Ils ont froid, ils ont peur. Ils demandent juste un toit! Plus de 500 familles ont été expulsées de leurs domiciles au cours de cette année qui prendra fin dans quelques jours. Ils sont une soixantaine en ce début d'hiver glacial. Plus de 700 est le nombre de familles qui a été recensé depuis juillet 2009. Au-delà de la réalité simpliste que donne à voir ces chiffres, c'est la complexité de ce drame qui concerne des milliers de personnes qui est «étourdissante». «On nous a déchus de nos droits civiques et civils», indique Mounir, jeune animateur à la Radio nationale. S'exprimant lors d'une rencontre organisée, hier, par le comité SOS Expulsions au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme à Alger, ce jeune homme pointe du doigt les responsables au niveau des APC. «Que font nos élus locaux? (pour régler ce problème Ndlr)», tonne-t-il. Il habitait à Kouba avec sa mère, alors âgée de 78 ans, quand ils ont été «jetés à la rue». «On nous expulsés avec de faux documents. Et puis la loi stipule que c'est interdit d'expulser des personnes âgées de plus de 60 ans», s'indigne-t-il. «On veut juste que les lois de la République soient appliquées», ajoute-t-il. Mounir rappelle, à ce titre, que l'article 58 de la Constitution algérienne stipule que l'Etat est dans l'obligation de protéger la famille. Outre l'article 507 bis du Code civil qui interdit l'expulsion des personnes âgées de plus de 60 ans, Hakim Salmi, porte-parole du Comité SOS Expulsions a évoqué, quant à lui, les pactes et les conventions internationales consacrant le droit au logement décent. Des traités que l'Algérie a pourtant ratifiés mais qu'elle peine à appliquer sur le terrain. M.Salmi a indiqué, au cours de son intervention, qu'une lettre a été adressée par le Centre Europe-Tiers-Monde (Cetim) au rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à un logement convenable faisant état de l'aggravation de la situation des familles vivant dans une précarité totale en Algérie. En retirant de son cartable un volumineux dossier, Mounir expose devant les présents les articles de presse qui ont été publiés sur ce phénomène, mais aussi les différents jugements concernant son affaire qui traîne toujours en longueur. «J'ai demandé de voir la présidente de l'APC de Kouba, mais on m'a refusé la demande», précise-t-il Mais Mounir est loin d'être une exception. Il ne fait pas partie aussi d'une petite minorité. Au cours de cette rencontre, un jeune psychologue expulsé de son domicile depuis près de quatre mois, prend aussi la parole. «Je vis avec ma petite famille dans un magasin», raconte-t-il. «J'ai deux filles qui sont très studieuses, mais maintenant je sais que ça ne sera plus le cas», explique-t-il. Plusieurs familles menacées d'expulsion avaient rendu visite à la Laddh pour déposer leurs dossiers. «Le nombre de familles expulsées ne cessent d'augmenter», fait constater M.Salmi. «Hier, des familles ont été expulsées à Tizi Ouzou, d'autres dans la banlieue est de la capitale et là, comme vous voyez, ces femmes sont venues de Blida pour déposer leurs dossiers», poursuit-il. Certains intervenants avaient abordé l'influence de la mafia du foncier en Algérie. «Il ne faut pas compter sur nous lors des prochaines élections», lance un autre. Depuis la création de ce comité, des rencontres sont organisées périodiquement. «Chaque année on dit la même chose», murmure un jeune homme. Cela n'est pas tout à fait faux. Depuis des années, rien n'a changé. Même avec le programme de logements qui sont annoncés par les responsables lors de chaque sortie médiatiques.