Le cinéaste américain, pourfendeur du président Bush, Michael Moore, a été plébiscité par la Palme d'Or. Le trublion du cinéma américain, Michael Moore, a été de nouveau distingué au Festival international du film de Cannes qui lui a décerné samedi, la Palme d'Or pour son documentaire Fahrenheit 9/11. Oeuvre d'art à connotation politique Fahrenheit 9/11 (9 septembre 2001, date de l'attentat anti-américain du WTC de New York) est un virulent pamphlet contre la politique étrangère de l'administration Bush, en Irak singulièrement et de la manière avec laquelle le président George W. Bush a abordé la lutte antiterroriste, plus généralement. Michael Moore, a déjà été récompensé en 2002 à Cannes par un prix spécialement créé pour lui pour son oeuvre Bowling for Columbine, documentaire distingué dans la foulée par un César et un Oscar en 2003. Ce documentaire dénonçait la passion américaine pour les armes à feu et les drames qui s'en suivent à l'instar de la tuerie dans un lycée inspirant et donnant son titre au documentaire. A Los Angeles en mars 2003, Michael Moore avait mis à profit la tribune des Oscars, - alors que la guerre en l'Irak venait de commencer -, pour apostropher le président américain, lui lançant «Honte à vous, Monsieur Bush, Honte à vous !». Mais il ne s'est pas arrêté à cet épigramme, passant au contraire de la parole à l'acte en mettant en image ce qu'il a appelé «la vérité sur la situation en Irak». Cela a donné un brûlot intitulé Fahrenheit 9/11, dans lequel Michael Moore fustige la politique américaine en Irak car le documentaire, - fait prioritairement pour les Américains -, veut montrer d'une part les réalités de la guerre dans ce pays, incitant ainsi les Américains à réclamer le retour des «boys», mais aussi, et surtout, en cette année électorale, dissuader les électeurs américains à réélire «l'homme le plus bête qui ait jamais participé à la course (à la présidence)», dixit Michael Moore et ainsi mettre un terme à une politique étrangère qui «a créé d'énormes perturbations dans le monde». C'est peu dire qu'en cette année électorale, le documentaire dérange au plus haut point la Maison-Blanche. Il est vrai que Fahrenheit 9/11 constitue en l'espèce un véritable piège pour l'actuel occupant du bureau ovale dont la popularité, par ailleurs, ne cesse de se dégrader en rapport justement au chaos qui s'est installé en Irak et singulièrement, du fait des pertes nombreuses de soldats américains. Des morts au combat qui ne laissent pas insensible et que l'opinion publique américaine admet de moins en moins. En fait, le brûlot de Michael Moore tombe bien mal, alors que le président sortant George W.Bush éprouve maintes difficultés dans une course à la Maison-Blanche de plus en plus ouverte face au démocrate, John Kerry. C'est tellement vrai que le réalisateur américain éprouve de grands embarras à faire distribuer son documentaire, le dernier avatar étant son lâchage par la maison Disney qui a renoncé à distribuer Fahrenheit 9/11. Michael Moore en quête d'un distributeur, espère que la Palme d'Or, récompensant son documentaire, encouragera d'autres maisons à distribuer son oeuvre. Certes, à Crawford, où séjourne le président américain, une porte-parole, de George W.Bush, Suzy DeFrancis, avait déclaré que «(les USA) est un pays libre. C'est pour cela que l'Amérique est un grand pays: chacun a le droit de dire ce qu'il veut». Toutefois, le fait même que Michael Moore n'arrive pas à trouver un distributeur, est loin d'être innocent et suscite quelques doutes sur le fait qu'en Amérique tout peut être dit, quoique le réalisateur américain, en recevant son Oscar en 2003, ait employé presque les mêmes termes que Mme DeFrancis en affirmant que : «Ce qui est magnifique dans ce pays, c'est que vous pouvez y dire ce que vous pensez». C'est sans doute cela l'Amérique!