21 mars 2010 L'ambassade américaine à Alger a du mal à cacher son embarras sur ce qui s'avère être une bourde diplomatique d'un de ses ex employés. L'histoire commence en 2009. Michael Mewshaw, un écrivain américain passe quelques jours à Alger dans le cadre du travail d'écriture d'un livre: Entre la terreur et le tourisme, voyage au coeur de l'Afrique du Nord. Il y rencontre le numéro deux de l'ambassade américaine, le chargé d'affaires Thomas Daughton avec qui il mène une discussion à batons rompus sur la situation politique et sécuritaire en Algérie. Au cours de cete conversation, le diplomate se lâche littéralement, en tout cas selon Michael Mewshaw. « Le gouvernement (algérien, ndlr) est sclérosé et corrompu. Nous avons tenté de les tirer vers le 20ème siècle », aurait ainsi déclaré Daughton. « Oubliez le 21ème siècle », aurait-il ajouté, comparant le pays au Zimbabwe « le besoin d'un changement de régime et de gouvernant est le même pour ces deux pays ». Sur la violence, Daughton aurait affirmé à son interlocuteur: « Ici, il y a 50 à 100 personnes tuées chaque mois et on n'en entend jamais parler ». Des propos qui ont secoué le Département d'Etat américain, peu habitué à voir ses diplomates s'exprimer ainsi sur un pays étranger. Immédiatement, le porte-parole du Bureau des affaires du Proche Orient au Département d'Etat, Michael Ratney, a accusé Michael Mewshaw d'avoir retranscrit des propos qui s'étaient tenus « en off », c'est-à-dire dans le langage médiatico-politique avec interdiction de les publier en citant leur auteur. De plus, il accuse Mewshaw d'avoir déformé certains propos de Daughton. Ratney a notamment évoqué la description de l'ambassade américaine faite par Mewshaw, qui parle de 30 marines présent en permanence pour assurer la sécurité et de la porte blindée du bureau de l'ambassadeur. Des « erreurs » pour le porte-parole « qui me laisse penser qu'il y a des problèmes avec la nature entière de la conversation rapportée par Mewshaw ». l'actuel ambasadeur américain en Algérie a lui aussi nié dans la presse que Thomas Daughton ait pu tenir de tels propos. Pour l'auteur, cette défense qui se focalise sur des points de détail sert à faire diversion sur la vraie portée des propos de Thomas Daughton, aujourd'hui en poste au Liban. Surtout, il affirme qu'à aucun moment le diplomate ne lui a dit ou suggéré que ses propos devaient rester « off ». Yazid Slimani