Ecrit dans un langage accessible et rigoureusement construit, cet essai semble avoir pour objectif de faire connaître l'actuel cheikh de la tariqa el-alaouia, Khaled Bentounès et la tariqa elle-même. A un moment où cette religion est quotidiennement défigurée par ceux qui en font une idéologie violente et meurtrière pour réaliser leurs objectifs politiques, le cheikh Bentounès démontre que la spiritualité est loin d'avoir tout à fait déserté la maison de l'islam. Ecrit dans un langage accessible et rigoureusement construit, cet essai semble avoir pour objectif de faire connaître l'actuel cheikh de la tariqa el-alaouia, Khaled Bentounès et la tariqa elle-même. A un moment où cette religion est quotidiennement défigurée par ceux qui en font une idéologie violente et meurtrière pour réaliser leurs objectifs politiques, le cheikh Bentounès démontre que la spiritualité est loin d'avoir tout à fait déserté la maison de l'islam. Malgré le déclin connu par le monde musulman qui fut pendant des siècles la lumière des mondes, tout espoir n'est donc pas perdu. C'est ce qu'en substance s'attache à démontrer l'actuel chef spirituel de la tariqa el-alaouia, adarqaouia, achadilia, fondée par le cheikh Ahmed Ben Mostefa el-Alaoui (1869/1933) à Mostaganem après son initiation par Sidi Hamou cheikh Al Bouzidi de la confrérie Darquaouia et cinq ans après le décès de ce dernier en 1909. Pratiquant la retraite spirituelle «khalwa», comme principal exercice spirituel, la confrérie qui vient de célébrer son centenaire, compte des milliers de membres en Algérie et à travers le monde. Combattue surtout par l'Association des ulémas musulmans, la Alouia a toujours défendu sa stricte orthodoxie. Recevant le flambeau des mains des sages de la confrérie à la mort de son père le Cheikh Sidi Haj Madhi Bentounès, Khaled Bentounès expose dans ce premier ouvrage le cheminement singulier qui l'a mené à la Voie. Les étapes de l'éducation spirituelle Après avoir reçu un enseignement religieux et traditionnel au sein de la zaouia de Mostaganem où il passe sa jeunesse, Khaled Bentounès étudie à l'école publique. C'est ainsi qu'il découvre la philosophie marxiste après avoir appris les sourates du Coran, la loi islamique, le droit, le rituel, le code moral, la philosophie, la grammaire, la poésie et le chant sacré. Au bout de son apprentissage à la zaouia, il est présenté comme disciple à son père qui prend alors en charge son éducation spirituelle. Dans ce chapitre, l'auteur souligne la force de l'enseignement traditionnel qui prépare les nouvelles générations à affronter toutes les adversités. Il regrette que cet enseignement massif autrefois se soit tari aujourd'hui, réduisant la notion d'islamité à une simple dénomination reçue comme par héritage génétique. Selon un hadith du prophète Mohammed (QSSSL), «Parlez aux gens selon leur entendement», les maîtres de la zaouia modulaient leurs enseignements selon les élèves. « La vérité est à l'image du beurre. Il faut secouer le lait pour obtenir la crème. Le maître nous donnait le lait et par nos efforts, nos méditations…nous étions aptes ou non à produire du beurre. Bien sûr chacun évoluait en fonction de la qualité du travail accompli.» C'est donc étape par étape que les élèves étaient guidés vers la compréhension de l'islam. «Les zaouia possèdent donc un rôle éducatif et représentent un ancrage culturel. Actuellement, nous vivons la destruction progressive de ces lieux, ou leur marginalisation, amenant dans tous les pays du monde musulman une dépersonnalisation de l'individu. Les générations suivantes, qui n'ont suivi qu'un enseignement classique à l'école, ont perdu leurs repères traditionnels. On leur a dit qu'ils étaient musulmans, mais de quelle façon, s'il n'existe aucun enseignement leur permettant de connaître et de vivre cette islamité en eux ? La situation s'aggrave si la religion elle-même devient un instrument utilisé par le pouvoir.(...) Le religion est devenue une idéologie, un instrument de manipulation des populations » écrit le cheikh qui explique qu'en fin de formation l'élève de la zaouia devait faire une pérégrination vers l'âge de 18-20 ans. Son séjour en Occident lui permet de mettre en pratique la force spirituelle acquise en Algérie. « La force nous ramène toujours à la vraie nature de l'homme. Elle constitue un garde-fou nous aidant à ne pas franchir le seuil entre l'humain et l'animal.(…) Je peux certifier que l'enseignement spirituel que j'ai reçu constitue un rempart contre le crime, la dépravation , la haine..». C'est dans cette disposition d'esprit que Khaled Bentounès perd son père et maître spirituel. C'est alors que le conseil des sages lui confie la succession. Ce choix qu'il commence par refuser lui fait opérer une véritable transformation. «Cette transformation intérieure s'est réalisée jour après jour, comme si un être était en train de partir et qu'un autre le remplaçait au fur et à mesure. L'Esprit entrait en possession de ce corps qui avait été préparé et devenait apte à le recevoir. La transformation était psychologique et physique. Je vivais ces expériences sans les avoir demandées. J'étais comme transporté dans un autre monde. C'est difficile à expliquer, c'est une expérience radicale». Arrivé à cette étape de la Voie, Khaled Bentounès, le jeune homme aux cheveux longs précédemment imbibé de l'ambiance effervescentes des sixties et seventies est prêt à assumer ses responsabilités de représentant de la confrérie. Ses expériences occidentales sont un plus car «l'Europe a été une terre d'asile permettant et facilitant cette transition.» Le quatrième chapitre est consacré aux 5 piliers de l'islam. Puis l'auteur aborde les trois niveaux d'évolution, la discipline spirituelle, l'homme et la femme, le temps divin et l'instant de vérité, à savoir le passage de vie à trépas. En conclusion, des extraits du diwan du cheikh el-alaoui et la chaîne initiatique, silsila de la tariqa alaouia sont également présentés au lecteur. « La religion, c'est la sincérité» a dit le Prophète (QSSSL). Ce livre ne veut ni convaincre ni convertir. Il est simplement le témoignage d'un homme que le destin a placé là où il n'a jamais demandé à être, croyant, serviteur et soumis à Sa volonté, sans mérite, sans prétention. C'est ainsi que le cheikh conclut son propos. Une belle leçon d'humilité en ces périodes infectées par la dictature du prêt à penser et du religieusement correct. «Le soufisme cœur de l'islam » de Cheikh Bentounès, édition Pocket spiritualité. Paris 1996. 275 pages. Prix public : 630 dinars. Malgré le déclin connu par le monde musulman qui fut pendant des siècles la lumière des mondes, tout espoir n'est donc pas perdu. C'est ce qu'en substance s'attache à démontrer l'actuel chef spirituel de la tariqa el-alaouia, adarqaouia, achadilia, fondée par le cheikh Ahmed Ben Mostefa el-Alaoui (1869/1933) à Mostaganem après son initiation par Sidi Hamou cheikh Al Bouzidi de la confrérie Darquaouia et cinq ans après le décès de ce dernier en 1909. Pratiquant la retraite spirituelle «khalwa», comme principal exercice spirituel, la confrérie qui vient de célébrer son centenaire, compte des milliers de membres en Algérie et à travers le monde. Combattue surtout par l'Association des ulémas musulmans, la Alouia a toujours défendu sa stricte orthodoxie. Recevant le flambeau des mains des sages de la confrérie à la mort de son père le Cheikh Sidi Haj Madhi Bentounès, Khaled Bentounès expose dans ce premier ouvrage le cheminement singulier qui l'a mené à la Voie. Les étapes de l'éducation spirituelle Après avoir reçu un enseignement religieux et traditionnel au sein de la zaouia de Mostaganem où il passe sa jeunesse, Khaled Bentounès étudie à l'école publique. C'est ainsi qu'il découvre la philosophie marxiste après avoir appris les sourates du Coran, la loi islamique, le droit, le rituel, le code moral, la philosophie, la grammaire, la poésie et le chant sacré. Au bout de son apprentissage à la zaouia, il est présenté comme disciple à son père qui prend alors en charge son éducation spirituelle. Dans ce chapitre, l'auteur souligne la force de l'enseignement traditionnel qui prépare les nouvelles générations à affronter toutes les adversités. Il regrette que cet enseignement massif autrefois se soit tari aujourd'hui, réduisant la notion d'islamité à une simple dénomination reçue comme par héritage génétique. Selon un hadith du prophète Mohammed (QSSSL), «Parlez aux gens selon leur entendement», les maîtres de la zaouia modulaient leurs enseignements selon les élèves. « La vérité est à l'image du beurre. Il faut secouer le lait pour obtenir la crème. Le maître nous donnait le lait et par nos efforts, nos méditations…nous étions aptes ou non à produire du beurre. Bien sûr chacun évoluait en fonction de la qualité du travail accompli.» C'est donc étape par étape que les élèves étaient guidés vers la compréhension de l'islam. «Les zaouia possèdent donc un rôle éducatif et représentent un ancrage culturel. Actuellement, nous vivons la destruction progressive de ces lieux, ou leur marginalisation, amenant dans tous les pays du monde musulman une dépersonnalisation de l'individu. Les générations suivantes, qui n'ont suivi qu'un enseignement classique à l'école, ont perdu leurs repères traditionnels. On leur a dit qu'ils étaient musulmans, mais de quelle façon, s'il n'existe aucun enseignement leur permettant de connaître et de vivre cette islamité en eux ? La situation s'aggrave si la religion elle-même devient un instrument utilisé par le pouvoir.(...) Le religion est devenue une idéologie, un instrument de manipulation des populations » écrit le cheikh qui explique qu'en fin de formation l'élève de la zaouia devait faire une pérégrination vers l'âge de 18-20 ans. Son séjour en Occident lui permet de mettre en pratique la force spirituelle acquise en Algérie. « La force nous ramène toujours à la vraie nature de l'homme. Elle constitue un garde-fou nous aidant à ne pas franchir le seuil entre l'humain et l'animal.(…) Je peux certifier que l'enseignement spirituel que j'ai reçu constitue un rempart contre le crime, la dépravation , la haine..». C'est dans cette disposition d'esprit que Khaled Bentounès perd son père et maître spirituel. C'est alors que le conseil des sages lui confie la succession. Ce choix qu'il commence par refuser lui fait opérer une véritable transformation. «Cette transformation intérieure s'est réalisée jour après jour, comme si un être était en train de partir et qu'un autre le remplaçait au fur et à mesure. L'Esprit entrait en possession de ce corps qui avait été préparé et devenait apte à le recevoir. La transformation était psychologique et physique. Je vivais ces expériences sans les avoir demandées. J'étais comme transporté dans un autre monde. C'est difficile à expliquer, c'est une expérience radicale». Arrivé à cette étape de la Voie, Khaled Bentounès, le jeune homme aux cheveux longs précédemment imbibé de l'ambiance effervescentes des sixties et seventies est prêt à assumer ses responsabilités de représentant de la confrérie. Ses expériences occidentales sont un plus car «l'Europe a été une terre d'asile permettant et facilitant cette transition.» Le quatrième chapitre est consacré aux 5 piliers de l'islam. Puis l'auteur aborde les trois niveaux d'évolution, la discipline spirituelle, l'homme et la femme, le temps divin et l'instant de vérité, à savoir le passage de vie à trépas. En conclusion, des extraits du diwan du cheikh el-alaoui et la chaîne initiatique, silsila de la tariqa alaouia sont également présentés au lecteur. « La religion, c'est la sincérité» a dit le Prophète (QSSSL). Ce livre ne veut ni convaincre ni convertir. Il est simplement le témoignage d'un homme que le destin a placé là où il n'a jamais demandé à être, croyant, serviteur et soumis à Sa volonté, sans mérite, sans prétention. C'est ainsi que le cheikh conclut son propos. Une belle leçon d'humilité en ces périodes infectées par la dictature du prêt à penser et du religieusement correct. «Le soufisme cœur de l'islam » de Cheikh Bentounès, édition Pocket spiritualité. Paris 1996. 275 pages. Prix public : 630 dinars.