EXPULSION DE FAMILLES EN ALGERIE Le rapporteur spécial de l'ONU saisi Le Soir d'Algérie, 22 décembre 2010 Le Centre de recherches et de publications sur les relations entre le Tiers- Monde et l'Europe (CETIM) a saisi le rapporteur spécial sur le droit au logement sur les expulsions forcées de familles en Algérie. La partie plaignante demande une enquête sur le respect de l'Etat algérien de ses engagements internationaux. Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Des institutions étrangères semblent se préoccuper de la situation des familles algériennes expulsées, au moment où, visiblement, les autorités algériennes cultivent le silence sur ce sujet. Le porte-parole du comité SOS Expulsion de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a dénoncé, hier, lors d'une conférence de presse, sur les cas des familles expulsées de chez elles, le silence des autorités concernées. «Nous avons saisi tout le monde pour tenter de trouver une solution à ces familles et jusqu'au jour d'aujourd'hui, nous n'avons reçu de réponse d'aucune partie», a dénoncé Salmi Hakim, porte-parole dudit comité. «Les institutions étrangères sont plus à l'écoute de nos préoccupations», a-t-il encore indiqué. En effet, le Centre Europe/Tiers-Monde, qui a été saisi par le comité SOS Expulsion, a saisi à son tour le rapporteur spécial sur le droit au logement, pour mener une enquête afin de vérifier si le gouvernement algérien se conforme à ses engagements internationaux en matière de droits humains, en particulier les deux pactes internationaux relatifs aux droits humains. Selon un jeune expulsé venu témoigner, l'Etat algérien a bafoué la loi 507 bis du code civil qui interdit l'expulsion de toute personne âgée de plus de 60 ans. D'ailleurs, les nombreuses familles venues témoigner se demandent «comment d'un côté l'on a voté une loi pour la protection des personnes âgées et de leur l'autre on ne les protège pas contre les expulsions». «Ma mère, ce ne sont pas ses enfants qui l'ont jetée dehors mais l'Etat», a dénoncé ce jeune. Il ne se passe pas un jour sans que des familles se retrouvent à la rue du jour au lendemain, rappellera le porte-parole du comité SOS Expulsion. Le comité a recensé depuis juillet 2009 près de 702 cas de familles expulsées dont 500 en 2010. A ce jour, seuls deux cas ont été réglés. Ces familles lancent un ultime appel de détresse aux autorités afin de trouver une solution définitive à leur problème. Parmi ces familles, rappelle- t-on, de nombreux enfants et malades s'apprêtent à passer la saison hivernale sous des tentes.