«Notre position est naturelle. Le président du parti c'est qui ? C'est Abdelaziz Bouteflika. Pourquoi voulez- vous qu'on aille chercher ailleurs, un autre candidat ? Cette déclaration de Belkhadem, patron effectif du FLN, jusqu'à preuve du contraire, est réellement significative de ce qui doit l'agiter depuis un certain moment. Elle a été faite lors d'une conférence de presse du 25 décembre, au Siège du FLN. Il a voulu, lors de cette rencontre avec la presse, rectifier une déclaration précédente qui n'a pas dû lui valoir que des congratulations. Il y avait dit en effet que c'est Bouteflika qui serait le candidat du FLN, aux présidentielles de 2014, si Dieu lui prêtait vie. Il a dû se faire sérieusement rabrouer, puisqu'il a tenu à corriger sa déclaration, voire à la démentir, alors qu'elle a été enregistrée par des journalistes. Mais au FLN, on n'en est pas à son premier mensonge éhonté. Il a donc dit aux journalistes que ses voeux de bonne santé aux président ne voulaient en aucun cas dire que celui-ci était malade, mais qu'il avait tout simplement évoqué Dieu pour lui, et qu'il avait dit « si Dieu NOUS prête vie », en parlant de lui même, et non pas « si Dieu LUI prête vie » comme cela avait été rapporté. Mais bon! Toutes ces circonvolutions sont bien dans la nature du FLN et de ses dirigeants. Depuis le temps qu'on les connait. En fait, dans l'esprit de Blekhadem, comme dans celui de beaucoup de gens du sérail, Bouteflika ne serait certainement pas au rendez-vous de 2014, puisque sa santé serait plus que défaillante. Il est donc question pour Belkhadem, et urgent, de conjurer les candidatures de ses principaux rivaux, dans sa tête du moins, Ouyahia et Saïd Bouteflika. Ce grand stratège croit donc avoir trouvé la panacée pour le choix du futur candidat: Ce sera celui qui dirige le FLN qui sera le futur président. Une option comme une autre. Après celle de l'officier le plus ancien au grade le plus élevé, pourquoi pas ce nouveau critère, même si toute despotique qu'elle soit, la République algérienne, démocratique, et populaire(ouf) a plus d'un parti politique. Elle en a même de tous les genres, depuis les Trotskystes jusqu'aux islamistes, en passant par toutes les gammes boulitiques. Donc Belkhadem pense qu'il faut qu'il s'accroche de ses quatre pattes, de toutes ses griffes et de toutes dents au FLN, pour être au bon endroit, au bon moment, lorsque Bouteflika rendra son acte de naissance en même temps que sa carte du parti. Il faut qu'il soit aux commandes du FLN au moment où son président adoré se rendra à la dernière convocation. C'est lui qui serait naturellement the candidat. Bien sûr ! Et il y a fort à parier que certains farceurs galonnés, qui ont déjà usé la ficelle avec l'affaire Benflis, ne l'aient encouragé à se mettre dans le strating block, où il n'y aurait avec lui, le fier étalon, que des lièvres, pardon, je voulais dire des lapins, ramenés du club du même nom. Mais le problème, cher Monsieur Belkhadem, est que ceux qui décident qui sera le fier étalon sont déjà en train de discuter l'option de choisir celui qu'ils mettront à la vitrine avant 2014. Parce que ce sont des gens prévoyants, et qu'ils ne veulent surtout pas être pris au dépourvu. Et donc, cela fait des mois qu'ils tentent de se mettre d'accord, pour savoir qui de Oui-yahia ou de P'tit Saïd prendra le train avant qu'il n'entre en gare. C'est à dire avant la fin du mandat actuel. Et leurs dicussions sont on ne peut plus amicales. Il n'y a pas de couteaux tirés, ni de revolver sur la table. Il palabrent gentiment, en Gentlemen de l'esbroufe électorale, un art qu'ils pratiquent avec un rare talent. Puisqu'ils ont toujours su, à l'avance, qui sortira des urnes. Ils ne se sont trompés qu'une fois, et ils ont annulés ces élections qui ont osé les contredire dans leurs pronostics. Maintenant, ils jouent sur du velours. Ils se permettent même de taquiner les circonstances, de temps en temps, comme le chat avec une souris, avant de la croquer, en lâchant des ballons sonde, via un parti encore plus bidon que le FLN, et dans des journaux aussi sérieux que n'importe quel journal en Algérie. Juste pour voir, pour tâter le schmilblick. Et ils s'amusent tellement qu'ils ont demandé au président de ce parti de déclarer, au même journal, dès le lendemain, qu'il était un mythomane dont l'imagination débordante lui échappait souvent, comme de la vapeur d'une vielle cocotte minute. Et le journal, aussi sérieux et professionnel que tous les journaux en Algérie, a repris ce démenti illico presto, toujours à la Une. Donc, cher Monsieur Belkhadem, vous qui êtes si sagace, puisque vous avez réussi à rester sur le dessus du panier depuis si longtemps, vous devriez revenir à plus de raison, et continuer à jouer devant le pas de votre porte.