Après la bourde du communiqué annonçant le lieu et la date d'attentats d'Al-Qaïda à Alger, suite au 11 avril, les Américains remettent le couvert. Si le GSPC cherche des volontaires pour se faire exploser contre les ambassades occidentales, les Américains ont inventé le “diplomate kamikaze” qui viendrait risquer sa peau en Algérie. C'est tout le burlesque des déclarations de Harry Thomas, l'adjoint de Condoleezza Rice, qui avoue l'incapacité du département d'Etat de convaincre les diplomates US à venir en Algérie, et dans quelques autres contrées considérées à risque. Dans cette liste où figurent le Burundi, le Pakistan, l'Afghanistan ou l'Arabie Saoudite, le diplomate américain y serait en “danger” immédiat. Après avoir inventé le Travel Warning, une sorte d'avertissement spécifique assorti d'un conseil pour les ressortissants américains qui auraient l'idée saugrenue de s'aventurer hors d'un champ de pétrole en Algérie, le département d'Etat, toujours aussi soucieux de son image dans les pays arabes, invente mieux — ou pire, c'est selon. À en croire ce conseiller de Rice, les diplomates américains ne se bousculent pas au portillon pour venir chez nous. L'ambassade américaine est sous encadrée et pour les plus téméraires, Rice les remercierait en personne si jamais ils se décidaient à visiter l'Algérie qui, pour le coup, passerait pour le Waziristân. L'ambassade US à Alger a tenté de rectifier le tir en disant qu'ils affichent “complet” au niveau recrutement, le mal est fait. Après la bourde du communiqué annonçant le lieu et la date d'attentats d'Al-Qaïda à Alger, suite au 11 avril, les Américains remettent le couvert. Il est clair que pour les diplômés de Princeton ou de Harvard, qui choisissent la diplomatie, tout est identiquement dangereux du moment qu'on dépasse la baie de New York par bateau, mais cette propension à considérer l'Algérie comme une annexe du Darfour devient pénible et franchement récurrente. De mémoire, aucun Américain, de surcroît diplomate, n'a été tué en Algérie, encore moins blessé, même durant les années de terrorisme. À la paranoïa de la sécurité des Américains dans notre pays et ailleurs, se conjugue cette idée reçue que l'hospitalité algérienne est faite de voitures piégées. Cette confusion des genres ne rend service ni à l'image désastreuse des Ricains dans le monde arabe, et encore moins aux Algériens qui refusent l'idée du pathologiquement violent. Et à ce jeu de comparaison, il y a plus de chance qu'un diplomate américain se fasse agresser, chez lui, dans une rue de Los Angeles par un gang que buter à Poirson par un terroriste. Quoique ce soit moins glorieux et sans prime de risque. M. B.