 34 ans, mariée, explique le recours aux femmes de ménage par le manque de temps et de disponibilité des femmes qui travaillent. «La gestion du foyer est une lourde tâche. La domestique est en ce sens une exigence et non un luxe, comme on pouvait le constater autrefois», souligne-t-elle. De son côté, Sabah, explique que travailler pendant toute la journée ne laisse plus de temps à la femme pour s'occuper de la gestion de son foyer.
Enfin, tout comme la nurse, le recours à la domestique est devenue une exigence incontournable à une époque où peu de femmes peuvent concilier travail et vie de famille. Mais, ces femmes qui travaillent durement pour venir à bout de leurs responsabilités, n'ont-elle enfin pas le droit d'avoir un statut particulier comme tout fonctionnaire, d'exercer leur travail dans la dignité et d'être à l'abri de tout injustice ou mauvais traitement ?
D. S.


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