Pour certains, c'était la preuve que la tariqa Alawiya jouit d'une obédience indiscutable et d'un grand respect au Maghreb comme au Machrek. Une aura et un respect qui consacrent le travail de longue haleine, consenti durant plusieurs décennies. C'est en apothéose que les festivités de la manifestation commémorative du 1er centenaire de la tariqa Alawiya ont pris fin hier à Mostaganem. De l'avis de nombre d'illustres personnalités tant religieuses que scientifiques ou culturelles, nationales ou étrangères, “l'évènement” aura tenu toutes ses promesses en ayant amplement atteint ses objectifs. “Le grand rassemblement abrité par Mostaganem était un événement de portée internationale”, s'est-on accordé à conclure. L'affirmation est d'autant permise si l'on se réfère aux nombreux intellectuels de haute stature qui ont accepté l'invitation afin de venir apporter leur contribution à la réflexion quant aux questions qui préoccupent l'humanité. Ils sont d'ailleurs venus de partout, de France, d'Egypte, du Sénégal, du Japon, du Maghreb, de la Palestine, de Jordanie, et du lointain continent américain. Pour certains, c'était la preuve que la tariqa Alawiya jouit d'une obédience indiscutable et d'un grand respect au Maghreb comme au Machrek. Une aura et un respect qui consacrent le travail de longue haleine, consenti durant plusieurs décennies. Six thématiques ont dominé les débats de haut niveau intellectuel : la terre et la problématique de l'environnement, l'éducation et l'éveil des générations montantes, la communication et les médias, la mondialisation, la révélation, la spiritualité et le soufisme. Il faut reconnaître que pendant une semaine, la zaouïa a harmonieusement intégré débat scientifique, invocation divine et animation culturelle, aussi bien à travers les conférences et les ateliers qui animaient quotidiennement l'auditorium Mohamed-Benchehida du campus de Kharroba, que dans le cadre de l'accomplissement, chaque soir, des rituels soufis dans l'enceinte de la zaouïa organisatrice de l'évènement, ou lors des soirées artistiques proposées au complexe omnisports. Organisée jeudi en fin d'après-midi, la grande réunion spirituelle pour la récitation du Coran et l'invocation divine a duré jusqu'à l'aube. Ce “djamê” (ou grand rassemblement) a réuni des centaines de fidèles, des disciples de la zaouïa venus de tous les coins du monde. Un Marocain d'Espagne, côtoyant un frère belge, sénégalais ou palestinien, tous dans la même tenue blanche symbolisant pureté et clarté, c'était vraiment un moment très fort. Et à cette occasion, cheikh Khaled Bentounès, le guide actif de la zaouïa, a lancé beaucoup de messages. La polémique soulevée au cours de la semaine par les illustrations de son dernier ouvrage n'a semblé point l'avoir affecté. Mais il ne manquera pas de s'insurger contre “ceux qui ont occulté à dessein le vrai rôle des zaouïas”. “Ce sont ces zaouïas qu'on diabolise aujourd'hui qui ont sauvé la mémoire de l'identité nationale durant la Révolution !” affirmera-t-il en substance. Il s'insurge également contre “ceux qui veulent faire de l'Islam une idéologie qui enferme et embrigade la société”. “L'Islam, c'est la tolérance, la paix et l'acceptation des autres ! martèle-t-il avant de rappeler le triptyque de base du soufisme : savoir et connaissance, spiritualité et culture. La veille de la clôture, le guide de la tariqa Alawiya aura à s'exprimer sur nombre d'autres sujets. Au cours de la conférence qu'il avait animée, cheikh Khaled Bentounès est ainsi revenu sur la question du voile. “Alors que la société est dans une détresse totale, ils ont fait du voile une sorte d'examen de conscience. Mais qu'est-ce que la foi a à voir avec un voile ou un quelconque vêtement ?” dira-t-il en substance. “Mon combat est pour l'instauration du dialogue, pour parler de l'autre visage de l'Islam, celui de la tolérance.” Et de critiquer la communauté musulmane pour sa “tare” communicative. “Il nous faut beaucoup, nous musulmans, nous n'arrivons pas à communiquer. Nous pratiquons la politique de l'autruche. Nous mettons tout sur le dos des autres, sur celui de l'Occident ou celui de nos ennemis. Il faut qu'on parle entre nous. Mon message est de lutter en vue de l'unité de nos savoirs, l'unité de nos connaissances et de celle de nos hommes de bonne volonté. Il s'agit d'interpeller chacun de nous, en son âme et conscience, de nous réunir autour d'une table. Qu'on discute de ce que vous nous reprochez !” M. O. T.