Les côtes italiennes reprennent avec le ballet habituel des arrivées de barques d'émigrés clandestins. Ce sont les Annabis qui se sont distingués cette année en inaugurant à leur manière la saison estivale. Ni une ni deux, quelques jeunes ont décidé de prendre leur courage à deux mains et risquer leur vie dans l'espoir de rejoindre les côtes du continent européen. Le phénomène de la harga n'est donc pas près de s'estomper. Les candidats à l'eldorado incertain continuent de tenter leurs chances. Cet été encore, les harraga de Annaba ont décidé de lancer un assaut estival sur les côtes italiennes. Les gardes-côtes de la wilaya de Annaba ont intercepté 33 harraga le week-end dernier. Ces potentiels candidats à l'émigration clandestine sont tous originaires de la wilaya de Annaba. Agés entre 18 et 30 ans, ils étaient scindés en deux groupes: L'un, composé de 13 personnes, a été intercepté jeudi dernier sur la plage de Seraïdi à 20 km de Annaba suite à l'alerte donnée par les gendarmes. Le second groupe, constitué d'une vingtaine de candidats a été secouru par une patrouille de gardes-côtes alors qu'ils étaient en difficulté au large. De même que les gardes-côtes italiens ont intercepté de leur côté une dizaine de harraga algériens presque au même moment. Ils ont été arrêtés sur l'île de Sardaigne à bord d'une barque de fortune de type monomoteur. Le 20 juin dernier, quelque 160 candidats, qui ont vainement tenté de rallier l'autre rive de la Méditerranée, depuis les plages d'Oran sont portés disparus. Malgré les mesures radicales prises par les pouvoirs publics, les candidats à l'émigration clandestine persistent à braver les dangers de la mer. Selon certaines sources, le phénomène a connu un net recul comparativement aux deux dernières années. Depuis le début de l'année en cours, près d'une centaine de prétendants à l'émigration ont été interceptés pour avoir tenté de quitter le territoire algérien contre 233 cas recensés en 2009. Globalement, selon les enquêtes diligentées, le chômage, le malaise social et le dénuement expliquent en partie ce phénomène. Certes, nombreux sont ces harraga qui vivent dans la misère totale mais cela n'explique pas l'explosion du phénomène qui touche toutes les catégories sociales. Contrairement à ce que l'on croit, les harraga ne sont pas que des chômeurs, beaucoup ont un emploi, ils sont parfois même étudiants ou fonctionnaires. De plus en plus de femmes et d'enfants en font partie également. Quand ils sont interceptés sur la rive Nord, les harraga sont condamnés par les Européens en général à une interdiction de séjour de 3 à 5 ans, sans compter quelquefois, un mois à deux ans de rétention avant expulsion. Celui-là même qui a raté sa traversée ou qui a été refoulé par la police des pays européennes court le risque d'être condamné à 6 mois de prison ferme. Pour rappel, l'article 175 du Code pénal punit d'une peine allant de 2 à 6 mois d'emprisonnement et d'une amende de 20.000 à 60.000 DA les personnes qui tentent de quitter de manière illégale le territoire national. De 2005 à 2007, le nombre de harraga interpellés ne cesse d'augmenter. Ils étaient environ 335 à avoir tenté de fuir l'Algérie en 2005, et environ 1500 en 2007. Depuis 2006, le phénomène des harraga explose en Algérie. C'est devenu un véritable business pour les filières organisées et pourtant rares sont ceux qui réussissent à poser pied de l'autre côté de la Méditerranée.