A l'instar du reste du pays, la wilaya d'Oran n'a pas été épargnée par la multitude de phénomènes qui frappent de plein fouet l'Algérie. Le mal est profond. Il s'est métastasé, hélas! Les émeutes qu'a connues, dernièrement, la localité de Gdyel sont-elles un avertissement? La sonnette d'alarme est tirée. A l'origine, le malaise social, la dégradation des conditions de vie et l'absence de perspectives. Les observateurs de la scène sociale redoutent la contagion. Deux décennies de disette et de jachère ont transformé des terres, pourtant fertiles en un immense désert aride. La décennie quatre-vingt s'est distinguée par les détournements et corruption. Tandis que la décennie quatre-vingt-dix a été marquée par la dégradation de la situation sécuritaire. Cette double période a été mise à profit par certains barons pour s'enrichir. Quant aux cercles défavorisés, ils ont plongé dans les abysses. Entre-temps, la classe moyenne a presque disparu. La terre n'est plus nourricière et la Sonatrach n'embauche plus. Les jeunes de plusieurs communes situées à l'est d'Oran, souffrent, au quotidien, le martyre. Les terres de Gdyel, tout comme celles de Hassi Bounif, Boufatis etc., étaient pourtant réputées pour leur vocation agricole. En dépit des efforts déployés, le fait est établi que la terre ne nourrit plus son homme. «Se comptent sur les doigts d'une seule main, ceux qui continuent, encore, à cultiver la terre», atteste-t-on à Gdyel. S'accrocher à la terre est synonyme aujourd'hui d'aventure. Le béton a envahi la quasi-totalité des fermes d'Oran, connues, jadis, pour l'abondance de leurs fruits et légumes. Conséquemment au démantèlement de plusieurs sociétés du secteur public, la situation a empiré. Des pères de famille se sont retrouvés au chômage et sans revenu. Les plus chanceux ont été embauchés comme agents de sécurité à la Sonatrach. La majorité, faute de diplômes, s'est retrouvée dans la rue. Ce sont autant de facteurs venus se greffer à la longue liste des déboires des Oranais. El Bahia est devenue Balia (ville Fanée). A l'instar du reste du pays, la wilaya d'Oran n'a pas été épargnée par la multitude de phénomènes frappant de plein fouet l'Algérie. Le mal est profond. Il s'est métastasé, hélas. Faute d'une correcte prise en charge, les jeunes sont livrés à la drogue, la consommation abusive de l'alcool et autres fléaux. Ces phénomènes font des ravages parmi la couche juvénile. Des interventions spectaculaires ont été opérées par les forces de sécurité. Les saisies, les arrestations, le démantèlement de plusieurs réseaux de trafic de drogue renseignent sur la gravité de la situation sociale. En outre, la délinquance a pris des proportions dangereuses. La prostitution, les agressions et les vols, en un mot la criminalité, s'est presque généralisée. Des maux révélateurs d'une société en plein désarroi. Oran tend à devenir l'épicentre de tous les fléaux. Devant les juges, les délinquants prétextent la misère sociale. On se défend tant bien que mal. Tout détail susceptible de tenir la route est, sur place, mis en exergue par les avocats de la défense. L'on a assisté plusieurs fois à des plaidoiries où des avocats de la défense justifiaient les actes de leurs mandants par le chômage et le désarroi. La drogue n'ayant pas réglé leurs problèmes, les jeunes sont passés à l'acte suivant comme celui de tenter des projets aux résultats incertains, la harga. Des jeunes, des moins jeunes, des femmes, mariés et célibataires, diplômés ou sans diplôme tentent l'aventure pour d'autres cieux. Plusieurs dizaines ont réussi la traversée alors que d'autres ont été interceptés tandis que quelque 80 harragas ont péri en haute mer. Les plages d'Arzew, Gdyel, Mers El Hadjadj se sont transformées en lieux de débarquement. Il a fallu attendre près de deux années, c'est-à-dire le temps que la situation pourrisse, pour que les responsables locaux et centraux daignent bouger en faveur des jeunes. Ces multiples phénomènes se sont greffés à la crise déjà très aiguë. Et pour conséquence, la confirmation du malaise et du ras-le-bol d'un marasme constant, ne s'est pas fait attendre. Le recours à la violence dans la rue, paraît plus qu'évident comme ultime recours, aux yeux des jeunes, blasés, pendant qu'on continue à colmater les brèches à coups de replâtrage.