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La fin d'un tabou
La souffrance au travail
Publié dans Le Midi Libre le 19 - 11 - 2009

Taboue il y a peu, la souffrance au travail éclate au grand jour. Le phénomène du stress en entreprise entraîne des cas de suicide. Une situation qui exige de se poser certaines questions sur la nature des pressions et des pistes de réflexions pour y remédier. La sociologue Nicole Aubert nous aide à y voir plus clair.
Taboue il y a peu, la souffrance au travail éclate au grand jour. Le phénomène du stress en entreprise entraîne des cas de suicide. Une situation qui exige de se poser certaines questions sur la nature des pressions et des pistes de réflexions pour y remédier. La sociologue Nicole Aubert nous aide à y voir plus clair.
Suicides en entreprise, le mot est lâché ! Et le tabou levé en Europe. Il aura fallu les drames survenus à France Télécom, Renault et récemment Thales pour que cadres et employés en détresse aient le droit de cité. Le travail a subi certaines métamorphoses, où semblent dominer, pour certaines entreprises, un productivisme forcené et la nocivité de certaines pratiques de management. Présente aux récentes commissions de réflexion créées par le gouvernement sur la souffrance au travail, la sociologue Nicole Aubert évoque des facteurs possibles : "Les causes de cette détresse sont multiples évidemment. Elles sont en lien avec une forte complexification du travail, avec la généralisation du traitement dans l'urgence et certains modes de management".
Une négation de la "donnée de l'humain"
L'organisation du travail tient de moins en moins compte du facteur humain. "L'avènement des nouvelles technologies de l'instantanéité impose une culture de l'urgence généralisée qui joue un rôle dans l'augmentation de la détresse au travail" signale Nicole Aubert. La multiplication de process de travail crée de nombreuses tensions et s'accompagne aussi de beaucoup de stress. De plus en plus contraignants et réglementés, ils s'accompagnent de beaucoup de stress.
S'ils répondent à une rationalisation des outils de gestion, ils prennent peu en compte la "donnée de l'humain". Les prescriptions sont précises, souvent trop. Elles laissent peu de marge d'erreur et encore moins de respiration dans le travail.
Un cumul de contraintes
"Les contraintes se multiplient et se cumulent : aux contraintes de type industriel, avec l'obligation de respecter des normes productives, des cadences et de tenir les rythmes imposés par le process, s'ajoutent des contraintes de type marchand - obligation de réactivité à la demande - qui augmentent la pression temporelle et provoquent un cumul de charge physique et mentale" explique Nicole Aubert. Le salarié doit être de plus en plus réactif et répondre aux exigences du marché, au détriment parfois de ses compétences, et d'une culture du métier. Sollicité de plus en plus dans ses capacités d'adaptation, il n'a plus le temps d'approfondir. La priorité est de sans cesse de se propulser vers un nouveau dossier, sans la possibilité de faire un retour arrière, pourtant nécessaire pour effectuer des bilans ou simplement reprendre son souffle. S'impliquer devient alors très difficile. De plus, le salarié a la sensation de ne pas pouvoir cultiver ses talents, son savoir-faire. Avec à la clé, une réelle démobilisation.
Plus de responsabilités… et de mal-être
Enfin, la notion d'évaluation individualisée des compétences, est fortement mise en cause dans les difficultés que rencontrent les salariés. "La notion de compétition domine et avec elle une individualisation, doublée d'un accroissement des responsabilités" poursuit la sociologue.
La possibilité de recourir au groupe, au collectif, tend à disparaître, et avec elle, grandit un climat de détresse, mais aussi parfois de violence sociale au sein de l'entreprise. Autant d'éléments qui peuvent peser lourd dans la balance d'un mal-être qui va croissant.
La souffrance a supplanté le stress !
Plus que de stress, il faut parler d'une vraie souffrance. "Il faut rester vigilant à ne pas faire d'amalgame" prévient Nicole Aubert. Toutes les entreprises ne sont pas à ce niveau de pressions. Ça dépend bien évidemment de leur situation économique.
Plus un secteur est concurrentiel et soumis à la mondialisation, plus ces facteurs sont présents. Les salariés peuvent alors fonctionner en mode "panique" et l'on parle de "Toyotarisation" (ou mécanisation) des esprits. Les indicateurs de stress mis en place dans ces entreprises à risque ont largement viré au rouge. A tel point que la commission insiste aujourd'hui davantage sur la notion de souffrance au travail, plus représentative de ce qui se passe que celle, plus étroite et plus limitée, de stress.
Beaucoup reste à faire…
Comment lutter contre cette dérive ? "Nous en sommes aux balbutiements" précise Nicole Aubert. La volonté de la Commission de réflexion sur la souffrance au travail tourne autour des repérages des éléments en cause dans l'apparition de cette souffrance et des solutions à mettre en place dans les entreprises.
Les principales pistes de réflexion tournent d'une part, autour de la formation et de l'information. Lors des réunions plénières, il a été établi que "Trop souvent les différents acteurs de la vie professionnelle n'ont pas les clés pour aborder certaines problématiques. L'accent doit être mis notamment sur la formation à l'humain et à l'immatériel". D'autre part, les pistes portent sur la responsabilisation. "Il semblerait que les responsabilités soient mal définies, d'où une confusion de rôles et un climat de défiance". La décision de rétablir la confiance et d'obtenir l'implication de tous les acteurs, par la clarification des rôles et missions de chacun, retient tous les suffrages.
Suicides en entreprise, le mot est lâché ! Et le tabou levé en Europe. Il aura fallu les drames survenus à France Télécom, Renault et récemment Thales pour que cadres et employés en détresse aient le droit de cité. Le travail a subi certaines métamorphoses, où semblent dominer, pour certaines entreprises, un productivisme forcené et la nocivité de certaines pratiques de management. Présente aux récentes commissions de réflexion créées par le gouvernement sur la souffrance au travail, la sociologue Nicole Aubert évoque des facteurs possibles : "Les causes de cette détresse sont multiples évidemment. Elles sont en lien avec une forte complexification du travail, avec la généralisation du traitement dans l'urgence et certains modes de management".
Une négation de la "donnée de l'humain"
L'organisation du travail tient de moins en moins compte du facteur humain. "L'avènement des nouvelles technologies de l'instantanéité impose une culture de l'urgence généralisée qui joue un rôle dans l'augmentation de la détresse au travail" signale Nicole Aubert. La multiplication de process de travail crée de nombreuses tensions et s'accompagne aussi de beaucoup de stress. De plus en plus contraignants et réglementés, ils s'accompagnent de beaucoup de stress.
S'ils répondent à une rationalisation des outils de gestion, ils prennent peu en compte la "donnée de l'humain". Les prescriptions sont précises, souvent trop. Elles laissent peu de marge d'erreur et encore moins de respiration dans le travail.
Un cumul de contraintes
"Les contraintes se multiplient et se cumulent : aux contraintes de type industriel, avec l'obligation de respecter des normes productives, des cadences et de tenir les rythmes imposés par le process, s'ajoutent des contraintes de type marchand - obligation de réactivité à la demande - qui augmentent la pression temporelle et provoquent un cumul de charge physique et mentale" explique Nicole Aubert. Le salarié doit être de plus en plus réactif et répondre aux exigences du marché, au détriment parfois de ses compétences, et d'une culture du métier. Sollicité de plus en plus dans ses capacités d'adaptation, il n'a plus le temps d'approfondir. La priorité est de sans cesse de se propulser vers un nouveau dossier, sans la possibilité de faire un retour arrière, pourtant nécessaire pour effectuer des bilans ou simplement reprendre son souffle. S'impliquer devient alors très difficile. De plus, le salarié a la sensation de ne pas pouvoir cultiver ses talents, son savoir-faire. Avec à la clé, une réelle démobilisation.
Plus de responsabilités… et de mal-être
Enfin, la notion d'évaluation individualisée des compétences, est fortement mise en cause dans les difficultés que rencontrent les salariés. "La notion de compétition domine et avec elle une individualisation, doublée d'un accroissement des responsabilités" poursuit la sociologue.
La possibilité de recourir au groupe, au collectif, tend à disparaître, et avec elle, grandit un climat de détresse, mais aussi parfois de violence sociale au sein de l'entreprise. Autant d'éléments qui peuvent peser lourd dans la balance d'un mal-être qui va croissant.
La souffrance a supplanté le stress !
Plus que de stress, il faut parler d'une vraie souffrance. "Il faut rester vigilant à ne pas faire d'amalgame" prévient Nicole Aubert. Toutes les entreprises ne sont pas à ce niveau de pressions. Ça dépend bien évidemment de leur situation économique.
Plus un secteur est concurrentiel et soumis à la mondialisation, plus ces facteurs sont présents. Les salariés peuvent alors fonctionner en mode "panique" et l'on parle de "Toyotarisation" (ou mécanisation) des esprits. Les indicateurs de stress mis en place dans ces entreprises à risque ont largement viré au rouge. A tel point que la commission insiste aujourd'hui davantage sur la notion de souffrance au travail, plus représentative de ce qui se passe que celle, plus étroite et plus limitée, de stress.
Beaucoup reste à faire…
Comment lutter contre cette dérive ? "Nous en sommes aux balbutiements" précise Nicole Aubert. La volonté de la Commission de réflexion sur la souffrance au travail tourne autour des repérages des éléments en cause dans l'apparition de cette souffrance et des solutions à mettre en place dans les entreprises.
Les principales pistes de réflexion tournent d'une part, autour de la formation et de l'information. Lors des réunions plénières, il a été établi que "Trop souvent les différents acteurs de la vie professionnelle n'ont pas les clés pour aborder certaines problématiques. L'accent doit être mis notamment sur la formation à l'humain et à l'immatériel". D'autre part, les pistes portent sur la responsabilisation. "Il semblerait que les responsabilités soient mal définies, d'où une confusion de rôles et un climat de défiance". La décision de rétablir la confiance et d'obtenir l'implication de tous les acteurs, par la clarification des rôles et missions de chacun, retient tous les suffrages.


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