Le Conseil des lycées d'Algérie menace de renouer avec le débrayage. Les syndicats autonomes de l'éducation durcissent le ton. Ils rejettent en bloc le verdict de la justice ordonnant la reprise immédiate des cours. «Cela prouve, encore une fois que le droit de grève est renié dans notre pays», a dénoncé, hier, Salem Sadali, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Joint par téléphone, ce dernier a fustigé le recours systématique du ministère de l'Education à la voie judiciaire pour réprimer la contestation des employés de ce secteur. «La justice est une machine à casser les grèves», a regretté M.Sadali. Loin de constituer une solution, l'obligation faite aux enseignants d'arrêter leur mouvement a mis le feu au brasier syndical. «Injuste!», a fulminé pour sa part, Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Alger. Pis, le CLA menace de renouer avec le débrayage. «Si nos camarades du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique et de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef) subissent des menaces, nous lancerons, à notre tour, un appel à la grève», a tranché M.Achour. En sus, ce dernier a signalé que le département de Benbouzid aurait dû procéder à la médiation avec l'Unpef et le Cnapest avant de saisir la justice. Le torchon brûle entre les syndicats autonomes et l'administration. Attisé, le feu risque de provoquer un embrasement social. Surtout que le spectre de l'année blanche plane. L'heure est grave. Et les deux parties campent sur leurs positions. Ces derniers jours, le ministère a saisi la cour d'Alger au sujet de la grève lancée par le Cnapest et l'Unpef. Le 1er mars, le verdict est tombé comme un couperet. La chambre administrative de la cour d'Alger a ordonné l'arrêt immédiat du débrayage. «Illégale», c'est ainsi que la justice a qualifié la grève d'une semaine reconductible entamée le 24 février dernier. A contrario, cette dernière a reconnu la légalité de l'action judiciaire entamée par la tutelle. Aussi, la chambre administrative a estimé que les pouvoirs publics ont répondu favorablement aux revendications salariales des syndicats. En ce sens, elle s'est référée à la position de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves, favorable à ces mesures. Concernant la gestion des oeuvres sociales, la justice a estimé que ce dossier est pris en charge. Pour motiver sa décision, la cour d'Alger a évoqué la protection des édifices publics de l'éducation et la préservation du droit des élèves à la scolarisation. Seulement, le Cnapest et l'Unpef s'inscrivent en faux contre cette lecture. «Pour le moment, nous n'avons rien reçu d'officiel», a indiqué, d'emblée, Messaoud Boudiba, président du Cnapest. Cela dit, il a souligné que la position de la justice risque de porter préjudice à sa crédibilité. «Cette décision concerne les exécutifs des deux syndicats. Or, la grève a été décidée par l'ensemble des enseignants. Donc, il y a de fortes chances pour que le verdict prononcé, et dont nous avons appris la teneur par la presse, ne soit pas appliqué», a expliqué M.Boudiba. Autre point de discorde: le Cnapest refuse que les revendications syndicales soient réduites à l'aspect salarial. «Nous revendiquons des mesures concrètes concernant le statut particulier, la médecine du travail et la gestion des oeuvres sociales. Tant que ces questions ne sont pas prises en charge, le problème reste entier», a martelé M.Boudiba. Ainsi, syndicats et administration n'entendent pas lâcher du lest. Si cette situation persiste, l'année blanche sera inévitable. Pour éviter un tel scénario, le Satef a réitéré son appel à la tenue d'une conférence regroupant tous les représentants du secteur de l'éducation. Selon M.Sadali, une telle initiative permettra d'apporter des solutions durables aux problèmes de fond. En attendant, l'année scolaire des enfants est compromise.