La première trouvaille du tout nouveau ministre de l‘Immigration et de l‘Identité nationale, Eric Besson, est pour le moins inattendue. Elle consiste tout bonnement à octroyer aux immigrés clandestins un titre de séjour si toutefois ces derniers dénoncent leurs passeurs. C‘est du moins ce qu‘a annoncé ce mercredi M. Besson, affirmant vouloir «déclarer la guerre aux passeurs». Celui-ci a indiqué qu‘il voulait «absolument doter les préfets de nouveaux outils pour lutter contre les filières clandestines», et annoncé qu‘il signerait une circulaire donnant aux préfets «la possibilité d‘accorder des titres de séjour provisoires, et qui peuvent être ensuite renouvelés, aux clandestins victimes de filières clandestines, qui décideraient de coopérer avec la police, et donc, pour parler clairement, de dénoncer ces filières clandestines». Le transfuge du Parti socialiste français a promis de combattre ces «filières clandestines d‘immigration mafieuses, criminelles» pratiquant un «business tristement mais hautement lucratif». Et d‘ajouter : «Avec le système que nous allons mettre en place, ils savent que s‘ils dénoncent ceux qui les ont mis dans cette situation, ils peuvent obtenir instantanément un titre de séjour provisoire et coopérer avec la police», a-t-il déclaré. S‘il est admis que la lutte contre les réseaux de passeurs qui exploitent la misère humaine est louable, il est tout aussi évident que l‘obsession du chiffre fait l‘impasse sur la sécurité des familles de ces immigrés auxquels on fait miroiter la possibilité d‘obtenir des papiers en contrepartie d‘un acte de délation. Sous prétexte de déclarer la guerre aux passeurs, Besson jette ainsi les malheureux immigrés clandestins dans la gueule du loup. A-t-il pensé aux risques de représailles sur les familles restées dans le pays origine ? Outre le fait qu‘elle présente un danger pour les immigrés clandestins, cette mesure pose le problème de la moralité. Comble de l‘hypocrisie, Besson se dit préoccupé par « la misère des clandestins victimes de leurs passeurs », alors que lui-même exploite les immigrés illégaux pour faire du chiffre. Dès lors, il ne serait pas incongru de penser qu‘une fois les objectifs atteints, c‘est-à-dire casser les filières des clandestins, Besson s‘attaquerait à ceux là même qui ont été récompensés et utilisés comme hameçon. «Prime à la délation» et «chantage» policier Réagissant à cette mesure, l‘association France Terre d‘Asile (FTA) a vivement critiqué la politique du nouveau ministre de l‘Immigration dénonçant une «irruption spectaculaire dans le débat migratoire, sans toutefois rien régler sur le fond». Selon FTA, Eric Besson «reprend une idée de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l‘Intérieur, qui, en 2003, avait lancé une idée analogue en souhaitant protéger les victimes des réseaux de prostitution: «Si vous dénoncez vos bourreaux, vous aurez des papiers». Pour sa part, SOS Racisme «s‘étonne» de la proposition d‘Eric Besson d‘offrir des titres de séjour temporaires aux personnes décidant de dénoncer les passeurs. «La question des régularisations doit être approchée selon des règles claires et transparentes qui seraient issues d‘une réflexion des droits relatifs aux étrangers et en aucun cas de considérations policières. Cela serait d‘autant plus dangereux que dans les actuelles pratiques préfectorales en matière de régularisation, un «chantage» pourrait être facilement opéré y compris en direction des personnes réunissant les conditions de régularisation», indique-t-on. Et de s‘interroger : «Si l‘Etat français décidait d‘instituer cette manière de procéder, est-il en situation de garantir la sécurité physique dans les pays d‘origine des personnes appartenant à la famille de celles et ceux ayant décidé de dénoncer tel ou tel passeur ? Nous ne pouvons qu‘être inquiets face à ce qui apparaîtrait comme une officialisation des pratiques de délation», lit-on dans le communiqué publié par SOS Racisme. En se fixant un objectif de 27.000 reconduites à la frontière établi par Sarkozy, Besson promet d‘emboîter le pas à son prédécesseur, Brice Hortefeux, qui a, quant à lui, réussi un sinistre bilan de plus de 28.000 personnes en situation irrégulière « éloignées» du territoire français. M. N. La première trouvaille du tout nouveau ministre de l‘Immigration et de l‘Identité nationale, Eric Besson, est pour le moins inattendue. Elle consiste tout bonnement à octroyer aux immigrés clandestins un titre de séjour si toutefois ces derniers dénoncent leurs passeurs. C‘est du moins ce qu‘a annoncé ce mercredi M. Besson, affirmant vouloir «déclarer la guerre aux passeurs». Celui-ci a indiqué qu‘il voulait «absolument doter les préfets de nouveaux outils pour lutter contre les filières clandestines», et annoncé qu‘il signerait une circulaire donnant aux préfets «la possibilité d‘accorder des titres de séjour provisoires, et qui peuvent être ensuite renouvelés, aux clandestins victimes de filières clandestines, qui décideraient de coopérer avec la police, et donc, pour parler clairement, de dénoncer ces filières clandestines». Le transfuge du Parti socialiste français a promis de combattre ces «filières clandestines d‘immigration mafieuses, criminelles» pratiquant un «business tristement mais hautement lucratif». Et d‘ajouter : «Avec le système que nous allons mettre en place, ils savent que s‘ils dénoncent ceux qui les ont mis dans cette situation, ils peuvent obtenir instantanément un titre de séjour provisoire et coopérer avec la police», a-t-il déclaré. S‘il est admis que la lutte contre les réseaux de passeurs qui exploitent la misère humaine est louable, il est tout aussi évident que l‘obsession du chiffre fait l‘impasse sur la sécurité des familles de ces immigrés auxquels on fait miroiter la possibilité d‘obtenir des papiers en contrepartie d‘un acte de délation. Sous prétexte de déclarer la guerre aux passeurs, Besson jette ainsi les malheureux immigrés clandestins dans la gueule du loup. A-t-il pensé aux risques de représailles sur les familles restées dans le pays origine ? Outre le fait qu‘elle présente un danger pour les immigrés clandestins, cette mesure pose le problème de la moralité. Comble de l‘hypocrisie, Besson se dit préoccupé par « la misère des clandestins victimes de leurs passeurs », alors que lui-même exploite les immigrés illégaux pour faire du chiffre. Dès lors, il ne serait pas incongru de penser qu‘une fois les objectifs atteints, c‘est-à-dire casser les filières des clandestins, Besson s‘attaquerait à ceux là même qui ont été récompensés et utilisés comme hameçon. «Prime à la délation» et «chantage» policier Réagissant à cette mesure, l‘association France Terre d‘Asile (FTA) a vivement critiqué la politique du nouveau ministre de l‘Immigration dénonçant une «irruption spectaculaire dans le débat migratoire, sans toutefois rien régler sur le fond». Selon FTA, Eric Besson «reprend une idée de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l‘Intérieur, qui, en 2003, avait lancé une idée analogue en souhaitant protéger les victimes des réseaux de prostitution: «Si vous dénoncez vos bourreaux, vous aurez des papiers». Pour sa part, SOS Racisme «s‘étonne» de la proposition d‘Eric Besson d‘offrir des titres de séjour temporaires aux personnes décidant de dénoncer les passeurs. «La question des régularisations doit être approchée selon des règles claires et transparentes qui seraient issues d‘une réflexion des droits relatifs aux étrangers et en aucun cas de considérations policières. Cela serait d‘autant plus dangereux que dans les actuelles pratiques préfectorales en matière de régularisation, un «chantage» pourrait être facilement opéré y compris en direction des personnes réunissant les conditions de régularisation», indique-t-on. Et de s‘interroger : «Si l‘Etat français décidait d‘instituer cette manière de procéder, est-il en situation de garantir la sécurité physique dans les pays d‘origine des personnes appartenant à la famille de celles et ceux ayant décidé de dénoncer tel ou tel passeur ? Nous ne pouvons qu‘être inquiets face à ce qui apparaîtrait comme une officialisation des pratiques de délation», lit-on dans le communiqué publié par SOS Racisme. En se fixant un objectif de 27.000 reconduites à la frontière établi par Sarkozy, Besson promet d‘emboîter le pas à son prédécesseur, Brice Hortefeux, qui a, quant à lui, réussi un sinistre bilan de plus de 28.000 personnes en situation irrégulière « éloignées» du territoire français. M. N.