« Renforcer l'unité nationale pour faire face aux défis et aux campagnes haineuses contre l'Algérie »    Epreuves restreignant la dynamique associative en Algérie    Président du parti vainqueur des législatives au Danemark : « Le Groenland n'est pas à vendre »    «LG Evening Care» Le nouveau service après-vente en soirée    Introduction officielle de la BDL à la Bourse d'Alger    Suspension de l'aide militaire pour l'Ukraine    La famine risque de s'étendre dans tout le pays    Poutine : « La Russie doit chasser l'Ukraine de la région de Koursk dans les plus brefs délais »    Les leaders pour creuser l'écart, chaudes empoignades dans la lutte pour le maintien    Walid Sadi : «Mon élection au Comité exécutif est un acquis pour toute l'Algérie»    Walid Sadi élu à la CAF    Saisie de 448 kilogrammes de viandes rouges et blanches impropres à la consommation    Journée nationale des personnes aux besoins spécifiques : expositions et distribution d'appareillages    Jalousement préservées par les habitants du Ksar de Tiout    Il y a 11 ans, disparaissait l'icône, Na Cherifa    L'ambassade du Japon présente « I LOVE SUSHI »    Beihdja Rahal fête ses 30 ans de carrière Deux concerts exceptionnels à Alger et Constantine    Grande mosquée de Paris : la tolérance en islam et le soutien au peuple palestinien au cœur du prêche du vendredi    Blida: MM. Hidaoui et Ouadah coprésident une cérémonie de distinction des lauréates du concours "Femmes entrepreneures à succès"    Constantine: "Enafka", une tradition ancestrale consacrant l'esprit de solidarité à la mi-Ramadhan    Le rôle de l'Algérie dans la promotion de la paix et de la sécurité salué par une responsable parlementaire mexicaine    Athlétisme / Mondiaux 2025 en salle : Chenitef, seul représentant algérien à Nanjing    Un syndicaliste espagnol avertit contre les atteintes aux droits humains au Sahara occidental    La Radio Algérie internationale célèbre la Journée nationale de la culture palestinienne    L'occupant sioniste multiplie ses agressions contre les mosquées en Cisjordanie pendant le mois sacré    Saisie de 1.7 million de comprimés psychotropes à In Amenas    ACNOA: ouverture des travaux de la 22e assemblée générale de l'instance africaine à Alger    Le président de la CAF félicite M. Sadi pour son élection au Comité exécutif de l'instance africaine    Hidaoui souligne l'importance de moderniser les établissements de jeunes pour davantage d'attractivité    Impératif d'accélérer les procédures nécessaires à la création d'une société spécialisée dans le transport aérien domestique    17ème colloque des Dourouss Mohammadia à Oran: Le soufisme en Algérie a eu un grand impact dans l'immunisation de la société    Les responsables de la "Chemiserie Djen-Djen" appelés à proposer un modèle standardisé de tabliers d'écoliers    Le président de la République félicite le président de la Commission de l'UA à l'occasion de sa prise de fonctions    Renouvellement par moitié des membres du Conseil de la nation: la Cour constitutionnelle annonce les résultats définitifs ce jeudi    Le 6e Festival de la chanson andalouse de jeunesse s'ouvre à Alger    La Défense nationale plébiscite l'Algérie au rang des nations victorieuses        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La peur de l'inconnu
Pupille de l'état de Mohamed Zerguine
Publié dans Le Midi Libre le 17 - 02 - 2009

Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.
Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Par Dalila Soltani
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.
Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Par Dalila Soltani
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.