La contestation dans la rue comme moyen de pression Le Soir d'Algérie, 24 mars 2010 Depuis l'annonce faite par le wali d'Alger d'une opération de distribution de 10 000 logements, il ne se passe pas un jour sans que la commune de Bordj-El- Bahri connaisse des émeutes. Dans ce grand faubourg situé à quelque 25 km à l'est de la capitale, investir la rue est devenu le moyen de pression privilégié pour se faire entendre ! Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) – Les émeutes qui ont éclaté samedi dernier sur le site des chalets des Ondines, à Bordj-El-Bahri, se sont poursuivies jusqu'à lundi. C'est un groupe de femmes qui a ouvert le «bal» en se regroupant sur la route menant d'Alger- Plage vers Tamentfoust, avant que des jeunes n'envahissent, à leur tour, la voie publique, aux environs de 14h. Quelques instants après, les habitants du plus important bidonville de la commune (plus de 2 000 baraques), situé juste derrière le site des chalets en question, arrivent pour prêter main forte aux émeutiers déjà sur place. Des bacs à ordures entiers, des troncs d'arbre et de grosses pierres sont déversés sur la chaussée, avant qu'un groupe de jeunes, encagoulés, n'allume le feu, bloquant ainsi l'accès aux automobilistes. Une heure après, les forces de l'ordre arrivent en force, et la situation dégénère. Les troupes anti-émeutes essayent d'investir le site pour repousser les émeutiers et dégager la voie publique, mais ces derniers ne se laissent pas facilement faire, jetant des objets hétéroclites en direction des forces de l'ordre. Ce n'est que vers 17h que les policiers et les gendarmes, venus en grand nombre, arrivent à maîtriser la situation. Par le passé et à plusieurs reprises, les habitants de ce site des chalets ont eu recours à ce genre d'action, lorsqu'une coupure de l'électricité perdure ou qu'une rumeur circule sur une probable opération de relogement. Et cette fois-ci, avec l'annonce faite par le wali d'Alger d'une opération de distribution de 10 000 logements, les émeutes ont repris de plus belle, au quotidien, histoire de faire pression sur les autorités locales. Le problème qui se pose aujourd'hui au niveau de cette commune, c'est qu'il existe trois sites de chalets derrière lesquels sont implantées, par milliers, des baraques. A chaque fois que les uns envahissent la voie publique pour protester, les autres les rejoignent. Il faut également dire que les élus locaux qui se sont succédé à la tête de cette commune ont tellement laissé les choses aller qu'aujourd'hui, il est devenu quasiment impossible de maîtriser la situation. Plusieurs baraquements dont chacun compte pas moins de 2 000 gourbis ont été érigés sur des hectares de terres agricoles et de forêts, et même sur sur la plage. Qui reloger, qui ne pas reloger ? En fait, il demeure très difficile de satisfaire tout le monde. Et dès que la situation se calme sur un site, ça dégénère sur un autre. Ce lundi, les émeutiers ont saccagé un chalet et ils étaient sur le point d'y mettre le feu, n'était-ce l'intervention des forces de sécurité. Demain, qui peut savoir ce qui pourrait bien se passer ? Cette situation inquiète au plus haut point les habitants de la région en général et les citoyens résidant à proximité du site en question, ces derniers n'ayant d'autre solution que de rester cloîtrés chez eux jusqu'à ce que le calme revienne.