12 Avril 2010, Le Courrier d'Algérie L'APC de Taourirt Ighil dont le siège se trouve au village de Tizi El-Korn, dans la daïra d'Adekkar, wilaya de Béjaïa, est fermée depuis le 29 mars 2010 et son président, Ali Saïd, a pris la fuite en emmenant avec lui sa famille. Officiellement, c'est le aârch qui est derrière la fermeture de l'institution de la République et c'est la même instance traditionnelle qui a causé une peur bleue au premier magistrat de cette commune rurale au point de prendre la fuite avec sa famille. Sur place, le porte-parole du aârch, Mohand Youcef, a reconnu que c'est cette structure traditionnelle qu'il représente qui est derrière la fermeture de l'APC. Notre interlocuteur ajoute avec assurance : «Tant que nos deux principales revendications, à savoir le départ sans condition du président d'APC et la venue d'une commission d'enquête sur la gestion de l'APC, ne sont pas satisfaites, nous maintiendrons la fermeture de l'APC». À la question de savoir que sont devenus le personnel administratif et les 6 autres élus (l'APC de Taourirt Ighil en compte 7), Mohand Youcef qu'ils sont tout bonnement chez eux. Autrement dit, ils sont condamnés au repos forcé et attendent le dénouement de l'affaire pour reprendre leurs fonctions. À vrai dire, le conflit a commencé le 4 janvier dernier. Entre cette date et le 29 mars, il y avait eu une succession de fermetures et de réouvertures de l'APC. Et c'est faute d'une solution définitive à la problématique qui est à l'origine de cette dernière action qui, apparemment, promet de s'étaler dans le temps. Pourtant, la tutelle (wilaya) a dépêché à Taourirt Ighil au moins cinq fois une commission d'enquête. Sa dernière venue remonte à la mi-mars dernier mais sans pour autant avoir réussi à situer les responsabilités des uns et des autres. «En date du 24 février 2010, affirme notre interlocuteur, une délégation constituée au nom du aârch a été reçue par le wali et après avoir écouté ses doléances lui a promis de charger ses services compétents pour mener une enquête approfondie. Et jusqu'à maintenant rien n'a été fait dans le sens que nous attendions». Mais qu'arrive- t-il donc à la commune de Taourirt Ighil? À vrai dire, son mal qui est très profond, est causé par des facteurs exogènes et endogènes. Les facteurs endogènes responsables de la crise, selon l'enquête que nous avons menée auprès des citoyens de Tizi El-Korn, sont de nature politique. Nos interlocuteurs ont déclaré à l'unanimité que le maire, Ali Saïd, qui est issu du FFS, considère que «toute idéologie ne s'inscrivant pas dans la droite ligne des principes édictés par le Congrès de la Soummam est nuisible à la société…» Les 7 élus sont issus respectivement du FFS, FLN et RND. Paradoxe ? À chacun de faire sa propre lecture. Quant aux facteurs exogènes, ils sont multiples mais tous appuient la thèse de la pauvreté et le faible développement de la commune. En effet, les infrastructures nécessaires à l'épanouissement de la jeunesse sont presque inexistantes. Seul un stade d'une dimension villageoise dont les documents officiels approuvés comme étant d'une dimension communale est offert aux jeunes. Sinon, il n'existe ni bibliothèque, ni salle de lecture ni cybercafé. Il était question de construire une maison de jeunes. Cependant, dès la fin des travaux de terrassement de la surface devant accueillir la plate-forme, ce fut la fin du chantier, donc du projet. «Le projet en question, souligne Mohand Youcef, a fait l'objet d'une délocalisation et a été transféré ailleurs». Concernant l'activité lucrative au profit des jeunes, elle tient plus tôt de la littérature que d'autre chose. En effet, dans le cadre du programme des 100 locaux commerciaux par commune en faveur des jeunes, Taourirt Ighil n'a bénéficié que d'une quarantaine de locaux. La question se pose alors : que sont devenus les 60 autres locaux? Dans le cadre du plan du contrat de formation et d'insertion lancé par le gouvernement, la commune de Taourirt Ighil n'a pu arracher que 10 postes de travail au profit de ses jeunes alors que le quota en la matière pour les autres communes de la wilaya varie entre 200 à 300 postes. Mais toujours est-il que la wilaya de Béjaïa a réussi à débloquer 24 postes budgétaires destinés au fonctionnement administratif de l'APC de Taourirt Ighil. Là encore leur répartition semble avoir suscité des mécontentements puisque la compétence et le besoin réel de l'emploi ne semblent pas avoir été les critères essentiels des recrutements opérés par les responsables de l'APC. En tout cas, le porteparole du aârch de Tizi El-Korn accuse les 7 élus d'impartialité dès lors « qu'ils ont octroyé les 24 postes d'emploi à leurs propres connaissances et dans le secret le plus absolu ». Même les innocents écoliers de Tizi El-Korn n'échappent pas au manque et à la disette. Des onze classes de l'école qui, jadis, accueillaient les chérubins, il n'en reste plus que trois. Les 8 autres ont été démolies par un bulldozer. Les autorités ont décidé de reconstruire une nouvelle école puisque l'ancienne a suffisamment subi les affres du temps. Cependant, faute d'espace la reconstruction a été décidée sur le même site. Hélas, un coup de gaudi du géant d'acier mal orienté a déstabilisé les fondations de l'une des trois classes restantes. Et au-delà du danger pesant constamment sur les élèves suivant les cours dans cette classe en question, un autre problème et non des moindres s'est posé pour l'ensemble des élèves et leurs enseignants. En effet, faute de classes en nombre suffisant, l'ensemble des élèves fréquentant cette école sont obligés de se partager l'espace des 3 classes. Par conséquent, pour que chaque élève ait droit à sa part de savoir, les cours sont donnés pendant 6 jours sur 7. Seul le vendredi est retenu comme journée de repos. Durant les journées de travail, les cours ne se terminent pour certains qu'à partir de 18 h. Afin d'essayer d'apporter des éclaircissements sur toutes ces questions et obtenir la version de l'APC, nos tentatives répétées auprès des élus ont été vaines…