L'Union africaine (UA) a «condamné les violations massives des droits de l'Homme» commises ces dernières semaines au Kenya et appelé, hier, à une enquête approfondie à ce sujet. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA a «vivement déploré les pertes en vies humaines, condamné les violations massives des droits de l'Homme commises au cours des dernières semaines, et demandé qu'une enquête approfondie soit menée en vue d'identifier les responsables de ces violations et de les traduire en justice», selon un communiqué. Le CPS a également «instamment demandé aux parties de s'engager en faveur d'une solution pacifique à la crise actuelle, à travers le dialogue», ainsi que de s'abstenir «de tout acte de violence» et de faire «en sorte que leurs partisans mettent un terme immédiat à la violence». «Le Conseil a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation actuelle et à ses incidences humanitaires, ainsi que face à ses conséquences sur la paix et la stabilité au Kenya et dans l'ensemble de la région», ajoute le communiqué. Le Kenya traverse une crise politique majeure depuis la présidentielle du 27 décembre, entachée de fraudes selon l'opposition et de graves irrégularités selon des observateurs internationaux. Cette crise est née de la contestation par l'opposition de la réélection du président kenyan Mwai Kibaki. Le chef de l'opposition, Raila Odinga, accuse M.Kibaki d'avoir fraudé pour lui voler la victoire. Le président en exercice de l'UA, le Ghanéen John Kufuor, s'était rendu, début janvier, au Kenya pour tenter une médiation entre les deux parties, sans succès. L'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, était attendu, hier soir au Kenya, pour tenter une nouvelle médiation dans la crise, sous l'égide de l'UA. Au total, plus de 700 personnes ont été tuées et plus de 250.000 déplacées dans les violences post-électorales au Kenya, notamment entre partisans de l'opposition et supporters de M.Kibaki, mais aussi entre la police et des manifestants pro-opposition. Ainsi, au moins 63 personnes ont été tuées au Kenya depuis le 16 janvier et le début des trois jours de manifestations nationales de l'opposition, interdites par la police. La police paramilitaire kenyane (GSU) a durement réprimé ces manifestations à travers le pays, tirant notamment à balles réelles contre des partisans de l'opposition. Par ailleurs, le 1er janvier, au moins 35 personnes, dont des femmes et des enfants, en majorité de l'ethnie Kikuyu (celle du président Kibaki), avaient péri dans l'incendie criminel d'une église dans la localité de Kiambaa, près d'Eldoret (ouest du pays).