Selon des documents Wikileaks, Bouteflika estime que « la France n'a jamais vraiment accepté l'indépendance algérienne » et tente de régler ses comptes avec l'Algérie « en appuyant le Maroc » « Un enfant ». « Il n'est pas ouvert ». « Il manque d'expérience ». Bouteflika n'est nullement tendre avec le monarque Mohamed VI qu'il accuse d'être une marionnette entre les mains des Français lesquels n'hésitent pas à instrumentaliser le Maroc contre l'Algérie pour déstabiliser un pays dont elle « n'a jamais accepté l'indépendance » chèrement et dignement acquise. Ces révélations de WikiLeaks, publiées vendredi 3 décembre dans la soirée par les quotidiens El Pais et Le Monde, viennent de prouver, s'il en est vraiment besoin, que le Maghreb est en proie à une grande instabilité à cause des incompréhensions et relations « froides » qu'entretiennent les dirigeants Algériens et Marocains. Pis encore, les pics de tensions entre le Maroc et l'Algérie ont nourri de graves crises diplomatiques qui ont failli dégénérer en guerre ouverte. D'ailleurs, selon des mémos diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks, Abdelaziz Bouteflika a fait part, à maintes reprises, à des interlocuteurs américains de son « aversion » pour le monarque marocain dont la politique hostile à l'égard de l'Algérie n'est en fait qu'une commande de Paris laquelle « n'a jamais vraiment accepté l'indépendance algérienne ». En 2007, lors de ses entretiens avec, l'assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l'antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, Bouteflika a clairement accusé la France de « tenter de régler ses comptes avec l'Algérie » en appuyant le « Maroc ». Ainsi, pour Alger, il est apparaît clairement que le conflit du Sahara Occidental n'est qu'un leurre « français » tendu par l'Elysée pour diviser le Maghreb et garder une influence malsaine dans cette région stratégique du monde. Dans ce sillage, Bouteflika fera savoir aux américains que les Français, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit » du Sahara Occidental. Et à ce sujet, il n'hésitera pas à déclarer que « si je pouvais résoudre le problème je le ferais ». « Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis », a-t-il tranché. Ce qu'il faut, c'est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l'aide des Américains », aurait ajouté Abdelaziz Bouteflika. Selon d'autres mémos diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks, en février 2008, après un entretien avec un diplomate américain, Abdelaziz Bouteflika a jugé qu'au lieu de faire preuve d'une approche « élégante » en acceptant une indépendance du Sahara occidental, qu'ils auraient pu « contrôler » ou « superviser », les Marocains souhaitent en réalité « un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït ». Mais contrairement à ce que laisse croire ce tableau noir dressé par les coulisses de la diplomatie, les Algériens et les marocains peuvent s'entendre quelques fois. Pour preuve, le frère de Mohamed VI, Moulay Rachid est, apparemment, très apprécié par Abdelaziz Bouteflika avec lequel il affirme avoir »plaisanté et discuté agréablement » lors d'une rencontre à Séville, en Espagne, selon un autre mémo américain. Malheureusement, les plaisanteries ont leurs limites et les clés du Makhzen ne sont pas détenues par Moulay Rachid. Et en attendant des jours meilleurs, le Maghreb continue à patiner dans ses divisions et ses crises de désespoir… Abderrahmane Semmar