Durant l'hiver et le Ramadhan, on se mobilise pour assurer un lit et des repas chauds, on médiatise ces actions à outrance et puis, le reste de l'année...il n'y a rien. Aux nombreux maux qui rongent la société algérienne, est venu s'ajouter le phénomène des sans domicile fixe (SDF). Selon les statistiques fournies par le ministère de la Solidarité, il existe officiellement 11.155 SDF à travers le territoire national. Mais, il va sans dire que le chiffre est loin de refléter la terrible réalité sur le terrain, surtout que ces chiffres n'ont pas été actualisés depuis environ trois année. Depuis ces dernières années, ce phénomène qui prend de l'ampleur, touche surtout des populations particulièrement pauvres, sans ressources et menace également une grande partie de la jeunesse. C'est dire que la condition de SDF est vécue actuellement comme un véritable drame social. Sur les 11.155 SDF répertoriés, le département de la solidarité nationale a établi que 8338 sont des hommes, notamment au niveau des grandes villes comme Alger, Annaba, Oran et Constantine. Dans cette dernière, l'on rapporte qu'une famille entière composée de 9 membres vagabonde dans les rues de la ville et cela depuis plusieurs mois. La mère Rachida, le père sans emploi et leurs 7 enfants ont été mis à la porte du domicile familial, sis à Daksi. Dans la misère, les parents placeront leurs enfants dans des centres d'accueil en attendant que les autorités fassent preuve de générosité. Il ne s'agit pas du seul cas. Citons l'exemple de cette jeune fille de 20 ans qui erre depuis deux ans dans une cité-dortoir à Ziadia. Elle fait l'objet de toutes les convoitises bestiales. Le pire, c'est que cette victime de la société a perdu tous ses repères. Rude est la vie de ces milliers de SDF qui font partie du décor quotidien des rues, dans l'indifférence totale d'un société absorbée par les tracas de la vie. Le temps aura fragilisé davantage ces victimes, n'étaient ces quelques associations à caractère humanitaire s'engageant à réchauffer leur coeur. Le n°28 de la revue de la Gendarmerie nationale rapporte l'histoire d'une jeune fille de 18 ans, Selma, dont la vie a été amère. La jeune fille qui a rencontré des difficultés a confié sa détresse aux gendarmes. Elle est originaire de Sétif et elle a subi l'agressivité de son père, qui la frappait fréquemment sans raison et l'a privée de l'école. Evidemment, elle quitte le domicile familial pour être «accueillie» par la rue à bras ouverts. Elle n'est pas la seule à vivre pareille situation. Le divorce a une grande part dans ces situations extrêmes. 1492 est le nombre de femmes recensées comme étant victimes de ce malheur social et le chiffre est à revoir à la hausse. Beaucoup d'entre ces SDF refusent de quitter la rudesse des rues, de peur qu'ils perdent leur liberté et leurs habitudes. Ils s'échappent souvent des centres d'accueil et deviennent de plus en plus agressifs. Beaucoup de personnes se retrouvent dans la rue après le décès d'un conjoint ou d'un parent comme c'est le cas d'Ahmed. Après le décès de sa mère, son père s'est remarié et il sera mis à la porte par sa marâtre. Abondonné et oublié par son père, personne ne ce soucie de lui, il a fini par trouver la rue comme dernier refuge. La politique de réinsertion adoptée par le ministère de la Solidarité nationale ne semble pas donner les résultats escomptés. Durant l'hiver et le Ramadhan, on se mobilise pour assurer un lit et des repas chauds, on médiatise ces actions à outrance et puis, le reste de l'année...il n'y a rien. Beaucoup de ces personnes vivant dans la rue n'on pas de qualification, elles ne savent ni lire ni écrire. Elles n'ont jamais fréquenté l'école. C'est dire que le travail à accomplir pour la prise en charge de cette catégorie sociale est vraiment énorme. Et avec les politiques adoptées actuellement, il ne faut pas espérer grand-chose.