Les cris de mécontentement contre les présidents qui se sont succédés depuis 1962 à ce jour et les accusations qui mettent en avant la responsabilité de l'institution militaire dans le drame que vit le pays depuis 1954 à ce jour, ne signifient pas que les algériens, à leur tête, l'opposition, haïssent l'ANP et ses hommes. Aucun patriote ne souhaite la disparition de cette institution. Ce sont des cris d'espoir pour la renaissance d'une république ou le respect du savoir, de l'art, du talent, enfin disons-le de la personne humaine, auront un véritable sens. Mais c'est également un cri contre les pratiques maffieuses érigées par certains dirigeants militaires depuis l'assassinat de Abbane Ramdane à ce jour, en règles de gouvernance. Les algériens, qu'ils soient de l'opposition ou pas, veulent avoir une armée forte, responsable de ses missions historiques, mais au service de la démocratie et des lois de la république. Qu'auraient fait Abassi Madani, Hocine Ait Ahmed, Sadek Hadjeres, Addi Lahouari, Mourad Dhina, Mohamed Samraoui, Salah Eddine Sidhoum et d'autres opposants, s'ils avaient accédé au pouvoir ? Est-ce qu'ils se seraient laissés envahir par les haines qui ont mûri à l'ombre de la révolution et qui ont proscrit et décapité des milliers de patriotes sincères et compétents ? Ou bien auraient-ils agi avec sagesse en veillant scrupuleusement a ce que l'ANP soit une institution forte, propre et engagée dans des missions qui lui sont tracées par la constitution et non un rassemblement de mercenaires et de scélérats ? Est-ce qu'ils auraient laissé l'ANP s'engager dans des aventures à l'issue incertaine qui mettrait le destin de la nation en péril, avec des centaines de milliers de morts et de disparus ? Est-ce qu'ils auraient conspiré et tenté de dresser le MALG contre le DRS, la gendarmerie contre la police et chercher a élargir leur pouvoir personnel pour domestiquer –clochardiser- les institutions de la république ? Depuis 1957 à ce jour, le pays est mis à feu et à sang par une poignée d'individus sans le moindre scrupule qui règne d'une main de fer sur votre institution. En 1962, cette poignée d'individus aidée par la colonisation et certains pays arabes, s'est emparée par la force du pouvoir en confisquant la souveraineté du peuple et celle des institutions de la république. Depuis lors, le pays connu à cette époque, en dépit de la colonisation, pour son rayonnement culturel, intellectuel et civilisationnel, a cessé subitement de vivre en perdant tous ses repères. Comme l'indique si bien la menace de mort proférée au cours de ces derniers jours par des cercles occultes contre nos compatriotes Sidhoum et Fekhar, il ne subsiste désormais aucune garantie constitutionnelle pour les partis politiques et les hommes. L'Etat n'existe plus. Existe-t-il une possibilité de changer les choses et sauver ce qui reste à sauver pour le bien être des générations futures ? Si cette possibilité existe, laquelle ? Un coup d'Etat peut-il rétablir l'ordre constitutionnel ? Que pensent nos officiers de cette situation de crise permanente ? Vont-ils conspirer et recourir à un coup d'Etat ou bien vont-ils associer leur intelligence à l'opposition et se soumettre aux lois de la république ? Que signifie pour nos jeunes officiers la professionnalisation et la modernisation de leur institution ? Comment assurer cette professionnalisation, alors que les chefs qui engagent l'ANP dans des missions extraconstitutionnelles, n'ont rien perdu de leur ignorance et de leur appétit vorace et bestial ? Quels sont aujourd'hui les priorités et les objectifs de nos jeunes officiers ? Vont-ils se laisser corrompre ou bien vont-ils résister aux cotés de l'opposition pour restaurer l'Etat de droit ?