Les médecins résidents, en grève illimitée depuis 100 jours, ne décolèrent pas. Ils sont même prêts à affronter une année blanche tant que la revendication principale liée à l'abrogation du service civil n'est pas prise en charge. Annoncée en grande pompe, ce jeudi, par Djamel Ould Abbès, la mesure portant sur l'adoption du nouveau statut des médecins résidents ne diminuera pas, pour autant, de la mobilisation et de la détermination des contestataires. Pour eux, le pouvoir peut mieux faire. «Le statut des médecins résidents figure dans notre plate- forme de revendications, et nous ignorons si le pouvoir a adopté ce même statut élaboré par les médecins résidents. Si c'est le cas, cette démarche est louable, mais insuffisante pour suspendre notre débrayage», précise le docteur Sahnoun, délégué et porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents d'Algérie (Camra). Le ministre de tutelle, qui a fait part, ce jeudi, de l'adoption officielle par le gouvernement du nouveau statut particulier des médecins résidents, note que ce statut concerne aussi les auxiliaires médicaux, notamment les anesthésistes et les réanimateurs. «Il s'agit là de la satisfaction d'une des principales revendications de ce corps médical», a-t-il indiqué, ajoutant que cela répond aux engagements déjà pris par son département ministériel envers les médecins résidents. Pour M. Ould Abbès, cela constitue l'aboutissement d'un «travail de longue haleine entre les ministères de la Santé, de l'Enseignement supérieur et des Finances». La réaction des résidents grévistes ne s'est pas faite attendre. Ils apportent un démenti catégorique quant à l'interprétation de leur action de protestation. Leur mobilisation, tiennent-ils à préciser, n'est pas d'ordre salarial mais beaucoup plus pour corriger une injustice commise envers les malades. «Notre action de protestation n'est ni un mouvement égoïste ni une manœuvre. Notre premier souci est la bonne prise en charge du malade et c'est pour cette raison que nous avons revendiqué un changement dans le fond du système de santé», note le Dr Sahnoun. A la question de savoir pourquoi les grévistes ne renoncent pas à leur action de protestation d'autant que le pouvoir a fait un pas en réglant la question du statut, le Dr Saoud répond que «tant que le pouvoir continue à tourner le dos à la principale préoccupation des résidents grévistes, à savoir l'abrogation de tous les décrets et lois relatifs au service civil, la grève ne sera pas gelée». «Cette mesure est discriminatoire et inutile. Nous voulons la levée de l'obligation et son remplacement par l'incitation», expliquent les contestataires, qui estiment que le pouvoir veut maintenir le système actuel de santé actuel et réfute l'idée de revoir le service civil ; le premier à faire les frais de cette politique n'est autre que le malade. «Le gouvernement avance le problème de la faisabilité sur le terrain et l'impossibilité de régler la question du service civil dans l'immédiat. Nous lui demandons alors d'initier un large débat sur le sujet en associant les acteurs de la santé et la société civile», affirme le porte-parole de Camra, qui ne comprend pas pourquoi l'on refuse d'écouter l'avis des résidents sur la question du service civil. Les grévistes revendiquent un moratoire ou, à défaut, un audit national pour faire le point sur l'état de santé… de la santé en Algérie. Nabila Amir Lectures: