Je ne peux m'empêcher, à chaque fois que je lis une intervention de Zineb Azzouz, de reprendre confiance en notre peuple, en son génie, en sa générosité. Je l'ai lue pendant des mois, sur LQA, sans remarquer qu'elle ponctue le rythme de cet espace, et qu'elle éclaire son chemin, sobrement, discrètement, sans le laisser paraître, alors que sa présence est lumineuse, comme un phare dans la nuit, Face au chaos et à la tourmente dans lesquels se débat mon pays, à l'incurie sans bornes de ses dirigeants, à la déchéance civique qui altère, chaque jour un peu plus, notre société, Il m'arrive souvent, comme tous mes compatriotes, d'éprouver un sentiment de lassitude, de découragement et même de désespoir. Je n'entrevois plus le bout du tunnel. La situation me semble inextricable, mes horizons s'obscurcissent et notre cause me parait perdue par avance. Dans ces moments de spleen, comme tous mes compatriotes, j'en arrive à oublier la responsabilité mortifère de ces dirigeants qui nous enfoncent dans le malheur. Seul le peuple devient coupable à mes yeux, de se laisser ainsi meurtrir, sans réagir, ou pis encore, de devenir, à sa piètre échelle, la copie conforme des despotes qui le broient et qui le tuent, en tentant de rentrer dans leur moule, en se livrant aux même turpitudes, et même en imitant leurs moues et leurs péroraisons. Comme ces innombrables beggaras qui pullulent dans les relais politiques d'opportunistes et autres partis bidons. Je me surprends, alors, comme tous mes compatriotes, à stigmatiser mon propre peuple: « hadha chaab, hadha? » Mais lorsque je me réfugie à LQA, pour tenter de me replonger dans l'ambiance de la résistance et de l'espoir, et que j'y parcours laborieusement tous les commentaires, avec un intérêt croissant, l'espérance renaît doucement des cendres, et comme si un vent d'espoir soufflait sur des braises que je croyais mortes, jusqu'à ce qu'un feu de joie flambe de nouveau dans mon cœur, et les horizons s'illuminent de nouveau, où j'entrevois des aubes naissantes, qui scintillent de rosée. Et de toutes les interventions de mes frères et sœurs de LQA, les unes ardentes, les autres sages et érudites, mais toutes enflammées pour leur chère patrie, celles de Zineb ont sur mon imaginaire l'effet du soufflet sur la forge, elles attisent tout ce qui est feu en moi, au moment où elles en chassent les scories et les poussières stériles, qui s'étaient déposées sur mon cœur alourdi d'attente. Les mots de Zineb, qui explosent comme autant de baroud, sont des éclats de granit. Ramassés, jamais encombrés de fioritures inutiles, ils tranchent dans le vif ! Zineb est une mathématicienne jusqu'au bout de ses doigts, qui prennent au plus court lorsqu'ils pianotent sur son clavier. Elle sait que l'heure est grave, et qu'il ne sied plus de tourner autour du pot. Alors elle dit les mots comme ils doivent être dits. Sans brutalité inutile, mais sans détours interminables. Droit dans la cible, sans trembler et sans bredouiller. Ses interventions, toujours courtes, jamais pesantes, qui répugnent à la pédanterie et aux démonstrations alambiquées, évoquent toujours pour moi l'image de quelqu'un qui efface un tableau du gribouillis qui le remplissait tout entier, pour y inscrire, avec une main alerte, et une seule ligne, une équation et sa solution. Mais, plus que cette remarquable clarté, et cette sobre éloquence, les interventions de Zineb sont toutes empreintes de chaleur, de compassion, et de passion. Elle aurait signé sous un pseudonyme d'homme que nous aurions découvert que c'est l'âme d'une femme qui s'y exprime, une grande dame, une Pasionaria, notre Pasionaria. D'un tout autre acabit que celles que certains milieux, qui prônaient la démocratie sans vouloir la pratiquer, avaient inventé pour la circonstance, qu'ils avaient surnommé la Pasionaria, la Rousse rebelle, et autres titres usurpés, dans une unanimité béate qui s'applaudissait elle même. Non ! Khalida, leur Khalida, celle qui est devenue ministre d'un régime qu'elle disait combattre, cet avatar, ce succédané, cette pâle imitation d'un modèle dont elle est l'exact contraire, est, par contre, l'exact archétype du régime, de ses perversions, de sa turpitude, et de l'immense péril qu'il représente pour notre nation Zineb, notre Zineb à nous, est la réponse adéquate à cette farce. Parce que Zineb est du côté de son peuple, qu'elle est en harmonie avec ses convictions, et qu'elle n'agite pas des épouvantails commodes. Zineb ne deviendra jamais l'ennemie de son peuple, et ne s'accoquinera jamais avec ceux qui ont volé sa dignité, sa richesse et l'avenir même de sa nation. Zineb est du côté des opprimés, et ne reconnaît que la volonté du peuple, quelle qu'elle soit, même si elle est contre ses propres convictions politiques. Parce elle est une démocrate convaincue, pas une Demi-crate, et qu'elle trouve toujours les mots justes pour le dire. De la même manière qu'elle s'engage pour les droits des Palestiniens à vivre libres, et de la même manière qu'elle ne se fourvoie pas dans les chemins sinueux du prétexte insidieux qui habille d'intégrisme et d'islamisme toute aspiration à se libérer. Zineb est comme ça ! Elle s'est engagée pour son peuple sans rien attendre en retour pour elle même. Sa présence à nos côtés, sa verve tranchante, sa passion et jusqu'à son intransigeance parfois, qui font d'elle une amie attachante, sont autant de sources vives où nous irons puiser l'eau fraîche et revigorante qui nous aidera à traverser le désert des égoïsmes. Merci ma soeur Zineb Azzouz.