En ma simple qualité de citoyen engagé et profondément inquiet pour l'avenir et le devenir de l'Algérie, deux principes avaient marqué ma décision d'être un des membres fondateurs de la structure initiale de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD): 1- Rencontrer et se réunir avec d'autres Algériennes et Algériens, toutes tendances confondues, dans l'esprit de l'écoute, de l'échange, du dépassement des clivages et préjugés. 2- Se définir clairement un objectif commun et s'unir pour l'atteindre ; Celui d'une rupture définitive avec le Régime politique militaro-civile et toutes ses formes de réincarnation permanente à travers un pouvoir devenu un danger réel contre la société, l'Etat, le développement socio-économique du pays et l'avenir de l'unité nationale. J'étais honoré de rencontrer, de réfléchir et d'agir avec d'autres compatriotes qu'ils soient autonomes, syndicalistes, associatifs ou partisans. J'ai beaucoup appris de tout un chacun malgré les différences idéologiques ou des modes d'action. Par honnêteté intellectuelle et par devoir d'information afin de dissiper toute lecture étriquée ou manipulation délibérée, je me dois de préciser les points suivants : 1- Lors de sa création, la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie, était conçue comme un cadre opératoire pluriel et citoyen. Son point de départ était le peuple et sa finalité était un changement radical du régime politique en Algérie. 2- Au fur et à mesure de son évolution, la CNCD s'est vue tiraillée dans le contenu comme dans l'action, de l'extérieur comme de l'intérieur, par deux courants majoritaires et un troisième minoritaire : a) Celui apolitique dans le sens d'affiliation, se disant de la société civile et refusant toute marque partisane. b) Celui dit de militants aussi bien associatifs que partisans. c) Celui défendant le corps de la Coordination loin des subjectivismes et qui se dit fédérateur et appelant à un élargissement de la CNCD. Les divergences et un peu plus tard la division s'entendaient et se lisaient dans les médias et les prises de position se voyaient sur le terrain de l'action. Des débats, souvent passionnés, ont essayé de dissiper les différends et maintenir l'union mais la force de l'endoctrinement des uns et « les préjugés », « manque de confiance » et la volonté de « démarcation » des autres ont fait échouer les tentatives de la troisième voie fédératrice que j'ai modestement défendue avec quelques autres membres. A la rencontre d'évaluation-Actions du mardi 22 février 2011 et après cinq heures de débat, les deux courants campaient toujours sur leurs positions. Le prétexte était l'organisation ou non de la marche de samedi 26 mais la raison profonde était de nature politique liée à la présence et au rôle des partis dans cette Coordination ainsi qu'aux logiques et sensibilités des autres composantes. La conclusion, comme annoncée franchement et publiquement à la presse nationale, était la division de la structure-mère en deux coordinations. Un travail collectif de cette ampleur impliquait l'attachement à l'idéal partagé et imposait l'ouverture, la tolérance et la concession quant aux idées et décisions collectives. D'où la nécessité d'une réinvention du politique et de l'action citoyenne. Considérant la gravité de la situation du pays et respectant les volontés de l'ensemble des membres des deux Coordinations, je les invite fraternellement à faire de cette « scission » une plus-value de diversité qui sera actionnée dans le seul sens du changement et de la démocratie et non un renforcement du pouvoir par l'éclatement et l'éloignement de notre but commun. Mes convictions et positions explicites et affichées depuis longtemps m'interdisent de cautionner la division entre compatriotes quelques soient les raisons évoquées. Par conséquent, je me refuse toute lutte fratricide, exclusive, régionaliste, sectaire, partisane, culturelle, religieuse et/ou d'intérêts. Pour ces motifs, je démissionne officiellement de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie, les deux courants confondus, et continue à lutter politiquement et intellectuellement pour un changement radical dans mon pays. J'agis et soutiens, par ailleurs et sans réticence aucune, toute idée, initiative ou action s'inscrivant clairement dans cette perspective. Tout sens commun, toute action politique citoyenne et toute volonté de puissance visant un changement démocratique radical doivent naître et évoluer dans les entrailles de forces nouvelles au sein du peuple. Car les crises cruciales que vit l'Algérie sont dues, de mon point de vue, aussi bien à la nature du régime archaïque et de son pouvoir despotique et corrompu qu'à nos structures mentales et psychologiques. Ce qui nous oblige, en réalité, à réussir une double révolution structurelle : La mise en place d'un Etat institutionnalisé moderne, la formation d'une société plurielle et tolérante et d'une deuxième République Algérienne et citoyenne. Fodil Boumala Lectures: 56