Placée a posteriori sous le tutorat de l'ère et de l'esprit du calife Al Ma'mun, la pensée de Mohamed Iqbal (1887-1938) se veut une quête ouverte au monde ou plutôt une conquête bâtie sur le socle de l'inquiétude philosophique, de la comparaison par confrontation des idées, pour enfin amorcer la reconstruction d'une modernité qui soit en parfaite adéquation avec l'Islam. Placée a posteriori sous le tutorat de l'ère et de l'esprit du calife Al Ma'mun, la pensée de Mohamed Iqbal (1887-1938) se veut une quête ouverte au monde ou plutôt une conquête bâtie sur le socle de l'inquiétude philosophique, de la comparaison par confrontation des idées, pour enfin amorcer la reconstruction d'une modernité qui soit en parfaite adéquation avec l'Islam. Né à Sialkot, au Penjab, dans le sous-continent indien, Iqbal reçut une éducation à la fois moderne d'un côté et profondément ancrée dans la tradition soufi de l'autre côté. Jeune professeur de philosophie, sa quête du savoir conduisit ses pas en Occident. Dans cette Europe du début du XXe siècle, il se révèle poète, philosophe, avocat, polyglotte, avant de se faire homme politique par la suite dans son pays, et de se découvrir finalement comme personnalité de la pensée islamique et citoyen du monde. Cette trajectoire a fait de cet homme un philosophe peu ordinaire, comme en témoigne son œuvre principalement centrée sur l'Islam. La philosophie d'Iqbal est d'abord conçue par l'identité de l'ego. En effet, l'affirmation de soi est une ascension individuelle vers un peu plus de liberté, d'illumination, et de conscience consistante de soi. Car la finalité de la quête de l'ego est l'action. L'homme s'affirmant par la preuve dans l'éprouve. parce qu'il est créature finie de Dieu, et qu'il se définit par la somme de ses mouvements, l'individu intègre une part d'infini imprimée en lui par la création initiale et continuée de la perfection divine. Dans ce cadre cosmologique iqbalien, s'exprime l'évolution créatrice par émergence de l'homme dans toute son humanité et dans sa relation avec la transcendance de Dieu. Ainsi, la chute n'est pas une sanction négative. Dieu a misé sur sa créature dont la tension permanente se justifie par le souci d'identification et de fusion avec sa créature. La vie rime donc avec le mouvement et l'action créatrice, et s'oppose de facto à toute idée paralysante de fatalité. L'homme, en tant que vicaire de Dieu sur terre, participe à la marche du monde et au déroulement des événements. La mesure de cette divine incarnation se prend à travers le rituel autocentré de la prière. En fait, au lieu de chercher au dehors, c'est dans une perspective éthique et ontologique de sa consommation intérieure que provient l'énergie créatrice qui fait être l'homme. C'est elle qui lui offre l'immortalité, dont le Paradis ne constitue pas le terme, car la vie en tant que mouvement a sa propre fin dans le mouvement. En donnant une telle orientation à la vie, Iqbal développe une forme de spiritualité existentielle et profondément différentielle, car faisant sienne la tolérance. Partout, malgré cette dernière, l'idéal poétique iqbalien, au sujet de l'Inde du Pakistan, se heurte au principe de réalité politique plus favorable à l'affirmation autonome et au développement constructif de l'ego collectif. De même pour Iqbal, la science est un moyen pour développer la compréhension du texte coranique. Car, c'est l'esprit qui anime la science qui conditionne l'ijtihâd ou l'effort d'interprétation et lui offre toute les théories, à même de mettre à profit ses recherches et de les développer. Pour être au diapason du monde, pour une lecture interprétative correcte de l'évolution de la société, une seule attitude est indiquée selon Iqbal : la fidélité dans le mouvement afin de mieux donner un sens et une voie à la permanence de l'Islam. A l'heure d'une actualité à forte connotation religieuse, où il est souvent question d'islamisme, on trouve la conclusion d'Ikbal centrée autour de la modernité en relation avec l'Islam. Elle constitue, non seulement pour les musulmans, une idée intarissable dans le domaine de la recherche et de l'exégèse, mais aussi pour tout un chacun, soucieuse de connaître et de savoir, une source qui redonne vitalité à la pensée islamique dans son ensemble. Elle représente en même temps un plaidoyer vivant pour une reconsidération de la fidélité au mouvement principale et essentiel à l'Islam, qui avec cette nouvelle donne stimule l'intérêt et l'engouement de la recherche. Enfin, en plus des références au Saint Coran, par les sentiers non battus qui mènent à la découverte du nouveau, ce grand homme de lettres et philosophe, Iqbal, nous promène, à travers ses idées et sa conception de la chose islamique, dans les jardins paradisiaques, de grandes personnalités qui ont marqué en lettres d'or leurs noms dans l'histoire universelle. Connaissez-vous votre religion ? Chez nous, on fait de la vieille école une référence. Existe-t-il une différence entre l'enseignement religieux et l'enseignement général ? A quoi est due, selon vous, cette chute brutale du niveau et des enseignants et des élèves ? F. Souad ( Bouira) Avant la colonisation l'enseignement était unique et permettait à l'élève d'être préparé à la fois à la vie matérielle et morale, avec une culture générale dans tous les domaines, la base de l'enseignement étant le coran et la sunna. A la suite de la colonisation, l'enseignement religieux fut laissé dans un premier temps aux mains de ceux qui s'adonnaient à la pratique du culte. Il en résulta une détérioration de la vie de la nation et de son sens de l'organisation. Abondonnant les principes de l'enseignement originel unique, beaucoup de pays dans le monde musulman, ont adapté et adopté des systèmes d'enseignement nouveaux qui sont loin de refléter l'authenticité première, tel que laissé par le prophète (Qsssl) et plus tard ses compagnons. Les premières déformations ont apparu en Inde, puis au Pakistan pour gagner l'Afghanistan et certains pays arabes. Même si certains réformateurs ont senti le danger et ont commencé à agir. C'était presque trop tard, car l'écart creusé est trop important pour pouvoir le rattraper rapidement. Les Etats musulmans portent la lourde responsabilité, dans ce qui est arrivé, car ils possèdent les moyens et les possibilités de transformer les orientations et de légiférer un enseignement adéquat, dans le but de contrecarrer toute autre forme d'enseignement non conforme à un programme scolaire préalablement établi. On ne doit donc présenter à l'enfant que ce qu'il peut comprendre et assimiler, en évitant de lui inculquer des slogans creux sans aucune prise sur la réalité. Quant au maître, il doit être pour l'élève un modèle d'intégrité et de droiture avant tout. Le programme, qui est l'aliment pour l'esprit de l'enfant doit être dépouillé de toutes les souillures qui peuvent entacher la vie futur de l'enfant musulman. Dans l'Europe moderne, par exemple, les théâtres et les textes qui les composent prolifèrent. Ces derniers placent la liberté de l'enfant comme fondement de l'éducation et n'accordent plus d'importance à l'influence de la foi dans l'existence. Mais l'enfant musulman a un but et une conduite intègres. Donc importer ces modèles d'éducation qui ne reflètent pas notre identité, peuvent nuire beaucoup plus au système éducatif dans les pays musulmans, qui eux enseignent les sciences religieuses, les sciences de la nature et les sciences humaines, dans lesquelles l'Occident n'y croit plus. D'autres facteurs peuvent aider à relever le niveau de nos éducateurs de nos élèves et des citoyens tout court. Nul n'ignore que les médias sont aussi une sorte d'école populaire dont l'influence considérable atteint toutes les couches de la société. Ils sont dans la rue, dans les foyers, dans les lieux de travail. Ils peuvent aider les gouvernants musulmans à jouer ce rôle en se conformant aux directives du Coran et de la sunna. C'est de cette manière peut-être, qu'ils arriveront à créer une vraie civilisation dans l'intérêt de tous les citoyens. Né à Sialkot, au Penjab, dans le sous-continent indien, Iqbal reçut une éducation à la fois moderne d'un côté et profondément ancrée dans la tradition soufi de l'autre côté. Jeune professeur de philosophie, sa quête du savoir conduisit ses pas en Occident. Dans cette Europe du début du XXe siècle, il se révèle poète, philosophe, avocat, polyglotte, avant de se faire homme politique par la suite dans son pays, et de se découvrir finalement comme personnalité de la pensée islamique et citoyen du monde. Cette trajectoire a fait de cet homme un philosophe peu ordinaire, comme en témoigne son œuvre principalement centrée sur l'Islam. La philosophie d'Iqbal est d'abord conçue par l'identité de l'ego. En effet, l'affirmation de soi est une ascension individuelle vers un peu plus de liberté, d'illumination, et de conscience consistante de soi. Car la finalité de la quête de l'ego est l'action. L'homme s'affirmant par la preuve dans l'éprouve. parce qu'il est créature finie de Dieu, et qu'il se définit par la somme de ses mouvements, l'individu intègre une part d'infini imprimée en lui par la création initiale et continuée de la perfection divine. Dans ce cadre cosmologique iqbalien, s'exprime l'évolution créatrice par émergence de l'homme dans toute son humanité et dans sa relation avec la transcendance de Dieu. Ainsi, la chute n'est pas une sanction négative. Dieu a misé sur sa créature dont la tension permanente se justifie par le souci d'identification et de fusion avec sa créature. La vie rime donc avec le mouvement et l'action créatrice, et s'oppose de facto à toute idée paralysante de fatalité. L'homme, en tant que vicaire de Dieu sur terre, participe à la marche du monde et au déroulement des événements. La mesure de cette divine incarnation se prend à travers le rituel autocentré de la prière. En fait, au lieu de chercher au dehors, c'est dans une perspective éthique et ontologique de sa consommation intérieure que provient l'énergie créatrice qui fait être l'homme. C'est elle qui lui offre l'immortalité, dont le Paradis ne constitue pas le terme, car la vie en tant que mouvement a sa propre fin dans le mouvement. En donnant une telle orientation à la vie, Iqbal développe une forme de spiritualité existentielle et profondément différentielle, car faisant sienne la tolérance. Partout, malgré cette dernière, l'idéal poétique iqbalien, au sujet de l'Inde du Pakistan, se heurte au principe de réalité politique plus favorable à l'affirmation autonome et au développement constructif de l'ego collectif. De même pour Iqbal, la science est un moyen pour développer la compréhension du texte coranique. Car, c'est l'esprit qui anime la science qui conditionne l'ijtihâd ou l'effort d'interprétation et lui offre toute les théories, à même de mettre à profit ses recherches et de les développer. Pour être au diapason du monde, pour une lecture interprétative correcte de l'évolution de la société, une seule attitude est indiquée selon Iqbal : la fidélité dans le mouvement afin de mieux donner un sens et une voie à la permanence de l'Islam. A l'heure d'une actualité à forte connotation religieuse, où il est souvent question d'islamisme, on trouve la conclusion d'Ikbal centrée autour de la modernité en relation avec l'Islam. Elle constitue, non seulement pour les musulmans, une idée intarissable dans le domaine de la recherche et de l'exégèse, mais aussi pour tout un chacun, soucieuse de connaître et de savoir, une source qui redonne vitalité à la pensée islamique dans son ensemble. Elle représente en même temps un plaidoyer vivant pour une reconsidération de la fidélité au mouvement principale et essentiel à l'Islam, qui avec cette nouvelle donne stimule l'intérêt et l'engouement de la recherche. Enfin, en plus des références au Saint Coran, par les sentiers non battus qui mènent à la découverte du nouveau, ce grand homme de lettres et philosophe, Iqbal, nous promène, à travers ses idées et sa conception de la chose islamique, dans les jardins paradisiaques, de grandes personnalités qui ont marqué en lettres d'or leurs noms dans l'histoire universelle. Connaissez-vous votre religion ? Chez nous, on fait de la vieille école une référence. Existe-t-il une différence entre l'enseignement religieux et l'enseignement général ? A quoi est due, selon vous, cette chute brutale du niveau et des enseignants et des élèves ? F. Souad ( Bouira) Avant la colonisation l'enseignement était unique et permettait à l'élève d'être préparé à la fois à la vie matérielle et morale, avec une culture générale dans tous les domaines, la base de l'enseignement étant le coran et la sunna. A la suite de la colonisation, l'enseignement religieux fut laissé dans un premier temps aux mains de ceux qui s'adonnaient à la pratique du culte. Il en résulta une détérioration de la vie de la nation et de son sens de l'organisation. Abondonnant les principes de l'enseignement originel unique, beaucoup de pays dans le monde musulman, ont adapté et adopté des systèmes d'enseignement nouveaux qui sont loin de refléter l'authenticité première, tel que laissé par le prophète (Qsssl) et plus tard ses compagnons. Les premières déformations ont apparu en Inde, puis au Pakistan pour gagner l'Afghanistan et certains pays arabes. Même si certains réformateurs ont senti le danger et ont commencé à agir. C'était presque trop tard, car l'écart creusé est trop important pour pouvoir le rattraper rapidement. Les Etats musulmans portent la lourde responsabilité, dans ce qui est arrivé, car ils possèdent les moyens et les possibilités de transformer les orientations et de légiférer un enseignement adéquat, dans le but de contrecarrer toute autre forme d'enseignement non conforme à un programme scolaire préalablement établi. On ne doit donc présenter à l'enfant que ce qu'il peut comprendre et assimiler, en évitant de lui inculquer des slogans creux sans aucune prise sur la réalité. Quant au maître, il doit être pour l'élève un modèle d'intégrité et de droiture avant tout. Le programme, qui est l'aliment pour l'esprit de l'enfant doit être dépouillé de toutes les souillures qui peuvent entacher la vie futur de l'enfant musulman. Dans l'Europe moderne, par exemple, les théâtres et les textes qui les composent prolifèrent. Ces derniers placent la liberté de l'enfant comme fondement de l'éducation et n'accordent plus d'importance à l'influence de la foi dans l'existence. Mais l'enfant musulman a un but et une conduite intègres. Donc importer ces modèles d'éducation qui ne reflètent pas notre identité, peuvent nuire beaucoup plus au système éducatif dans les pays musulmans, qui eux enseignent les sciences religieuses, les sciences de la nature et les sciences humaines, dans lesquelles l'Occident n'y croit plus. D'autres facteurs peuvent aider à relever le niveau de nos éducateurs de nos élèves et des citoyens tout court. Nul n'ignore que les médias sont aussi une sorte d'école populaire dont l'influence considérable atteint toutes les couches de la société. Ils sont dans la rue, dans les foyers, dans les lieux de travail. Ils peuvent aider les gouvernants musulmans à jouer ce rôle en se conformant aux directives du Coran et de la sunna. C'est de cette manière peut-être, qu'ils arriveront à créer une vraie civilisation dans l'intérêt de tous les citoyens.