Le silence a joué un rôle fondateur dans la vie du prix Nobel de littérature 1957. Entouré par une mère sourde, quasi-muette et un oncle sourd-muet, l'orphelin de père et son frère Lucien ont été éduqués par une grand-mère tyrannique dans le quartier populaire de Belcourt. José Lenzini, journaliste et auteur d'origine pied-noir qui a côtoyé Albert Camus n'a pas été avare en détails sur la vie du célèbre écrivain. Loin des spéculations intellectuelles des chercheurs, son livre qu'il a présenté au CCF, lundi soir, a le mérite de restituer l'homme dans la complexité souvent amère qui l'a imprégné jusqu'à ce fatidique dernier jour du 4 janvier 1960. Le silence a joué un rôle fondateur dans la vie du prix Nobel de littérature 1957. Entouré par une mère sourde, quasi-muette et un oncle sourd-muet, l'orphelin de père et son frère Lucien ont été éduqués par une grand-mère tyrannique dans le quartier populaire de Belcourt. José Lenzini, journaliste et auteur d'origine pied-noir qui a côtoyé Albert Camus n'a pas été avare en détails sur la vie du célèbre écrivain. Loin des spéculations intellectuelles des chercheurs, son livre qu'il a présenté au CCF, lundi soir, a le mérite de restituer l'homme dans la complexité souvent amère qui l'a imprégné jusqu'à ce fatidique dernier jour du 4 janvier 1960. Très tenté de travailler sur le rôle du silence dans la vie d'Albert Camus, José Lenzini a été encouragé à aborder la personnalité de son ami en racontant tout simplement ce qu'il en savait. La chaleureuse biographie qui en a résulté vient d'être publiée par les éditions Barzakh. C'est Sofiane Hadjadj, directeur des éditions, qui a modéré la rencontre entre José Lenzini et le public assez nombreux malgré la circulation rendue presque impossible dans les rues d'Alger à la veille du match Algérie-Egypte. Le public apprendra d'ailleurs que le football était l'une des passions que le petit Bébert avait contractéesur sa terre natale. Une passion qui, un jour qu'il quitte le terrain couvert de sueur, lui offrira une terrible compagne qui ne le quittera jamais plus : la tuberculose. Malade chronique, l'écrivain était pourtant un très gros fumeur. «C'est trop jeune» dit simplement sa mère lorsqu'on lui annonce la mort accidentelle de son fils. Puis, elle ajoute et répète devant ses nièces abasourdies, «mais il fumait beaucoup quand même». Cette mère omniprésente dans les pensées de l'auteur et qui, selon José Lenzini, aurait été le modèle absolu que l'auteur, grand séducteur, a recherché toute sa vie à travers une multiplication des conquêtes amoureuses, réagit à la mort de son fils d'une manière incompréhensible et mystérieuse. Elle rappelle cette autre mère qui, durant la décennie noire, s'exclame lorsqu'on lui apprend en direct sous l'œil de la caméra la mort de sa fille Fella, violée et écartelée par un monstre du maquis : «On lui a coupé les cheveux !». Son courroux de mère déclenché par le fait que les terroristes avaient osé toucher à la chevelure de sa fille semblait délibérément ignorer les traitements monstrueux qui lui avaient ôté la vie. L'énigmatique mère de Camus semble donc appartenir à une terre qui, souvent, retire la parole aux femmes. C'est pourtant son cri :«il ira pour l'école !» qui mettra un terme aux atermoiements d'une grand-mère rigide qui refusait à ce petit-fils si doué l'accès à la sixième, arguant qu'il devrait plus tôt travailler comme ouvrier, vu la misère de sa famille. C'est donc le cri de rage de cette femme sourde qui s'exprimait difficilement qui a donné au monde l'un de ses plus grands écrivains. Comment s'étonner dans ce cas que, le fait est rapporté par Lenzini, Camus en recevant ses textes tapés à la machine par sa secrétaire Mme Agneli avait besoin pendant qu'il se relisait de la présence d'une femme assise et silencieuse. C'est dans le silence familial que se sont opérés les échanges affectifs de l'écrivain, de l'enfance à l'âge adulte. «Ce livre dont la trame est le silence de la mère, présente des situations dans lesquelles il est possible d'imaginer Camus confronté à un destin qui lui paraissait incertain.» peut-on lire en avertissement à l'ouvrage. Nourri de citations, tirées de l'œuvre de l'écrivain, «de la vérité de ses mots», le portrait de Lenzini fait découvrir un homme attachant et sensible et reculer ce robot que la rumeur et les média ont construit de toute pièce, répétant en boucle «entre la justice et ma mère …» Sous les questions de l'auditoire, Lenzini est revenu sur le fameux incident qui a eu lieu entre un Algérien habitant Stockholm et l'écrivain, lors de la remise du prix Nobel. Mis sur la piste de l'intervenant par Kateb Yacine lui-même, José Lenzini le retrouve 25 ans après les faits pour en savoir plus sur ce qui est devenu une véritable légende. Traquant les faits, José Lenzini apprend que Saïd Kassel qui a amèrement reproché à Albert Camus de ne pas être aux côtés des nationalistes algériens sur le terrain de la lutte en 1957 a essayé de présenter ses excuses à Camus en 1962, après avoir découvert notamment ses articles de presse.Mais Camus était mort depuis deux ans et Kassel a déposé des fleurs sur sa tombe. «C'était un malentendant à la base d'un malentendu» a déclaré Lenzini. Le débat a porté sur les espoirs et déceptions que Camus qui, en tant que pied-noir, ignorait presque tout du peuple autochtone vivant en Algérie, a généré au sein de ce même peuple. Très tenté de travailler sur le rôle du silence dans la vie d'Albert Camus, José Lenzini a été encouragé à aborder la personnalité de son ami en racontant tout simplement ce qu'il en savait. La chaleureuse biographie qui en a résulté vient d'être publiée par les éditions Barzakh. C'est Sofiane Hadjadj, directeur des éditions, qui a modéré la rencontre entre José Lenzini et le public assez nombreux malgré la circulation rendue presque impossible dans les rues d'Alger à la veille du match Algérie-Egypte. Le public apprendra d'ailleurs que le football était l'une des passions que le petit Bébert avait contractéesur sa terre natale. Une passion qui, un jour qu'il quitte le terrain couvert de sueur, lui offrira une terrible compagne qui ne le quittera jamais plus : la tuberculose. Malade chronique, l'écrivain était pourtant un très gros fumeur. «C'est trop jeune» dit simplement sa mère lorsqu'on lui annonce la mort accidentelle de son fils. Puis, elle ajoute et répète devant ses nièces abasourdies, «mais il fumait beaucoup quand même». Cette mère omniprésente dans les pensées de l'auteur et qui, selon José Lenzini, aurait été le modèle absolu que l'auteur, grand séducteur, a recherché toute sa vie à travers une multiplication des conquêtes amoureuses, réagit à la mort de son fils d'une manière incompréhensible et mystérieuse. Elle rappelle cette autre mère qui, durant la décennie noire, s'exclame lorsqu'on lui apprend en direct sous l'œil de la caméra la mort de sa fille Fella, violée et écartelée par un monstre du maquis : «On lui a coupé les cheveux !». Son courroux de mère déclenché par le fait que les terroristes avaient osé toucher à la chevelure de sa fille semblait délibérément ignorer les traitements monstrueux qui lui avaient ôté la vie. L'énigmatique mère de Camus semble donc appartenir à une terre qui, souvent, retire la parole aux femmes. C'est pourtant son cri :«il ira pour l'école !» qui mettra un terme aux atermoiements d'une grand-mère rigide qui refusait à ce petit-fils si doué l'accès à la sixième, arguant qu'il devrait plus tôt travailler comme ouvrier, vu la misère de sa famille. C'est donc le cri de rage de cette femme sourde qui s'exprimait difficilement qui a donné au monde l'un de ses plus grands écrivains. Comment s'étonner dans ce cas que, le fait est rapporté par Lenzini, Camus en recevant ses textes tapés à la machine par sa secrétaire Mme Agneli avait besoin pendant qu'il se relisait de la présence d'une femme assise et silencieuse. C'est dans le silence familial que se sont opérés les échanges affectifs de l'écrivain, de l'enfance à l'âge adulte. «Ce livre dont la trame est le silence de la mère, présente des situations dans lesquelles il est possible d'imaginer Camus confronté à un destin qui lui paraissait incertain.» peut-on lire en avertissement à l'ouvrage. Nourri de citations, tirées de l'œuvre de l'écrivain, «de la vérité de ses mots», le portrait de Lenzini fait découvrir un homme attachant et sensible et reculer ce robot que la rumeur et les média ont construit de toute pièce, répétant en boucle «entre la justice et ma mère …» Sous les questions de l'auditoire, Lenzini est revenu sur le fameux incident qui a eu lieu entre un Algérien habitant Stockholm et l'écrivain, lors de la remise du prix Nobel. Mis sur la piste de l'intervenant par Kateb Yacine lui-même, José Lenzini le retrouve 25 ans après les faits pour en savoir plus sur ce qui est devenu une véritable légende. Traquant les faits, José Lenzini apprend que Saïd Kassel qui a amèrement reproché à Albert Camus de ne pas être aux côtés des nationalistes algériens sur le terrain de la lutte en 1957 a essayé de présenter ses excuses à Camus en 1962, après avoir découvert notamment ses articles de presse.Mais Camus était mort depuis deux ans et Kassel a déposé des fleurs sur sa tombe. «C'était un malentendant à la base d'un malentendu» a déclaré Lenzini. Le débat a porté sur les espoirs et déceptions que Camus qui, en tant que pied-noir, ignorait presque tout du peuple autochtone vivant en Algérie, a généré au sein de ce même peuple.