11 Mai 2010, El Watan Six personnes ont été placées sous mandat de dépôt dans le cadre de l'affaire de corruption qui a éclaboussé la société sud-coréenne Daewoo, à Jijel. La décision a été prise tard dans la soirée de dimanche dernier, alors que trois mis en cause sont actuellement considérés en fuite. Le magistrat instructeur près le tribunal de Jijel a, à l'issue de plus de six heures d'audition, mis sous mandat de dépôt six personnes inculpées, entre autres, pour association de malfaiteurs, corruption, usurpation de fonction et d'identité et escroquerie. L'affaire concerne un marché d'élargissement de la digue du port de Djendjen, obtenu par la société Daewoo, en septembre 2009, pour un montant de 12 milliards de dinars, et qui aurait recouru à la corruption pour débloquer l'Ordre de service (ODS), nécessaire pour le lancement des travaux. L'enquête des services de police a permis l'arrestation de six personnes, qui auraient joué le rôle d'intermédiaires en contrepartie de la somme de 18 millions de dinars, dont une partie aurait été encaissée. Parmi les mis en cause, une femme occupant le poste d'administrateur au niveau du secrétariat général du gouvernement (SGG), un ex-capitaine du Groupe d'intervention spécial (GIS), un policier en fonction à Alger, deux gérants de deux bureaux de consulting financier (domiciliés à Alger) et le chargé de la sécurité à l'Institut national d'équipement de formation. Le juge a mis en liberté le Coréen représentant de Daewoo, lequel avait été entendu hier, puis libéré, après avoir bénéficié du statut de victime. Trois autres mis en cause, un émigré, un avocat et une femme, sont actuellement en fuite. L'affaire a fait l'effet d'une bombe à Jijel, même si la majorité des inculpés est en fait d'Alger. Selon des sources proches du dossier, la société Daewoo a été mise devant une situation de blocage injustifiée, qui l'a poussée à recourir à des intermédiaires. C'est ainsi que des personnes se présentant, pour certains, comme fonctionnaires de la Présidence, pour d'autres, comme officiers du DRS ou agents d'administration, ont profité de la situation pour lui extorquer de l'argent en lui promettant de lui faire obtenir l'ODS. D'ailleurs, hier devant le juge, le représentant de Daewoo avait présenté les contrats qu'il aurait fait signer aux intermédiaires portant pour certains d'entre eux de fausses identités. En fait, le pot aux roses aurait été découvert à la suite d'informations anonymes faisant état de malversations dans l'octroi du marché de l'élargissement de la digue du port de Djendjen. L'enquête de police a finalement abouti à une affaire d'escroquerie et de corruption, dont les mis en cause ont été présentés devant le parquet de Jijel, dimanche dernier. Pour l'instant, le dossier n'a pas livré tous ses secrets, d'autant qu'à ce stade de l'enquête, la société coréenne se présente toujours comme « une victime d'une escroquerie » et non pas comme corruptrice, tel que retenu par l'accusation.