Des dizaines de familles espèrent retrouver leurs enfants alors que d'autres ont déjà fait leur deuil. Le phénomène de la harga n'est pas près de s'estomper. Ses conséquences, dont la disparition des candidats à l'eldorado incertain, continuent à alimenter les débats des Oranais. A Oran, quelque 160 candidats, qui ont vainement tenté de rallier l'autre rive de la Méditerranée, sont portés sur les listes des disparus. Leur sort est toujours inconnu depuis leur départ. Les avis sont multiples et divergents. Des dizaines de familles espèrent retrouver, un jour, leurs enfants tandis que plusieurs autres sont plus que convaincues que les leurs, partis vers d'autres cieux, sont incontestablement dans l'au-delà. En hommage à ces disparus, des prières de l'absent et du mort ont même été observées plusieurs fois dans plusieurs communes et douars. Ces prières ont été motivées par la dégradation de la situation des égarés de la mer, à savoir le repêchage, quasi fréquent, des corps au large des côtes algériennes. La harga est ce fait qui consiste à braver les dangers de la mer tout en bafouant les mesures radicales mises en oeuvre par les pouvoirs en charge de juguler le phénomène. Ce dernier a connu un recul notable, comparativement aux deux dernières années. Depuis le début de l'année en cours à ce jour, plus de 60 prétendants ont été interceptés pour tentative de quitter illégalement le territoire algérien contre 233 cas recensés en 2009. Dans l'ensemble des enquêtes diligentées, le chômage, le malaise social, le dénuement et l'absence des horizons heureux en sont la cause. Les grands titres écrivent: «Nombreux sont ces harraga qui vivent dans l'indigence totale» expliquant que «cela peut expliquer quelque peu la tendance». Mais, ce paradoxe brouille d'ailleurs, toutes les pistes aux enquêteurs et sociologues. Comment avancer l'élément de la pauvreté alors que des centaines de ces harraga peuvent s'offrir le luxe des embarcations permettant la traversée sans risque de naufrage ni celui d'être intercepté? «C'est là une question qui ne trouvera jamais de réponse», affirme-t-on. Conscients des tragédies rapportées par les médias, de nombreux candidats sont exigeants en commandant des embarcations solides leur permettant d'atteindre la destination voulue. Là est la première condition qui est posée avant la conclusion de toute transaction. «Ces deux clauses coûtent les yeux de la tête» avance-t-on. Cela dit, le phénomène n'est plus l'apanage exclusif des «gueux» des temps modernes. Car, parmi tant de vagues de harraga interceptés figurent des universitaires, des hommes, jeunes et même des femmes issues de familles de très bonnes conditions sociales. Pour leur part, les services de l'action sociale sont sur le qui-vive permanent en quête d'une petite information sur les personnes vulnérables en vue de leur sensibilisation et pourquoi pas, les prendre en charge socialement par des actions dégagées par les pouvoirs publics au profit des harraga. Plusieurs dizaines de dossiers, pour constitution de petites entreprises, sont à l'étude alors qu'une soixantaine d'ex-harraga ont été casés dans plusieurs secteurs. Ait Ouakli WAHIB