Salim Rabia, Maghreb Emergent, 05 Juin 2011 A Al-Maquaria (ex-Leveilley), quartier populaire de la circonscription d'Hussein-Dey (Alger), c'est de nouveau la tension et le face à face entre des centaines de jeunes et les forces antiémeutes. Des affrontements ont eu lieu. Les habitants s'attendent à une nuit chaude. La journée du dimanche était celle de toutes les attentes et de toutes les appréhensions. Une trentaine de jeunes du quartier condamnés en première instance à des peines deux à trois ans de prison à la suite des incidents qui ont émaillé le match RCK-Nahd, le vendredi le 20 mai dernier. Les jeunes du quartier qui estiment être tombés dans un guet-apens dressé par les koubéens étaient déjà sortis après le jugement dans la rue pour bloquer la voie. Ils comptaient la fermer « le temps qu'il faut » pour obtenir la libération des détenus. La nuit du jeudi 27 mai a été particulièrement agitée. L'intervention de l'imam de la mosquée, le lendemain, avait calmé momentanément les esprits. L'imam promettait «d'agir » avec un groupe de sage. Certains membres des comités de soutiens à Bouteflika sont réapparus pour promettre aux parents des détenus que les choses « allaient s'arranger ». Tous le monde attendait le procès en appel pour ce dimanche. Le jugement est tombé. Quatre jeunes prisonniers qui devaient passer leur baccalauréat sont élargis. Pour les autres détenus, l'affaire a été renvoyée au 19 juin. La décision a été reçue par les parents comme un coup de massue. A Al-Maqaria, les jeunes ont conclu que les promesses vagues d'une issue « heureuse » au cours du procès en appel sont fausses. Ils sont ressortis dans la rue pour bloquer la rue Boudjemaa Moghni. Les automobilistes ont été contraints de faire de longs détours par la cité Maya et lotissement Michel pour aller en direction de l'est de la capitale. Les policiers sont intervenus pour repousser les protestataires vers le haut du quartier. La nuit va être longue Un face à face tendu avec des jets de pierres et des pneus allumés s'est installé. Pour les habitants du quartier, la justice a oublié de juger les autorités de Kouba « qui affirmaient que la sécurité serait assurée alors que les jeunes de Kouba préparaient le guet-apens ». Certains ne comprenaient pourquoi on avait élargi quatre jeunes « bacheliers » et maintenu en prison les autres. « Cela veut dire qu'ils vont les condamner le 19 juin afin que Bouteflika les gracie le 5 juillet. Mais ils jouent avec le feu, le 19 juin, c'est trop loin et la situation risque de se dégrader ». Sur le « terrain », les jeunes faisaient face à une distance étonnamment réduite aux policiers qui se protégeaient des projectiles avec leur bouclier. A Al Maqaria, on en veut à Kouba, à la ligue de football, à la justice… Et au journal Echourouk, accusé d'avoir grossi les évènements et d'être responsables des malheurs qui arrivent aux jeunes. C'est la faute à Echourouk ! Il suffit de citer le nom d'Echourouk pour que la colère s'enflamme et que de méchants noms d'oiseaux sortent de la bouche. Le « premier journal d'Algérie » a perdu des lecteurs entre Hussein-Dey et Al Maqaria. D'ailleurs, des fourgons de police se sont installés devant le siège de la maison de la presse de Kouba où siège Echourouk. A l'évidence la très forte animosité qui existe contre le journal n'est pas un secret pour les services de sécurité. « La nuit va être chaude » note un habitant du quartier qui ne comprend que l'on donne des prisons fermes à des jeunes qui n'ont jamais eu auparavant maille avec la justice.