Natif d'Algérie et prix Nobel de littérature, Albert Camus a été souvent décrié comme une voix ayant œuvré pour l'indépendance du pays. Il était en fait, déchiré par le choix entre la prise d'une position pour les Européens dont il était issu par ses racines et celle de se ranger résolument pour le Front de libération nationale. Si son appartenance à la communauté européenne d'Algérie était claire, ce monument de la littérature n'a jamais cessé de dénoncer les dépassements et les excès commis par l'administration coloniale contre les Algériens. C'est ce qu'a révélé, l'écrivain José Lenzini au cours de la discussion débat qu'il a animée au CCF autour de la récente publication de son livre par les éditions Barzakh. Albert Camus était d'origine humble et pauvre. Bien qu'il soit né dans le village de Dréan près de Annaba, encore enfant, il vient s'installer avec sa famille dans un appartement vétuste et sans eau courante à Belcourt. Il évolue ainsi dans un quartier populaire et se trouve bien placé pour comprendre les difficultés d'existence des couches sociales défavorisées, notamment celles des Algériens. Journaliste, Albert Camus a entrepris de nombreux reportages mettant en lumière leur vie difficile. Ses écrits sur la misère en Kabylie, durant l'ère coloniale sont poignants. Pour militer en faveur des droits de l'Homme, il entre dans le parti communiste algérien au cours des années trente. Albert Camus se rapproche des thèses du parti réclamant l'autonomie de l'Algérie et qui est le PPA. Il manifeste sa sympathie pour Messali Hadj. Il soutient ses revendications, ce qui lui attire les fureurs des ultras de la communauté pieds noirs. Ces derniers l'empêchent même de tenir un discours libéral en faveur de la cause algérienne. Plus tard, en France, et après l'obtention du prix Nobel, Albert Camus intervient personnellement auprès du général de Gaule pour l'amnistie de plus d'une dizaine de nationalistes algériens. La mort l'a surpris le 3 janvier 1960, ce qui aurait mis à jour davantage sa prise de position pour une Algérie indépendante dans un contexte libéral. Sa mère enracinée en Algérie a appris cette douloureuse nouvelle dans leur appartement de Belcourt. Dans quelques semaines, sera d'ailleurs commémoré le cinquantième anniversaire de sa disparition. José Lenzini a décrit sous forme de récit, les derniers jours de cet illustre écrivain, le plus traduit dans le monde et qui était aussi philosophe, dramaturge, cinéaste et également footballeur. Au CCF, Sofiane Hadjadj, directeur des éditions Barzakh, a animé les débats. Sa maison d'édition vient de faire paraître ce mois de novembre le livre de José Lenzini. - «Les derniers jours de la vie d'Albert Camus» de José Lenzini, Editions Barzakh 2009, 142 pages, prix public : 400 DA