El Watan, 11 juin 2010 La situation risque de dégénérer à l'avenue de Roumanie, située en plein centre-ville de Constantine, deux mois après l'opération de relogement de 690 familles vers la nouvelle ville Ali Mendjeli. Hier matin, un important dispositif de la police a été déployé sur les lieux pour déloger, par la force, des dizaines de familles ayant investi ce quartier, depuis samedi dernier, pour protester contre leur exclusion de la liste des bénéficiaires. Ces familles, expulsées de leurs maisons depuis le 8 avril dernier, ont décidé d'entamer une grève de la faim pour dénoncer « l'injustice des autorités locales, qui ne semblent pas se soucier de notre situation », disent-elles, menaçant d'aller « plus loin dans leur action, si elles ne sont pas destinataires d'explications claires et nettes sur leurs recours ». Selon des témoins oculaires, une trentaine de personnes, dont 20 femmes, ont été conduites par la force au siège de la sûreté de wilaya pour être auditionnées. Par ailleurs, des sources proches de la sûreté de wilaya affirment que « les PV d'audition ont été établis à l'encontre de 13 personnes uniquement, dont 5 femmes ». Et d'ajouter que les concernés comparaîtront devant le procureur de la République pour troubles à l'ordre public. « La veille, nous avons installé des tentes pour que nos femmes et nos enfants y passent la nuit. Mais, nous avons été surpris, dans la matinée, par la présence d'un grand nombre de policiers venus nous demander de les enlever », affirment des protestataires rencontrés sur place. « Certaines personnes ont même été matraquées alors que des femmes ont été traînées par la force loin des tentes », disent-ils. Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, les membres du comité SOS Expulsion de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) disent être « choqués par la répression qui s'était abattue sur les familles. »